On sait que certains groupes non seulement socio-professionnels mais ethniques, religieux ou nationaux votent de manière spécifique et massivement commune. On comprend mieux pourquoi ils font l’objet d’une sollicitation toute particulière.
Une caractéristique importante de nombre d’élections présidentielles concernant des dizaines, voire des centaines de millions d’électeurs: le résultat de ces élections peut se jouer à quelques dizaines ou centaines de milliers de voix. Une très petite partie d’un électorat national peut faire basculer le résultat d’un côté ou de l’autre. On se souvient du cas de la réélection de G.W. Bush et du temps qu’il a fallu pour déterminer qui était le vainqueur, tant les scores étaient proches.
Une petite partie de l’électorat? En plus, on sait que certains groupes non seulement socio-professionnels mais ethniques, religieux ou nationaux votent de manière spécifique et massivement commune. On comprend mieux pourquoi ils font l’objet d’une sollicitation toute particulière.
L’exemple de la France
Ce n’est pas que par pur esprit de solidarité et de générosité que la gauche française veut une «avancée » sur le droit de vote des immigrés et faciliter encore davantage les naturalisations
( il suffit de naître en France pour devenir français, et la naturalisation est pourtant déjà assez aisée),alors que le droit du sol est de plus en plus contesté. La droite a tenté d’enrayer ces
« avancées ».
Ces thèmes politiques ne sont nullement d’une urgence absolue, en regard des problèmes et économiques et sociaux. Ils sont en revanche très intéressants du point de vue électoral. Lors la dernière présidentielle, la plupart des composantes de l’immigration ont voté massivement pour les socialistes, ce taux atteignant même, selon un sondage de la Sofres, 93% pour les Français musulmans.
Tant qu’une partie non négligeable de la population est favorable à des projets comme par exemple l’homoparentalité, l’adoption par des couples homosexuels, un avortement facilité et largement remboursé, même si le vent est en train de tourner sur ce genre de question, le résultat politique espéré n’est pas nul. On peut même postuler que le fait de politiser de tels thèmes, de les amener dans l’espace public, retiendra automatiquement l’attention des médias et que ces derniers se feront un plaisir d’organiser des « débats vifs » sur ces sujets. Ces polémiques et empoignades médiatiques permettront à la classe politique et médiatique « progressiste » et aux journalistes, massivement de gauche, de faire passer, à longueur d’émissions, les opposants à ces « ouvertures » et « avancées » comme « passéistes », « réactionnaires », « fixés sur le passé », « incapables d’évoluer avec leur temps », quand les critiques ne sont pas encore plus dénigrantes. Il est toujours plus difficile de ramer à contre-courant quand ce dernier ressemble à un déluge.L'impact politique et médiatique du militantisme et du lobbying des minorités agissantes, insistantes et très déterminées est connu.
On peut travailler davantage à garder le pouvoir qu’à résoudre les problèmes élémentaires et quotidiens de la grande partie de la population dans la difficulté. Mais il n’est pas sûr que pour un chômeur les problèmes susmentionnés soient une priorité absolue. La baisse spectaculaire de la côte de popularité de la gauche, à peine au pouvoir, pourrait en être un signe.
Il va de soi que la gauche s’élèverait contre une telle interprétation, protestant de ses idées socialistes. Mais, en bons héritiers du marxisme, ils devraient savoir que l’économie et le travail sont des facteurs déterminants pour s’assurer de la bonne marche d’une société au service des plus démunis. Il ne suffit pas de faire appel à un autre héritage du marxisme pour que les problèmes économiques se résolvent d’eux-mêmes: la haine des patrons et des riches.
Les dernières présidentielles américaines
Les communautarismes, anciens et nouveaux, l’ont emporté sur une Amérique traditionnelle, blanche, rurale, patriarcale, familiale, symbolisée par l’ère Reagan et Bush. Ici aussi des sondages indiquent que 93% des Noirs et 71% d’Hispaniques ont voté Obama. Un vote non seulement communautariste mais racialiste, selon une terminologie de plus en plus répandue. Lorsque Mitt Romney a eu le malheur de parler de la mentalité d’assistés, qu’il voulait combattre, cela revenait aussi à regretter la culture individualiste protestante qui cède le pas à l’attitude contraire qui compte précisément sur l’aide sociale de l’Etat. Ce clivage recoupe en partie la perte d’influence du protestantisme. Un phénomène que l’on retrouve dans bien des pays d’immigration européens, donc aussi en Suisse, et dont les répercussions politiques et électorales ne sont encore que peu étudiées.
On peut alors de se demander si ce glissement de l’ancienne volonté d’assimilation et d’intégration des immigrés vers diverses formes de communautarismes, ne rend pas obsolète le terme même d’intégration, cela au moment même où la plupart des acteurs sociaux et politiques continuent à raisonner en termes de politiques d’intégration.
Ne s’agit-il pas là d’un désir, évoqué un peu naïvement et rituellement, plutôt que d’une volonté de se confronter concrètement à certaines réalités nouvelles qui montrent que cette volonté d’intégration, ne parlons même plus d’assimilation, n’est plus la préoccupation principale de nombre de nouveaux immigrés, et dont la plupart se situent déjà dans une logique communautariste, quand ils ne l’exigent pas.
Les élections annoncent davantage qu’un gagnant et un perdant.
Affaire à suivre.
Et vous, qu'en pensez vous ?