Iran: La Suisse au coeur de la capitulation occidentale ?

L’ambassade de Suisse à Téhéran, qui passe les plats gracieusement depuis des années pour des Etats-Unis qui le lui rendent bien mal sur d’autres terrains, aurait transmis une note secrète du Président Obama reconnaissant aux Iraniens leurs « droits nucléaires »…

Selon l'agence iranienne farsnews (FNA), notre ambassadeur à Téhéran, Livia Leu Agosti (à droite sur la photo), aurait rencontré de hauts responsables du ministère des Affaires étrangères iranien.

Selon Hossein Ebrahimi, vice-président de la commission de sécurité nationale et de politique étrangère du parlement iranien, «l'ambassadeur de Suisse à Téhéran », en préambule de la rencontre, au moment de soumettre le message secret des Etats-Unis, « a cité les mots mêmes du président américain disant que < nous (les Etats-Unis) reconnaissons vos droits nucléaires >. »

Lors du point suivant, toujours selon le même, la diplomate suisse aurait également cité le président Obama en ces termes: « Je ne voulais pas imposer de sanctions à votre banque centrale, mais n'avais pas d'autre choix que d'approuver la décision puisque le Congrès l'avait adoptée à la majorité. »

Ramin Mehman-Parast, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré dimanche dernier que l'Iran avait reçu un message concernant le détroit d'Ormuz (où transitent 20% de la production mondiale de pétrole) par trois canaux différents: Une lettre transmise par l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, à son homologue iranien, Mohammad Khazayee, la filière suisse et un message délivré par le président irakien Jalal Talabani.

Ces lettres font suite aux menaces iraniennes du mois dernier de bloquer le détroit et les exportations de pétrole en représailles des sanctions américaines et européennes relatives au maintien par l'Iran de son programme nucléaire.

Lesdites sanctions et la perspective de leur durcissement avaient provoqué une chute vertigineuse du Rial, la monnaie iranienne. Les Etats-Unis avait clairement signifié qu'un blocage du détroit d'Ormuz représentait le franchissement d' « une ligne rouge. »

Le général de brigade Hossein Salami, commandant des gardes de la Révolution islamique, a écarté les avertissements des Américains, précisant que l'Iran se passait volontiers de l'autorisation de quiconque pour disposer de son propre territoire: « Les Etats-Unis ne sont pas en position [...] L'Iran ne demande pas la permission de mettre en œuvre ses propres stratégies défensives. »

Côté américain, le général Dempsey a reconnu le potentiel de l'adversaire: « Ils ont investi dans des moyens qui pourraient, en effet, leur permettre de bloquer le détroit d'Ormuz pour un temps. »

De toute évidence, face à la toute-puissante Amérique, un brin de fermeté semblait suffire; un modèle pour la Suisse ?

6 commentaires

  1. Posté par La Rédaction le

    @ Bruno Pellaud,
    Vous voyez de l’anti-américanisme là où il n’y a que la relation d’une dépêche, laquelle fait part d’une réaction d’apaisement, somme toute pragmatique, des Etats-Unis dans le dossier iranien. Ce qui nous a paru relevant ici, c’est essentiellement le silence relatif quant à cette nouvelle.

    Le constat selon laquelle la Suisse est mal payée de ses services, notamment en termes de réciprocité dans les dossiers économiques et bancaires, n’est pas de notre fait et a été exprimé à diverses reprises dans la presse par des représentants du monde politique suisse.

  2. Posté par Bruno Pellaud le

    Avant de passer les plats, encore faut-il de pas être complètement à côté de la plaque. En l’absence de relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Iran, en accord avec ces pays, la Suisse assume depuis 1980 la représentation des affaires courantes américaines à Téhéran, et ceci jour après jour. C’est donc le rôle de l’ambassade suisse de passer les plats – dans un sens et dans l’autre, y compris les messages présidentiels. Il n’y a donc pas de quoi en faire tout un plat, surtout pas d’y ajouter une sauce antiaméricaine plutôt fade. Et puisque l’opération est purement administrative – un simple rôle de messager – le Département fédéral des affaires étrangères n’a manisfestement pas l’obligation de confirmer ou de démentir pour l’opinion publique suisse le contenu des missives échangées entre Washington et Téhéran.
    Sur le fond, le message du président américain semble confirmer son attitude à la fois ferme et constructive sur le dossier iranien, un dossier qui exige d’être abordé à un niveau quelque peu supérieur à ce celui de l’antiaméricanisme. Si ce dernier a toute sa jusification pour plusieurs dossiers qui dominent actuellement les relations americano-suisses, il faut se garder de l’aveuglement bien-pensant. Vouloir interpréter le rôle d’intermédiaure quotidien que joue l’ambassade de Suisse à Téhéran comme du lèche-botte envers les Etats-Unis, c’est ignorer les services rendus aux deux pays, et c’est mettre très maladroitement les pieds dans le plat.

  3. Posté par Tristan Irschlinger le

    A ceux qui désirent approfondir cette question de la crise nucléaire iranienne, sous un angle rarement rencontré dans les médias de masse, voici une série d’articles consacrée à cette thématique et intitulée “Qui a peur de l’homme perse? Déconstruction de la psychose autour du nucléaire iranien”. Deux jeunes analystes genevois tentent d’y déconstruire analytiquement la psychose actuelle autour de l’atome perse. Les articles peuvent se lire de manière successive ou séparément. N’hésitez pas à réagir et commenter!

    Partie 1 : http://www.jetdencre.ch/?p=683
    Partie 2 : http://www.jetdencre.ch/?p=754
    Partie 3 : http://www.jetdencre.ch/?p=809
    Partie 4 : http://www.jetdencre.ch/?p=855
    Partie 5 : http://www.jetdencre.ch/?p=988
    Partie 6 : http://www.jetdencre.ch/?p=1167

  4. Posté par La Rédaction le

    Après plusieurs rappels, la réponse du DFAE est tombée aujourd’hui:

    “L’ambassadeur de Suisse à Téhéran a, de par sa fonction, des rencontres régulières au Ministère iranien des affaires étrangères. Le DFAE ne communique pas sur le contenu des discussions.”

    Ce qui s’appelle, en jargon journalistique, “ne pas démentir”.

  5. Posté par La Rédaction le

    Le DFAE n’a toujours pas démenti, nous avons posé la question, nous attendons la réponse.

  6. Posté par Samuel le

    L’agence Farsnews est un organe bien connu de la propagande du régime iranien et une telle “information” ne méritait certainement pas un article…

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