La Suisse… “débile”, dixit Cohn-Bendit. Un peu cohn?

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Piquant. Le voilà aujourd’hui qui court derrière tous ceux qui attaquent le système bancaire suisse et veulent nous mettre à genoux et en demeure d’obéir au monstre bureaucratique européen. Monstre? Pire encore, nous disent certains, puisque plusieurs dirigeants des ex-pays de l’Est se demandent si l’UE n’est pas en train de devenir semblable aux régimes autoritaires du communisme, dont ils se sont libérés.

Nous avons donc accueilli Cohn-Bendit  à Genève quand il a été expulsé de France à la suite des manifs étudiantes des années 1968.

Pourquoi nous? parce que nous étions un très petit groupe proche en idées politiques mais pas en méthode; nous étions des libertaires, autogérant un foyer d’étudiants, mû par un attachement inconditionnel à la liberté et à la responsabilité individuelles. Un individu libre ? par ex totalement opposé à un Etat centralisé fort, bureaucratique et tout puissant; combattant avec la plus extrême détermination des partis comme les partis communistes, entre autres à cause de leur aspect structuré hiérarchiquement, exigeant obéissance inconditionnelle, et leur caractère autoritaire et totalitaire. Rarement il y a eu des groupements aussi anti-communistes; on nous qualifiait bien sûr d’anticommunistes primaires, alors que l’anticommunisme n’est jamais assez primaire, même lorsque l’on tente une opération de blanchiment politique en s’intitulant POP au lieu de parti communiste. Nous défendions aussi l’autogestion comme mode d’organisation et de gestion sociale et politique, soit une nouvelle fois une confiance dans l’homme et sa capacité d’entreprendre, d’initier et d’organiser  sa vie  de manière autonome, sans croire que l’Etat devait tout faire et être responsable de tout. Le grand architecte c’était l’homme mais un homme responsable; pas question de se défausser sur l’Etat et La Société, de plus en plus considérés comme responsables de tous les maux sociaux. Refus donc de l’excuse sociale, sociologique.

Sur cette philosophie de la vie et de la politique en général nous n’avons, contrairement aux accusations récurrentes, pas changé d’un iota. En revanche, cela ne semble pas avoir été le cas de Cohn-Bendit qui a fait depuis lors des volte-face de plus en plus surprenantes.

Signalons que de telles valeurs sont depuis un certain temps carrément considérées comme étant « de droite »!  Pauvre évolution de la gauche. Tant pis pour elle.

Peu importe d'ailleurs, la défense de ces valeurs-là devient plus pressante que jamais.

Une anecdote à  propos de l’arrivée de Dany le Rouge (devenu garde rouge ?) à Genève après son expulsion de France: une des premières choses qu’il a faite c’était d’aller vérifier son compte dans une banque ( mai 68 a-t-il tant rapporté à son leader ?). Je le certifie, je l’ai accompagné, mais évidement que cela sera nié avec la plus grande énergie. On pourrait demander la levée du secret bancaire pour vérifier.

Piquant. Le voilà aujourd’hui qui court derrière tous ceux qui attaquent le système bancaire suisse et veulent  nous mettre à genoux et en demeure d’obéir au monstre bureaucratique européen. Monstre? Pire encore, nous disent certains, puisque plusieurs dirigeans des ex-pays de l’Est se demandent  si l’UE n’est pas en train de devenir  semblable aux régimes autoritaires du communisme, dont ils se sont libérés.

Attaque-t-il les banques suisses au nom de la morale? si c’est le cas, il y a là aussi un léger problème avec la morale. C’est sans doute au nom de la liberté et du refus d’interdire qu’il a  permis à des enfants de sa communauté d’alors de « fouiller dans son pantalon », et qu’il ne le leur a pas interdit puisque « c’est eux qui le voulaient » ! Apprendre cela, a été pour moi un premier grand choc.

Le fil conducteur de sa vie tient sans doute à son ego quelque peu surdimensionné et à un besoin irrépressible de se mettre en avant et de penser qu’il a toujours raison, les meilleures solutions, et que les autres sont des attardés du bonnet. Tant que tout tourne autour de lui ça a l’air d’aller. Il doit être la vedette, quitte à dire n’importe quoi ou même à trahir.

Ressemblerait-il de plus en plus à un apparatchik d’une UE de plus en plus coupée des peuples et de plus en plus autoritaire; une UE qui veut dicter la vie des citoyens jusque dans les moindres détails. On dirait en tout cas que, come un vrai apparatchik, il jubile déjà à l’idée de parvenir autoritairement à nous soumettre et à nous faire obéir

Mais alors, que reste-t-il des valeurs pour lesquelles il s’est, comme nous, battu, et qui n’avaient strictement rien d’autoritaire et encore moins de totalitaire? La liberté, l’autonomie, l’auto-organisation ou autogestion( ce qui veut dire pour moi aujourd’hui par ex  fédéralisme, mais au sens suisse et non pas centralisateur comme dans l’UE), la croyance en la capacité des individus d’entreprendre, de créer librement sans toujours penser que si on n’y arrive pas, la faute est à l’Etat ou à La Société; et surtout la croyance en la responsabilité personnelle des individus, à qui on fait confiance et qu’on laisse faire plutôt que de vouloir les brider dès qu’ils réussissent. Nous ne croyions pas en un Avenir radieux mais nous vivions au quotidien en accord avec nos valeurs. Certains  ne les ont pas abandonnées, ces valeurs auxquelles bien des hommes et des femmes aspirent à nouveau.

Triste fin, que celui qui passe de la défense des plus importantes valeurs individuelles à la volonté d’exercer un pouvoir arbitraire, bureaucratique et autoritaire. Tout cela, pour rester à l’avant-scène? avec cette soif de pouvoir dont ont rêvé des hordes de bureaucrates médiocres et destructeurs, prêts à tout pour arriver au pouvoir et à le garder.

Où est la croyance dans l’ individu, contre les bureaucraties omniprésentes et omnipotentes ?

Mais attention! Le monopole du pouvoir et la capacité de l’imposer de manière arbitraire sans tenir compte des diversités qui font la richesse des sociétés vivables, ont connu des dérives qu’il n’est même plus besoin de rappeler. Nombreux sont les socialistes qui sont devenus autoritaires, parfois totalitaires, même en Allemagne!

Triste trajectoire de voir des valeurs fondamentales abandonnées par soif du pouvoir et par le besoin irrépressible de toujours être au Centre, avec l’aide facile des médias, qui tombent à tous les coups dans le piège, tendu en connaissance de cause.

Dire que la position de la Suisse dans le cadre du conflit fiscal est  "débile", suffit par ex  à faire la UNE des journaux et des médias.

Et dire cela devrait signifier que celui qui le dit est intelligent. Pas sûr, pauvre Cohn.

Uli Windisch

 

 

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