Le socialisme et la chasse aux patriotes exemplaires

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Merci donc aux étrangers naturalisés, de même qu’aux étrangers qui s’identifient à leur pays d’accueil, au point de venir au secours de l’identité suisse et honte aux Suisses qui veulent les sanctionner.
PS L’acharnement sur Valentine Smajli continue: elle n’a pas non plus été réélue aux instances dirigeantes du PS suisse lors du Congrès du PS le week-end passé.

La naturalisation doit-elle être prise à la légère?

En matière de naturalisation des étrangers on trouve toujours deux tendances radicalement opposées: ceux qui veulent la faciliter  et ceux qui veulent la rendre plus difficile. Les premiers se situent plutôt à gauche de l’échiquier politique et les seconds plutôt au centre et à droite. Jusque-là rien de très nouveau, même si du côté de ceux qui veulent la faciliter on était, il y a peu encore, quasiment prêt à l’accorder comme un droit acquis, sans trop d’exigences. L’argument  ultime  était de prétendre que presque plus personne ne voulait se naturaliser en Suisse car il était plus intéressant d’être européen en gardant son antienne nationalité (italienne, espagnole, portugaise, etc). Rien de tout cela ne correspond à une tendance générale dûment certifiée  et les demandes de naturalisation sont toujours très nombreuses.

Quand les exigences montent

Certains cantons suisses deviennent même plus exigeants, ou du moins ne pensent pas ou plus que la naturalisation doit être une simple formalité administrative, un simple pli envoyé par la poste, pendant qu’on y est.

En bref, la naturalisation suisse est, contrairement à ce que la bien-pensance a pendant longtemps prétendu, toujours fortement convoitée. Certains se rendent même compte que l’on a parfois naturalisé trop facilement, au point de se retrouver avec des individus qui sont devenus Suisses avec quelque arrière-pensée pas toujours d’une pureté absolue. Le cas de la France qui accorde la nationalité assez aisément fait aussi ce type de constat avec certains jeunes des banlieues devenus français tout en vivant de diverses formes de délinquance, et c’est peu dire! Ici la naturalisation peut représenter une simple forme de protection, par exemple contre une éventuelle expulsion. Personne ne prétend évidemment qu’il s’agit là d’une tendance  générale mais la réalité existe et ce thème est devenu une préoccupation politique  largement discutée. Il en va d’ailleurs de même avec le droit du sol: il suffit de naître sur sol français, même dans les Dom-Tom, pour devenir Français. D’où une autre pratique de la part de femmes étrangères: accoucher sur territoire français, pour ensuite pouvoir bénéficier de toutes sortes d’avantages, sociaux et autres. Cette pratique commence aussi à inquiéter certains acteurs politiques.

La tendance générale, après une phase de laxisme généralisé liée à l’euphorie multiculturaliste, va un peu partout dans le sens d’un durcissement en matière d’octroi de la naturalisation.

Socialisme et patriotisme: contradictoires?

On a toujours su que le socialisme était presque congénitalement en difficulté avec le patriotisme, l’internationalisme relativisant «naturellement» le nationalisme, et subséquemment le patriotisme, lui-même longtemps et largement moqué à gauche. Mais de là à s’en prendre à des étrangers naturalisés devenus de fervents patriotes, fiers d’êtres devenus suisses, s’identifiant profondément au pays et voulant eux-mêmes défendre la valeur de la nationalité suisse, il y a un pas qui montre qu’aujourd’hui encore tout se passe parfois comme si socialisme et patriotisme étaient  toujours incompatibles.

Une étrangère naturalisée et socialiste "mobbée" car trop exigeante!

Le cas le plus récent est celui de Valentina Smajli, une femme Kosovar devenue Suissesse et qui faisait précisément partie d’une commission lucernoise chargée d’examiner les candidatures à la naturalisation (Blick, 29.08.2012). Elle-même membre du Parti socialiste lucernois, elle est maintenant considérée  par certains membres de son propre parti comme trop sévère dans l’appréciation des candidatures à la naturalisation. Elle estime, par exemple, que la connaissance de la langue du lieu et un comportement adéquat sont nécessaires pour mériter de devenir Suisse; le fait, par exemple, d’avoir agressé et blessé quelqu’un ou de s’être livré à des violences familiales lui semble être une raison de refuser la naturalisation. Certains de ses camarades socialistes l’ont trouvée trop exigeante, l’ont «mobbée»,  pour finalement  ne pas la renouveler dans la commission de naturalisation dont elle faisait partie.

Les socialistes de plus en plus coupés des couches populaires?

