Hormis dans la presse régionale, il n’y a donc eu aucun écho, à ma connaissance, dans la presse française, non plus que dans la presse internationale, sur la 33e Université d’été de la Nouvelle Economie.
L'été fleurissent les universités... d'été.
Mais, comme le disait George Orwell à propos des cochons, dans Animal farm , il y a des universités plus égales que les autres.
Il y a celles dont on parle, celle du PS, de l'UMP, du MEDEF, que sais-je, et celle que l'on passe sous silence, un silence assourdissant.
Hormis dans la presse régionale, il n'y a donc eu aucun écho, à ma connaissance, dans la presse française, non plus que dans la presse internationale, sur la 33e Université d'été de la Nouvelle Economie, qui s'est tenue du 26 au 29 août 2012 à l'Université Paul Cézanne d'Aix-en-Provence.
Le thème était pourtant porteur, voire provocateur aujourd'hui, parce qu'anti-socialiste : Libre-échange et progrès social . Il faut croire que la culture étatiste, dont Patrick de Casanove dit qu'elle est héréditaire en France, mais en tout cas pas génétique, a encore de beaux jours devant elle dans ce beau pays, pour son malheur.
L'Etat providence est pourtant condamné à mort, même si ses profiteurs ne le savent pas encore. C'est pourquoi cette université d'été fera date, parce qu'elle se situe à l'avant-garde des idées. On pourrait penser qu'arrivée à sa trente-troisième édition elle n'est plus de prime jeunesse, mais il n'en est donc rien.
DIMANCHE 26 AOUT 2012
Comme la libre économie reste méconnue des médias et des universités tout court en France, elle est on ne peut plus nouvelle, c'est-à-dire qu'il s'agit toujours d'une terre nouvelle à découvrir dans un pays devenu entièrement socialiste, comme l'a dit d'emblée le philosophe Philippe Nemo [photo ci-contre] lors du dîner inaugural à l'Hôtel du Roi René.
Pour Philippe Nemo il n'y a effectivement rien à attendre ni de l'ancienne majorité, ni de l'actuelle, qui ni l'une ni l'autre ne défendent les droits de propriété, sans lesquels il n'est pourtant pas de liberté.
L'impôt n'est pas le vol s'il y a contrepartie
Les impôts sont un critère pour déterminer si une société est libre ou non. A l'exception de libertariens et des anarcho-capitalistes, l'impôt n'est pas considéré comme un vol par les libéraux, à la condition toutefois qu'il ait une contre-partie.
L'impôt n'est pas un vol quand il est proportionnel si le service rendu dépend de l'usage, et n'est pas un vol quand il est le même pour tous si le service rendu est indépendant de l'usage : le vol perpétré contre un riche n'est pas supérieur à la vie d'un pauvre...
Il n'en est pas de même quand l'impôt est progressif ou quand il ne se justifie pas autrement que par la possession de fortune. Il s'agit alors de spoliation, suivie de partage de ces vols légaux (qui pour être légaux n'en sont pas moins des vols), à l'instar des voleurs qui se partagent leurs rapines.
Que faire? Opposer au socialisme les différentes doctrines libérales en matière de philosophie, d'économie, de politique. Comment? Par la conquête de la recherche scientifique, de l'éducation, des médias. A ce dernier sujet, les agences de pub étant passées à gauche, il faut créer des agences de pub libérales...suggère Philippe Nemo.
LUNDI 27 AOUT 2012
Le libre-échange a permis une croissance sans précédent
Victoria Curzon-Price dresse le bilan de la libéralisation progressive des échanges au cours du dernier siècle, plus particulièrement depuis les 60 dernières années. Certes il y a toujours des entraves, mais le marché devenu mondial en profite tout de même.
Cela ne s'est pas fait sans mal. Cela s'est cependant traduit par un développement économique sans précédent, où l'aide du fameux Plan Marshall n'a pas joué grand rôle.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes :
- le taux de croissance a été de 5 à 10% pendant 20 à 30 ans;
- tous les pays en ont profité, hormis ceux qui vivaient en autarcie, tels que la Corée du Nord...
La richesse mondiale a été multipliée par 7 depuis 1900; l'augmentation de la population par 5 sur la même période. La population mondiale vit « assez bien »: un Mexicain moyen d'aujourd'hui vit aussi bien qu'un Anglais moyen en 1955; la mortalité infantile au Népal aujourd'hui est égale à celle de l'Italie de 1955.
En résumé le libre-échange a permis à la fois d'élever le niveau de vie et d'augmenter la population.
