Dossier. Personne n’a dit que la Suisse était parfaite, et ce n’est certes pas le cas, mais sur les problèmes interculturels, nombreux sont ceux qui s’inspirent de nos pratiques, sauf apparemment certains experts, qui ne semblent y voir que xénophobie et racisme.Observer et être observé de manière critique oui, mais se laisser injustement et systématiquement accuser et blesser, non.
Des rapporteurs spéciaux nous examinent.
Comme d’autres pays, la Suisse doit régulièrement passer son Examen périodique universel (EPU) devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ainsi que devant le Commissaire européen aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe. C’était le cas tout récemment, le 29 octobre 2012, devant le Conseil susmentionné. Jusque-là rien que de très normal dans une logique d’acceptation du contrôle par des organismes internationaux.
Ici n’importe quel pays peut faire des remarques sur le respect des droits de l’homme et des droits fondamentaux dans tout autre pays, même les pays où le respect de ces mêmes droits est pour le moins problématique et c’est peu dire.
Qui dit que la Suisse est raciste? La Chine.
Ainsi a-t-on entendu la Chine dénoncer la montée du racisme en Suisse. Rien que cela! Pour un pays qui applique la serial peine de mort par centaines, sans doute beaucoup plus, et qui est, comme tout le monde sait, un pays foncièrement démocratique et ouvert à la contestation et qui ne réprime jamais des manifestations, c’est assez osé. En plus il semble que l’on procède à des prélèvements d’organes sur les condamnés à mort. On ne dit pas si c’est avant ou après l’exécution. Visiblement l’hypocrisie et le cynisme ne gêne personne.
On se souviendra aussi que la Libye de Kadhafi a occupé des fonctions dirigeantes dans ces organes internationaux des droits de l’homme. Ainsi de suite… Finirait-on par considérer cela comme normal? Mais avec quelle image pour ces organismes?
La législation sur l’asile a également fait l’objet de critiques, notamment à propos de la détention des mineurs et des renvois forcés. Jamais personne ne parle, en revanche, des abus et de la criminalité liée à l’asile. On ne cherche que des défauts par rapport à un idéal que personne n’atteint, ni surtout ceux qui l’exigent des autres.
L’Espagne: Egalité dans le travail! Encore faudrait-il qu’il y en ait.
L’Espagne vient souligner que la Suisse, qui a signé le protocole facultatif à la Convention pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes, connaît de nombreuses discriminations salariales en la matière. Sans bien sûr rappeler un seul instant les nombreux Espagnols qui ont trouvé du travail en Suisse et qui viennent aujourd’hui encore quotidiennement nous en demander puisque leur propre pays est incapable de leur en fournir, avec un taux de chômage de plus de 20%,voire de 50% chez les jeunes dans certains quartiers.
Bref la Suisse a bon dos.
Les pays africains s’inquiète de notre racisme
Certains pays africains se sont même inquiétés « de la montée du racisme, de l’intolérance et de la xénophobie en Suisse », alors que dans quelques pays africains certaines ethnies en ont massacré d’autres par centaines de milliers, ce qui à notre connaissance ne se produit pas en Suisse. Ces dénonciations sont toujours faites sans gêne et sans scrupule aucun.
Relevons que la dénonciation ci-dessus reprend quasiment mot à mot celle formulée six ans plutôt, en 2006, par «le rapporteur spécial» de l’ONU sur le racisme, Doudou Diène, qui après un séjour de 2-3 jours en Suisse et après avoir consulté de manière privilégiée certaines associations suisses luttant contre le racisme, était arrivé à la conclusion que « La Suisse connaît une situation de racisme, de xénophobie et de discrimination ». Très inquiet, il s’en était bien sûr ouvert aux médias suisses qui avaient relaté ses propos avec une fidélité exemplaire. A l’université des auditoires pleins à craquer étaient à ses pieds. J’ai même débattu avec lui à Neuchâtel, invités que nous étions tous les deux par une Association d’Africains, très ouverte, avec qui j’avais déjà travaillé sur la question de leur meilleure intégration à la suite d’un livre que j’avais publié sur le sujet (U.Windisch, Immigration , quelle intégration, quels droits politiques? Ed. L’Age d’homme, 2000). A l’issue de sa harangue je lui avais demandé s’il s’était déjà interrogé sur l’effet de ses propos inconditionnellement accusateurs sur notre population. A quoi il m’a répondu qu’il n’avait jamais pensé à cela mais qu’il était prêt à en débattre avec moi une prochaine fois, ce qui bien sûr n’a jamais eu lieu; le public présent l’aurait souhaité.
