La constitution du vaste empire européen l'annonçait inéluctablement, les nations périphériques rattachées à de grands Etats s'en détachent lentement, les bricolages du Congrès de Vienne se disloquent pour disparaître. Régions ou royaumes oubliés, l'identité renaissante de leurs populations s'est nourrie de la blessure irréparable infligée par l'organe supranational au concept de l'Etat-nation.
Ainsi l'Ecosse prend-elle le chemin de son indépendance, la Flandre, la Catalogne sont sur les rangs. Les autonomies s'élargissent, Groenland, îles Féroés, îles d'Åland, qui sait, bientôt peut-être, la Corse, la Bavière, la Sardaigne, la Padanie etc.
Curieusement, seule la Suisse, berceau des indépendantismes fédérés, semble prendre le chemin inverse et tendre, contre toute logique, à la constitution d'un Etat centralisé en grignotant chaque jour un peu plus de leurs libertés sur le dos des cantons. Le phénomène a pour effet un affaiblissement général de l'image de l'union. Ce qui était une confédération d'hommes libres en armes est devenu le consensus des lâches. Les cantons souverains sont devenus des département pour que la Suisse puisse en devenir un de l'Europe. Ainsi, contre tout bon sens, la Suisse semble vouloir se constituer dans l'Europe alors que tous les Etats sont en train de s'y dissoudre.
Ce mouvement de (pseudo?) “élites politiques” vers une centralisation est effectivement en totale contradiction avec la tradition fédéraliste de la Suisse. Celle-ci est malheureusement en butte aux tendances centralisatrices qui prétextent une (fallacieuse et mensongère) pseudo-amélioration de l’efficience administrative pour tenter d’éliminer ou de minimiser l’autonomie cantonale. Il convient de repousser résolument ces tentatives castro-centralisatrices pour conserver aux citoyens le dernier mot sur les tentatives de centralisation liberticides de l’administration.
Marcel Rubin