Sur les 45 dernières années les proportions de produits de base et de produits manufacturés échangés ont évolué en sens inverse. En 1963 les produits de base, PB, représentaient 89% des échanges et les produits manufacturés, PM, 11%; en 2009 les premiers représentaient 36% et les seconds 64%.
En valeurs absolues la progression est vertigineuse: les échanges de PB s'élevaient à 28,5 milliards de dollars en 1963 et à 1'702 milliards en 2009; ceux de PM à 3,5 milliards de dollars et à 3'253 milliards respectivement.
Les politiciens français sont tous protectionnistes
Jean-Philippe Feldman rappelle que le libre-échange se définit par la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes, laquelle est loin d'être vraie de nos jours.
Quand Stefan Zweig accomplit son tour du monde, avant la deuxième guerre mondiale, il peut le faire sans présenter nulle part le moindre document... Ce qui est tout simplement impossible de nos jours.
Les candidats, lors de la dernière campagne présidentielle française, se sont tous prononcés pour du protectionnisme: les extrêmes de gauche et de droite pour la suppression pure et simple du libre-échange, les autres candidats pour sa régulation sous forme de réciprocité commerciale, c'est-à-dire pour un protectionnisme qui n'ose pas dire son nom. Dans Droit, législation et liberté, Friedrich Hayek disait que, lorsque les mots perdent leur sens, les hommes perdent leur liberté...
Cette résurgence du protectionnisme dénote une ignorance économique. Ce ne sont pas les Etats qui commercent entre eux, mais des particuliers. Aussi convient-il de défendre le libre-échange sur le terrain du droit, puisqu'il s'agit d'une extension du droit de propriété, et sur le terrain de la morale, puisque le protectionnisme privilégie des producteurs au détriment d'autres producteurs et de tous les consommateurs.
La collectivisation des concepts conduit à des erreurs
Pascal Salin rappelle ce qu'est le principe de l'échange libre: il se passe entre deux personnes qui y trouvent chacune leur intérêt, qu'il y ait une frontière entre elles ou non. Il y a double gain dans le libre-échange: un gain statique entre deux personnes et un gain dynamique qui résulte de la concurrence, qui, comme le disait Friedrich Hayek, est un processus de découverte.
En critiquant le libre-échange les tenants du protectionnisme se focalisent sur les pertes plutôt que sur les gains, tant il est vrai qu'il est plus facile de défendre des intérêts spécifiques que des intérêts diffus. Mais, comme il est impossible de protéger tout le monde, certains sont protégés au détriment de tous les autres.
La collectivisation des concepts de l'échange est à l'origine d'erreurs communes. Elles se caractérisent par leur caractère abstrait et par la relativisation des idées. Il en est ainsi des externalités négatives ou de la théorie de l'avantage comparatif de David Ricardo, qui ne rendent pas compte de la valeur subjective caractérisant l'échange libre entre deux personnes.
La protection d'industries dans l'enfance est une autre erreur commune. C'est au producteur d'actualiser ses gains futurs pour déterminer si l'activité dans laquelle il se lance sera rentable ou non. Enfin la concurrence pure et parfaite est absurde: un marché est toujours imparfait et chaque producteur doit se différencier pour vendre ses produits. C'est ce qui se produit avec la mondialisation où la réalité des différenciations s'oppose à la volonté d'harmonisation des politiques.
Pascal Salin conclut que l'attachement à la liberté des échanges est une exigence morale et que l'approche utilitariste peut être utile à sa défense, même si l'approche éthique reste fondamentale.
A l'origine de la crise de 29, l'abandon de l'étalon-or et le protectionnisme
Florin Aftalion est à la fois historien et économiste.
Les grandes dates, qui ont précédé la crise de 1929 sont l'abandon de l'étalon-or en 1914, qui a pourtant assuré la stabilité des monnaies pendant les deux siècles précédents; le remplacement de l'étalon-or en 1922 par le régime de l'étalon de change-or, où les monnaies européennes sont gagées sur l'or, la livre sterling et le dollar.
Entre 1914 et 1922, les prix ont considérablement augmenté et revenir aux parités de 1914 nécessite pour la plupart des pays, y compris l'Angleterre, de pratiquer des politiques déflationnistes. Les Etats-Unis, au contraire, sont en expansion de 1921 à 1929 jusqu'au krach de Wall Street et accordent aux autres pays des crédits à taux faibles pendant cette période.
