A quel moment ces sacro-saints protecteurs des animaux – et donc du loup – prendront-ils aussi la défense de nos moutons ?
La célèbre locution latine peut être mise au goût du jour. Lorsqu’on entend certaines personnes, souvent les plus éloignées des régions concernées – nos amis bobos – dire que le retour du loup n’a que des aspects positifs, cela montre bien leur méconnaissance des problématiques des régions de montagne et de leurs habitants.
Au loup !
Je ne suis pas de ceux qui veulent d’emblée la mort du loup de manière indifférenciée mais, je me permets de relever quelques points qui posent problème. Premièrement, notre pays doit être traité de la même manière que les autres dans la gestion des prédateurs, en particulier du loup. Deuxièmement, il s’agit de sortir de la discussion idéologique ou émotionnelle et d’analyser objectivement la situation du loup dans notre pays. Troisièmement, la stigmatisation de ceux qui doivent supporter les conséquences de la présence des prédateurs doit cesser.
Les récentes discussions sur la situation de la Suisse dans la Convention de Berne sont, à mes yeux, surréalistes. 11 pays ont pu obtenir des réserves sur la protection du loup et la Suisse n’a pas droit au même traitement ? Quel que soit notre avis sur la question, il est intolérable que notre pays ne soit pas traité de la même manière que les autres au plan international. Nous ne devons pas, contrairement à ce que nous avons vécu dans d’autres dossiers, faire preuve de mollesse et de soumission face à nos «partenaires » étrangers. Qu’on fasse usage ou non de ces réserves est une question à trancher ensuite au sein même de notre pays mais, fondamentalement, nous avons le même droit que les autres à disposer de ces réserves.
Bilan raisonnable
Lorsque l’on parle du loup – mais aussi des autres prédateurs – les discussions s’enflamment et l’on est immédiatement « ami » ou « ennemi ». Nous devrions approcher cette question sans tabou, que ce soit dans la cohabitation ou dans l’abattage, et oser faire le bilan de la présence de ces prédateurs tant en termes de biodiversité qu’en termes économiques en considérant les pertes de l’activité pastorale face aux éventuelles retombées touristiques, et qu’en terme de sécurité, … Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas le droit de décider d’emblée que nous voulons soit l’abattage systématique du loup, soit le retour du loup simplement pour la beauté du geste sans en mesurer les conséquences et sans prendre les indispensables mesures d’accompagnement.
La raison du plus fort
Je me pose encore une question : à quel moment ces sacro-saints protecteurs des animaux – et donc du loup – prendront-ils aussi la défense de nos moutons ? J’ai fortement l’impression que cette question ne les intéresse pas…
Quant à la stigmatisation des populations concernées, combien de fois entend-on que les agriculteurs alpestres sont des fainéants qui ne sont bons qu’à toucher des subsides et à se plaindre de la perte de bêtes qui ne représentent pour eux qu’une simple manne financière. Cela revient à, d’une part, sous-estimer l’attachement du propriétaire à ses bêtes qu’il soigne et sélectionne avec attention et, d’autre part, à accepter que le travail de nos moutonniers soit réduit à néant en quelques minutes (je rappelle que se limiter à indemniser les pertes matérielles est très réducteur du préjudice subi). Si les défenseurs du loup veulent une cohabitation, il s’agit d’abord de ne pas prendre les habitants de nos montagnes pour des idiots ! Une vraie collaboration passe par la prise en compte des revendications de celles et ceux qui vivent vraiment la présence des prédateurs.
Au final, je pense que la place du loup, animal mythique et magnifique au demeurant, est dans un zoo ou dans une réserve naturelle délimitée mais, en aucun cas, partout et n’importe où dans nos montagnes où l’Homme et ses activités seraient relégués à la seconde place. Mais cette habitude de maintenir l’Etre Humain au centre n’engage évidemment que moi…
Yannick Buttet
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