Ah! le vote sur l’interdiction de construire de nouveaux minarets.
Le thème accusateur envers la Suisse qui revient le plus souvent dans ces instances dits des droits de l’homme est celui de la votation populaire sur l’interdiction de construire de nouveaux minarets du 29 novembre 2009, qui a été largement acceptée par peuple suisse, par 57,5 % des votants. Sans revenir sur toutes les analyses possibles de ce vote et ses innombrables commentaires, tant nationaux qu’internationaux, les autorités suisses et les médias devraient aujourd’hui encore expliquer davantage pourquoi un tel vote a pu avoir lieu et ce qu’il signifie réellement, plutôt que de charger en chœur la population suisse. Il est clair que le minaret a été considéré comme un symbole du refus de certains aspects incompatibles de l’islam avec nos valeurs essentielles et ce refus ne peut être simplement associé à une vague sans précédent de racisme, de refus de l’Autre, etc.
Rappel: ce qu’est réellement le système politique suisse
Le système politique suisse de la démocratie directe est ainsi fait que tout peut être discuté par tous et que presque n’importe quel thème social et politique peut faire l’objet d’une initiative populaire. C’est là une de nos spécificités culturelles et politiques qui mérite tout autant le respect que toutes les autres diversités culturelles conformes aux droits de l’homme. Qui ne connaît pas notre système politique ne peut pas non plus comprendre que c’est par la discussion publique généralisée et constante que l’on arrive à résoudre les problèmes, même les plus délicats et « chauds ». Le fait de pouvoir ainsi discuter de tous les problèmes, quels qu’ils soient, qu’ailleurs on évite soigneusement de mettre en discussion, permet aussi d’abréagir les affects et les émotions et de trouver petit à petit des solutions acceptables par une large majorité de la population.
La Suisse a-t-elle aussi droit à son altérité?
Cela signifie aussi une profonde confiance dans la population, habituée de longue date à cette façon de résoudre les problèmes sociaux. Le fait de ne pas vouloir de nouveaux minarets n’exclut pas qu’en Suisse tout musulman peut et pourra toujours, très librement, pratiquer sa religion, avoir des mosquées; simplement, ces dernières n’auront pas de minaret, qui semble-t-il n’est même pas obligatoire dans la religion musulmane.
En Suisse on ne persécute, chasse et ne tue pas non plus des musulmans comme on le fait massivement avec les chrétiens dans certains pays musulmans.
Nous devons demander avec insistance le même respect envers nos pratiques que celui que revendiquent les autres cultures et religions de notre part. Il faut s’élever contre le fait que la moindre exigence d’adaptation ou le refus de valeurs totalement inacceptables pour nous soient immédiatement considérés comme du racisme, même si ce genre de phénomène existe chez nous comme ailleurs.
Certains nous grondent, d’autres nous envient
On peut être Commissaire européen aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe et ne pas vouloir accepter cette réalité, comme le fait Thomas Hammarberg quand il avance les propos suivants: « Je reconnais la valeur des droits démocratiques suisses. Mais le seul fait de poser la question des minarets lors d’un référendum contribue à stigmatiser certaines catégories de migrants et à renforcer les sentiments islamophobes » (Le temps, 24 .02.2012). Et de nous menacer d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme. Alors que c’est justement le contraire qui se produit chez nous grâce à la pratique référendaire. Pour comprendre cela il faut cependant s’intéresser réellement aux spécificités des Autres, de tous les Autres, même de nous Autres Suisses, plutôt que de se permettre de juger hautainement et moralement des pratiques qui ne font pas contre-effet, contrairement à des jugements rapides émis en méconnaissance de cause. Avec, au final, un autre risque, celui de provoquer le rejet de certaines instances internationales par la population suisse, population qui a pourtant une longue habitude de faire avec les diversités, depuis très longtemps, sans créer ni conflits graves ni guerres civiles, comme cela arrive dans bien des pays moins diversifiés que le nôtre. D’où la question que l’on me pose souvent quand je présente le système politique suisse dans d’autres pays plurilingues, pluriethniques, pluri-religieux: Pourquoi ne vous vous entretuez-vous pas avec toutes vos diversités?