Le président Herbert Hoover, entré en fonction en début de l'année 1929, signe en juin un premier acte protectionniste, l'Agricultural Marketing Act , en faveur des agriculteurs américains qui souffrent de surproduction depuis la fin de la guerre. Ce qui provoque des représailles de la part des pays qui exportent vers les Etats-Unis dans certains domaines agricoles. Conséquence: les baisses des importations sont faibles, tandis que les baisses des exportations américaines sont considérables.
L'année suivante, il signe le Smoot-Hawley Act qui, cette fois, protège l'industrie américaine en augmentant fortement les tarifs douaniers, avec pour effet de provoquer des représailles de tous les autres pays, qui sont ruineuses et d'une tout autre ampleur qu'en matière agricole. Parallèlement à ce protectionnisme il augmente les impôts, creuse les déficits, se lance dans la construction d'un grand barrage - le Hoover Dam.
Grâce à ces mesures étatistes, protectionnistes, la crise déploie tous ses effets: la masse monétaire se contracte de 25% entre 1929 et 1932, le commerce mondial est divisé par deux sur la même période, le taux de chômage atteint 25% en 1933.
Le dumping
Pierre Garello montre que le dumping - vendre en-dessous du coût de production pour faire des profits à long terme et se trouver finalement en situation de monopole - n'existe pas.
C'est une idée folle, parce que cela suppose d'avoir les reins sacrément solides dans un monde où les marchés évoluent sans cesse et de plus en plus vite, où nombre de produits ont une durée de vie très courte.
Le dumping fiscal est le nom que donnent à la concurrence fiscale les perdants de cette concurrence, qui font tout pour la réguler, avec pour but de la supprimer, avec l'aide de Bruxelles et de l'OCDE sous couvert d'harmonisation fiscale.
Alain Mathieu montre que le dumping social n'existe pas. Dans le prix des produits des pays émergents, les achats représentent 50%, les salaires de 15 à 20% et le reste les impôts, les transports, l'énergie.
Georges Lane expose qu'en 2003 le salaire brut en France était inférieur à la moyenne des 15 pays de l'Europe et même des 25, tandis que les cotisations sociales en France lui étaient supérieures. Une harmonisation se traduirait par une augmentation des salaires complets de tous les pays de l'Europe des 15 ou des 25.
MARDI 28 AOUT 2012
La mondialisation de la demande, la délocalisation de l'offre
Axel Arnoux fait part de son expérience de chef d'entreprise depuis 30 ans. Le groupeChauvin-Arnoux existe depuis 1893. Il a 10 filiales dans le monde - en Europe, en Chine, aux USA - dont une au Liban, qui marche bien... Ses effectifs sont de 1'100 personnes, dont 800 en France.
Axel Arnoux prend l'exemple d'un wattmètre aux 1'500 composants, dont le prix moyen est de 3'000 €, qui est le fruit de 20'000 heures de recherche et qui est produit en 2-3 heures. Le marché français est de seulement 200-300 appareils par an. Il est vendu à plusieurs milliers d'exemplaires dans le monde et 2/3 des fournitures proviennent du monde entier...
Le groupe, qui a perdu 90% de ses effectifs en 30 ans, aurait disparu s'il n'avait pas délocalisé, s'il n'avait pas innové, s'il ne s'était pas adapté aux besoins locaux (grâce à ses bureaux d'achats délocalisés), s'il n'avait pas conçu des produits standards adaptables.
Le libre-échange est un processus de découverte
Comme la concurrence, le libre-échange est un processus de découverte. Pierre Garello montre deux courbes, celle des échanges commerciaux depuis l'origine des temps et celle des mêmes échanges commerciaux depuis 1700. Sur la première courbe un premier point d'inflexion se situe après 1300, sur la deuxième courbe l'inflexion est nette en 1919 et encore plus nette en 1944, date à partir de laquelle les échanges explosent.
Le libre-échange résulte d'un ordre chaotique, ce que Friedrich Hayek appelait la catallexie. La main invisible d'Adam Smith s'oppose à la main qui oblige à acheter. Un entrepreneur, pour s'enrichir, doit découvrir ce dont les gens ont besoin et comment il peut les satisfaire. Pour cela il a besoin de signaux. Ce sont les prix et les profits, qui l'obligent à s'ajuster sans cesse. Pour ce faire il faut que l'échange soit libre, sans quoi il lui est impossible de saisir une opportunité là où il y a un manque.
