Insensible à la discipline structurelle et financière imposée par les exigences de la concurrence, la BBC s’est fortement étendue, souvent de manière incohérente, gonflant les personnels, accroissant les couches de cadres aux titres impénétrables et multipliant les chaînes.
Comme la BBC, même si c’est à un niveau bien inférieur, la RTS a longtemps été considérée comme un modèle de sérieux et de compétences. Mais, tout comme celui de la BBC, le monopole de la RTS a évolué au cours des dernières décennies en une structure aussi grasse que gaspilleuse des ressources considérables qui lui sont accordées par ses clients, forcés par la loi d’assurer son financement. Il n’est pas inutile de traduire et de retenir les propos que Catherine Mayer, à l’origine d’un article consacré à la BBC il y a peu par Time Magazine à la BBC, réserve à la grande régie britannique, une régie qui selon la journaliste est en grande difficulté à cause de décennies d’incompétence managériale.
« En retour, écrit l’auteur, des largesses du contribuable-payeur, la BBC s’est fixée depuis toujours comme objectif de satisfaire les attentes de chacun, qu’il s’agisse d’information, de sport ou de divertissement. Cette mission avait du sens jusqu’au moment où la révolution amenée par le numérique aurait dû en redessiner les contours. Insensible à la discipline structurelle et financière imposée par les exigences de la concurrence, la BBC s’est fortement étendue, souvent de manière incohérente, gonflant les personnels, accroissant les couches de cadres aux titres impénétrables et multipliant les chaînes ».
Les Observateurs le savent bien, la RTS, qui a aussi connu des scandales de mœurs dévoilés récemment au sein de la célèbre institution britannique, souffre des mêmes maux qu’elle. Elle bénéficie d’un statut privilégié lui assurant un financement stable et généreux. Le quasi-monopole dont elle dispose a toujours conduit ses dirigeants à considérer qu’elle pouvait mettre en œuvre les politiques même les plus onéreuses pour « conserver, au nom du fédéralisme, son rôle et ses parts de marché en radio et en TV ». Forte de ressources incomparables et du soutien intéressé de toute la classe politique ou presque, elle a pris l’habitude de lutter contre ses concurrents privés comme le bulldozer aplatit les cailloux, leur laissant la portion congrue. Essentiellement en multipliant les stations sans considération pour la qualité discutable des principales d’entre elles, sans préoccupation pour leur audience, souvent infime, ni les doublons.
C’est ainsi qu’on compte actuellement en Suisse romande 2 chaînes de TV et 5 de radio, à quoi s’ajoutent les 5 programmes musicaux dits « nationaux ». En Suisse alémanique c’est pire encore puisque l’on y dénombre désormais 6 chaînes radiophoniques et 3 télévisuelles. Quant au personnel et à l’encadrement, comme les niveaux salariaux, ils n’ont évidemment jamais cessé de gonfler en conséquence.
Pour payer ces folies chaque ménage débourse chaque année Fr. 462,40. Jusqu’à quand ?
Pierre Kunz
En effet : http://www.lesobservateurs.ch/medias/la-poutre-dans-loeil-de-la-camera
Je suis surpris que vous écriviez que la RTS «n’a pas connu les scandales de mœurs dévoilés récemment au sein de la célèbre institution britannique». Il me semble au contraire que la comparaison s’impose justement aussi dans ce domaine! (Voir http://www.lematin.ch/suisse/faits-divers/personen/patrick-allenbach/s.html)