Bien des personnes ordinaires comprennent cela, contrairement à certains rapporteurs spéciaux et autres experts internationaux. Etrange, non? Ou alors est-ce parce que l’on ne prend pas grand risque en critiquant la Suisse, même arbitrairement, ou parce que l’on ne supporte pas de voir un pays résoudre des problèmes qui ailleurs débouchent sur des scissions, voire des guerres. Personne n’a dit que la Suisse était parfaite, et ce n’est certes pas le cas, mais sur les problèmes interculturels, nombreux sont ceux qui s’inspirent de nos pratiques, sauf apparemment certains experts, qui ne semblent y voir que xénophobie et racisme.
Le refus de notre ordre constitutionnel
Les représentants de certains pays ont été jusqu’à demander la levée de l’interdiction de construire de nouveaux minarets, à la suite d’un vote des plus démocratiques: ainsi les USA, la Norvège, la Turquie, etc. Or ces pays devraient se rendre compte que leur demande est impossible, et baffoue notre ordre constitutionnel. Ils ne veulent pas non plus voir que cette interdiction ne s’applique pas à la construction de mosquée et qu’en rien elle ne limite la pratique religieuse des musulmans.
L’accusation d’islamophobie revient évidemment aussi, en boucle même, alors que l’utilisation démagogique de ce terme sert surtout à faire pression afin d’obtenir satisfaction sur tout un ensemble de revendications contraires à nos pratiques. Si tu me refuses ce que je te demande, même si c’est inacceptable pour toi, tu es islamophobe! La ficelle est un peu grosse. De même, la tentative de faire accepter dans les organismes internationaux le terme d’islamophobie comme une forme de racisme a comme but premier de faire condamner toute critique de la religion musulmane.
Des autorités qui défendent mieux la Suisse
Conclusion: nos autorités, tout en cherchant à montrer tout ce que la Suisse fait pour prendre au sérieux la lutte contre la xénophobie, le racisme, la restitution de fonds illicites de dictateurs, l’acceptation en votation populaire d’un article de loi contre le racisme(quel autre pays a fait approuver par sa population un tel article de loi?), qu’elle dispose d’un Centre de compétence pour les droits humains, etc., etc., devraient répondre beaucoup plus fermement à toutes les attaques injustifiées et chercher à faire mieux comprendre les spécificités de notre système politico-culturel. Car, à la longue, la répétition constante et systématique de critiques injustifiées et inacceptables finit par influer sur l’image globale du pays à l’étranger. Bien des acteurs internes y contribuent d’ailleurs aussi, avec une autosatisfaction et une arrogance tout aussi contreproductive. Parfaits point nous ne sommes donc, et nous cherchons toujours à nous améliorer, mais il faudrait éviter qu’excédée par des critiques infondées et répétées, la population finisse par réagir au moyen d’initiatives populaires nettement plus radicales, en demandant par exemple le retrait de la Suisse de certains organismes internationaux se complaisant dans ces critiques, ou par l’exigence de clauses de sauvegarde. Chaque pays, chaque citoyen, a droit à un minimum de respect, et ne peut supporter d’être constamment livrer à la vindicte internationale par des experts aveuglés idéologiquement.
Il faut encore rappeler ici que le système politique référendaire suisse est apprécié et souhaité par les populations de pays de plus en plus nombreux. Tout se passe comme si un nouveau fossé était en train de se créer entre des rapporteurs et experts spéciaux et la base de la population de nombreux pays, car pour poursuivre avec le cas de la Suisse, son image reste largement positive au niveau international dans la population de très nombreux pays. Observer et être observé de manière critique oui, mais se laisser injustement et systématiquement accuser et blesser, non.
Uli Windisch, 7 novembre 2012
En matière de droits de l’homme j’invite à lire le livre d’Esther! Il n’est pas long ni trop ardu! De plus il est instructif en matière de sécurité! Lisez! Et nous en parlerons après!
Très bon article qui met en évidence bien des soucis :
Celui des experts ne voyant plus qu’à travers le prisme de leur “cercle”, faisant souvent fi de l’évidence même.
Celui du clivage permanent entre ces derniers et le peuple, n’ayant presque jamais droit de cité dans les “médias” -> beaucoup nous envient notre système de “démocratie”, mais les experts le critiquent bien trop souvent.
Bref, on ne pose que trop rarement les bonnes questions, et ne donnons que trop peu la parole aux vrais intéressés.
Vous pensez que le rapport de la Commission fédérale sur le racisme, qui pointe du doigt certaines ONGs sur leur traitement discriminatoire à l’embauche, va être véritablement relayé par les média ?
Je me demande combien de personnes d’orgine étrange sont membre d’organes dirigeants d’ONG comme l’OSAR ou Amnesty 🙂