Le libre-échange est un facteur de développement
Emmanuel Martin souligne le lien entre libéralisation des échanges et croissance économique. Pour que le libre-échange produise la croissance, encore faut-il qu'il y ait continuité de ce libre-échange et qu'il s'inscrive dans des réformes plus larges. Ainsi le climat des affaires, l'environnement fiscal, l'incertitude juridique, l'incertitude institutionnelle jouent-ils un rôle. Il faut que tout soit fait en même temps pour être en mesure d'en récolter les fruits.
C'est pourquoi Israël, en dépit de son ouverture, pâtit de la protection qu'il accorde à ses producteurs; c'est pourquoi le Mexique pâtit de sa politique monétaire; c'est pourquoi la Corée du Sud et Taïwan pâtissent des stimulations économiques, auxquelles ils se livrent.
Emmanuel Martin observe, tout comme Pascal Salin, que la collectivisation du concept d'échange a pollué le raisonnement et conduit à substituer le concept de rareté (David Ricardo) à celui d'opportunité (Adam Smith). Dans le premier cas le présupposé est que les hommes sont tous différents, sans quoi ils n'échangeraient pas, dans le deuxième cas on part de l'idée que les hommes sont tous pareils et qu'ils cherchent dans l'échange un avantage, ou à créer un avantage, ce qui se traduit par une création de valeur.
Compétitivité et concurrence fiscale
Jean-Philippe Delsol décrit les solutions apportées par les uns et les autres, en France, pour remédier à la dégradation de la balance commerciale, qui pèse sur le déficit de la balance des paiements.
La TVA sociale de Nicolas Sarkozy visait ainsi à empêcher que les produits étrangers ne viennent en France, de même que la taxation des transactions financières. L'exit tax était destinée à empêcher les délocalisations.
Les socialistes veulent en lieu et place augmenter la CSG, c'est-à-dire réduire les charges sociales en les augmentant... sans abandonner pour autant la taxation sur les transactions financières.
Pourquoi ces mesures inutiles à long terme? Parce que cela peut avoir quelques effets à court terme, parce que cela focalise l'attention sur des boucs émissaires tout trouvés: l'étranger, le riche, l'entreprise...
L'autre raisonnement, keynésien, est de faire du déficit budgétaire pour augmenter l'épargne disponible conformément à la règle du double déficit selon laquelle l'épargne moins l'investissement plus le solde budgétaire public est égal au solde de la balance des paiements courants. Ce faisant, l'épargne mobilisée n'est plus disponible pour les investissements privés.
De plus, quand le déficit budgétaire augmente, les taux d'intérêt aussi, de même que les coûts. Ce qui préfigure une augmentation des impôts demain, auquel il convient de faire face en épargnant dès aujourd'hui.
Pour favoriser l'échange il faut donc au contraire réduire les déficits, non pas en augmentant les impôts mais en engageant des réformes structurelles, c'est-à-dire en changeant de modèle social (assurances au lieu de taxation) et de modèle fiscal (plus de simplicité et une fiscalité raisonnable, ordonnée aux personnes).
Compétitivité et modèle social
Alain Mathieu remarque que le solde du commerce extérieur est de - 3,5% en France et de + 6% en Allemagne.
Quels sont les facteurs de compétitivité? Les coûts et les hors-coûts (qualité, SAV, réseaux commerciaux, innovation, taille de l'entreprise...).
A partir de la publication des auditions d'une étude non publiée, dont les rapporteurs étaient Jérôme Cahuzac et Pierre Méhaignerie, Alain Mathieu a pu reconstituer pourquoi les entrepreneurs français sont devenus moins compétitifs que les entrepreneurs allemands:
- les charges sociales employeur représentent 20% du salaire brut en Allemagne et 40% du salaire brut en France
- les prélèvements obligatoires sont inférieurs en Allemagne de 10 points de PIB: 6% proviennent de la rémunération des fonctionnaires, 1,3% des dépenses de logement (50% des HLM ont été privatisés en Allemagne), 0,4% des dépenses de santé (la convergence des tarifs public-privé est effective en Allemagne).
C'est donc l'augmentation des coûts qui fait la différence de compétitivité entre la France et l'Allemagne.
MERCREDI 29 AOUT 2012
Le protectionnisme monétaire
Jacques Garello rappelle que l'échange peut se faire sans monnaie. C'est le troc. Mais cela ne va pas bien loin. D'où la création de monnaie pour le faciliter.
La monnaie peut être nationale ou non. La monnaie est une rente. C'est la rémunération d'un service. Mais dévaluer une monnaie peut rapporter beaucoup plus gros que la seule rémunération du service rendu.
La monnaie nationale peut être fixée directement à l'or (gold standard) et s'exprimer en poids d'or, ou être fixée indirectement à l'or via une autre monnaie convertible en or (gold exchange standard): jusqu'en 1971 l'once d'or valait ainsi 35 $.
Qu'est-ce que la dévaluation d'une devise? Un vol opéré sur les détenteurs de la devise en question:
« Si je dois de l'argent aux autres c'est que je ne suis pas assez compétitif ».
Alors la solution de facilité, qui est une forme de protectionnisme, est de dévaluer. Comme tous les protectionnismes, c'est inefficace.
En fait l'émission de monnaie est toujours une créance. On ne lui fait confiance que si la créance est solide. C'est pourquoi la concurrence des monnaies est bénéfique. Elles devraient même être déconnectées des Etats et redevenir privées. Car l'avenir est à un système financier et monétaire sous la responsabilité des émetteurs.
La mondialisation s'oppose à la souveraineté des Etats
Carlo Lottieri rappelle cette vision selon laquelle là où il y a société il y a Etat. La rupture s'est produite à la fin du Moyen-Age qui était un univers très complexe. Les traités de Westphalie ont reconnu les Etats. A partir de là ces derniers ont tous poussé à la centralisation.
Avec la mondialisation la propriété est de retour. Les entreprises et les individus se déplacent. Il en résulte un conflit entre la mondialisation et les Etats, qui s'unissent progressivement, à la faveur de l'idéologie des droits humains, typiquement européenne, et qui se traduit par une perte du goût de la liberté et du risque.
Aussi la crise n'est-elle pas globale, mais spécifiquement européenne. L'Europe devient une forteresse étatiste à la centralisation de laquelle ne s'opposent que les nationalistes.
Comme les parasites sont en plus grand nombre que les producteurs, la crise désastreuse qui en résulte pourrait bien être une opportunité pour aller vers un libre-échange européen, sans les directives...
L'Union européenne est un cartel d'Etats
Enrico Colombatto ne voit pas d'inconvénient à la constitution de cartels privés - ce ne sont que des accords -, à la condition, toutefois, bien entendu, qu'ils n'empêchent pas le libre accès à d'autres entreprises sur leur marché.
Il n'en est pas de même des cartels étatiques, tels que l'Union européenne. Car ils organisent la violence étatique.
Ces cartels exerce leur violence dans trois domaines:
- la réglementation en édictant des règles communes;
- les impôts en se donnant pour but l'harmonisation fiscale qui se heurte cependant à l'accord unanime de l'augmentation des impôts et surtout à la répartition des dépenses une fois levés ces impôts;
- la monnaie (la vraie monnaie est un moyen d'échange qui inclut des contreparties solides; la fausse ne vaut que le papier dont elle est faite) en obligeant à accepter leur valeur arbitraire, le cours légal.
Le problème de l'euro est qu'il permet à la banque centrale européenne d'imprimer autant de monnaie qu'elle veut et de la transférer à qui elle veut, notamment aux mauvaises banques européennes, puis aux fonctionnaires, ce qui revient à socialiser les dettes publiques.
Il y a en effet trois moyens de lutter contre un déficit budgétaire:
- en levant des impôts;
- en réduisant les dépenses;
- en imprimant de la monnaie.
La seule sortie possible est d'admettre que ceux qui ont dépensé trop doivent faire faillite. Un Irlandais ne disait-il pas: « Le capitalisme sans la faillite, c'est comme le christianisme sans l'enfer »?
Les pauvres existeront toujours, libre-échange ou pas
Bertrand Lemennicier ne connaît pas de définition exacte des pauvres. Il y a plusieurs façons de les compter suivant le concept adopté. Les moines et les clochards sont-ils des pauvres? Un pauvre dans un pays est un riche dans un autre.
Quand des modifications interviennent les inégalités peuvent s'accroître. Elles ne se réduisent que lorsqu'il y a compétition. N'importe qui peut être économiste... ce qui n'est pas le cas d'un juriste ou d'un médecin.
Le libre-échange est d'abord éthique
Jacques Garello, au contraire des utilitaristes, défend le libéralisme non pas pour son efficacité mais pour son éthique.
Le libre-échange est une libération, puisqu'il permet de se libérer d'un territoire (70% des échanges sont des échanges de services) et puisqu'il permet à chacun de s'accomplir:
« Deviens ce que tu es », disait Jean de La Croix.
Le libre-échange est une découverte puisqu'un terrien sur sept visite un pays qui n'est pas le sien et puisque la base de l'échange est le service rendu aux autres: « L'économie, c'est le service des autres » (Frédéric Bastiat).
Le libre-échange est harmonie, qui est différente de l'équilibre puisque chacun est un exécutant et puisque la main invisible est le chef d'orchestre. La plus grande conséquence de la mondialisation est que les pays pauvres le sont devenus un peu moins, hormis les pays dictatoriaux où les dirigeants ne sont pas rémunérés pour les services qu'ils rendent mais pour les vols qu'ils commettent.
Le libre-échange est espoir. Ce n'est pas le choc des civilisations de Samuel Huntington (il y a plusieurs cultures, mais une seule civilisation) ni la fin de l'histoire de Francis Fukuyama: les deux ont tort, l'un par l'analyse, l'autre par optimisme. Le libre-échange est une promesse de paix universelle.
« Faisons la liberté, la liberté fera le reste », disait Jean-Marc Varaut.
La meilleure politique est d'ouvrir unilatéralement les frontières au marché
Lawrence White est le seul intervenant à s'exprimer en anglais cette année. Ce qu'il dit n'en est pas moins décapant, à l'opposé des idées reçues.
En 1999 le sénateur d'Amato interroge Milton Friedman et lui demande ce qu'aurait pensé Adam Smith du déficit des échanges. L'économiste lui répond que la meilleure politique est d'ouvrir unilatéralement les frontières au marché.
La métaphore de Johan Robinson illustre cette déclaration: « Que quelqu'un lance des cailloux dans son propre port pour empêcher des bateaux d'entrer est ridicule ».
Le commerce international reste un commerce entre des personnes. Il faut qu'elles y trouvent chacune un intérêt et que ce commerce soit volontaire. A ce moment-là c'est bénéfique pour les deux parties.
Ford s'oppose au libre-échange avec la Corée du Sud en disant qu'il est inéquitable que le nombre des voitures coréennes vendues aux Etats-Unis soit de 476'833 tandis que le nombre des voitures américaines vendues en Corée du Sud est de 5'878. Ceux qui prétendent ne pas être protectionnistes utilisent cette rhétorique de l'échange équitable, alors que n'importe qui peut dire qu'il est préférable d'acheter quelque chose moins cher que de le faire soi-même plus cher.
Dans sa Pétition des marchands de chandelles , Frédéric Bastiat parlait de bloquer les rayons du soleil pour donner du travail à un tas de gens...
Autre exemple de sophisme: il y a un gros opéra à Paris qui est une grande ville; si on en construit un à Aix-en-Provence, elle deviendra également une grande ville...
Francis Richard
NB
Ce compte-rendu de la 33e Université d'été de la Nouvelle Economie n'est pas exhaustif. Il ne prétend à rien d'autre que d'en donner une idée, la plus juste possible. Il est destiné aux libéraux qui n'ont pas pu faire le voyage, aux non libéraux pour qu'ils aient un aperçu de ce qui s'y est dit puisqu'ils ne trouveront aucune trace de cet événement dans leurs médias préférés.
En dehors des débats, qu'il était difficile de résumer, j'ai omis volontairement de parler des présentations de livres. En voici la liste dans l'ordre de présentation (avec le lien pour certains d'entre eux vers l'article que je leur ai déjà consacré peu ou prou sur ce blog, me réservant la possibilité d'en écrire un ultérieurement sur les autres ou plus approfondi sur ceux déjà évoqués):
Ethique et liberté, Philippe Nemo (à paraître) aux PUF
Crise, Dépression, New Deal, Guerre, Florin Aftalion, 144 pages, Economica
Le dictionnaire du libéralisme, sous la direction de Mathieu Laine, 640 pages, Larousse
A quoi servent les riches, Jean-Philippe Delsol avec Nicolas Lecaussin, 238 pages, JC Lattès
25 millions de propriétaires, Jean Perrin, 120 pages, Editions TME
Ces mythes qui ruinent la France, Alain Mathieu, 192 pages, Editions du Cri
La sécu: comment faire mieux, Patrick de Casanove, 176 pages, Tatamis
Merci Monsieur Richard d’avoir pris la peine d’établir ce long et précieux compte-rendu !
J’en ai terminé une première lecture “en diagonale” qui m’a convaincu d’y revenir pour mieux m’en imprégner.
S’il est regrettable que les média ne relatent pas ces travaux, ce n’est guère étonnant, nous en avons malheureusement l’habitude. Votre contribution ci-dessus n’en est que plus précieuse.
Merci encore en bonne journée.