Parmi les socialistes venus, de manière à peine embarrassée, s’expliquer  devant les médias, il y a un certain Andy Tschümperlin, conseiller national socialiste lucernois et même chef du groupe parlementaire socialiste, soit le même socialiste que celui qui avait annoncé haut et fort dans les médias qu’il allait comploter pendant l’été afin d’obtenir une large coalition pour empêcher le conseiller fédéral Ueli Maurer de devenir président de la Confédération, l’estimant pas suffisamment compétent! Voilà à quoi certains passent leur temps, sans doute en prétendant que c’est pour le bien de la patrie. Or ce conseiller fédéral est surtout UDC!  Est-ce une tare inexcusable? Apparemment pour certains socialistes. Ces derniers veulent peut-être aussi faire oublier l’insupportable, que l’UDC est le premier parti de suisse et, pire, le plus populaire puisqu’il compte le plus grand pourcentage d’électeurs des milieux ouvriers et populaires. Dur  dur pour le socialisme! Et personne ne peut contester le patriotisme de Ueli Maurer.

Les naturalisés et les étrangers au secours du patriotisme?

Faut-il que le patriotisme soit à ce point à la peine chez certains pour que ce soient des étrangers naturalisés qui doivent nous rappeler sa valeur par leur identification profonde à ce dernier et par leur volonté de le perpétuer sans honte, ni autoflagellation?

Merci donc aux étrangers naturalisés, de même qu’aux étrangers qui s’identifient à leur pays d’accueil, au point de venir au secours de l’identité suisse et honte aux Suisses qui veulent les sanctionner.

Question subsidiaire qui me taraude depuis longtemps: comment peut-on encore voter pour ces derniers ?

 

 

2 commentaires

  1. Posté par freemind le

    Alors la, Anisotrope je suis sidéré et émerveillé de vous lire, bravo.
    Moi aussi j’étais de gauche à cause de ma famille. En 1971 après avoir traversé l’URSS de Nakhodka à Helsinki, avec arrêt à Novossibirsk, Moscou et Leningrad, j’étais refroidi, mais pas encore glacé, quand je racontais ce qui s’y passait à des gens de gauche l’on ne me croyait pas, les queues pour du pain ou de la viande, le grand magasin de Moscou, le Goum, était moins bien approvisionné qu’une épicerie de village de Suisse. Les socialistes continuaient de vanter le système.
    Le jour ou la gauche s’est encore accoquinée avec les verts, je devins glacé et je ne vote plus du tout pour la gauche.
    Votre dernier alinéa est encore plus lumineux, oui propagez haut et fort ce discours. Encore bravo Anisotrope !

  2. Posté par Anisotrope le

    Bonjour,
    Je suis un Suisse naturalisé de longue date (arrivé chez nous en 1981, à trois ans) et autant vous dire que je suis souvent le seul de mes amis (quasi tous Suisses de souche) à dire haut et fort que j’adore mon pays et cela passe mal vis-à-vis de certains (vous savez qui). A croire que vivre ici, dans ce magnifique pays qui m’a donné une éducation (civique, civile et académique) qui fait rêver partout dans le monde est une tare, une honte, une chose à cacher…

    Nous sommes un pays petit par la taille, mais grand par l’esprit et je ne laisse jamais passer une occasion de le rappeler à toutes mes connaissances de gauche qui sont malheureusement irrécupérables, tant leur cerveau a été programmé, dès la tendre enfance, à n’écouter que les chimères socialistes.

    Il faut peut-être ne pas avoir eu la chance de naître ici, mais d’y vivre et de comparer avec les pays d’origine pour se rendre compte d’une chose toute simple : le bonheur de d’y vivre, la respectabilité des valeurs helvétiques, la démocratie modèle et l’honnêteté qui y règne sont des choses précieuses, et la nationalité en est une très importante.

    Durant mon adolescence, j’ai été séduit, comme de nombreux autres jeunes, par le parti socialiste pour ses idées (le croyais-je) égalitaristes, progressistes, révolutionnaires…mais il faut que jeunesse se fasse. A y repenser, je me demande encore comment j’ai été ‘naturellement’ guidé vers les idées de gauche. L’instruction publique fortement à gauche, la culpabilisation d’être un mâle blanc en Europe et les larmoyants discours de gauche y sont certainement pour quelque chose.

    Pour moi, être Suisse c’est quelque chose de spécial, quelque chose dont il faut être fier et qu’il ne faut surtout pas brader. Certains comportements (cercles “culturels” et écoles ethniques, etc.) n’améliorent en rien la cohésion sociale. Comment peut-on parler portugais/albanais/espagnol/arabe/italien/anglais/turc/ à longueur de journée, porter le maillot de football d’équipes étrangères et ne manger que la nourriture de son pays d’origine, et réclamer le passeport suisse comme un droit ?

    On le sait bien, les socialistes militent pour le droit de vote des étrangers et la nationalité facilité uniquement pour des motifs électoraux (ou alors, ils sont encore plus cinglés que je le pensais). Au centre et à la droite de s’attirer les faveurs de ces ‘nouveaux Suisses’ en devenir, qui sont bien plus enclins à voter ‘juste’ que certains ne l’imaginent.

    J’ajouterai une dernière chose, qui n’est pas vraiment en rapport avec l’article : si certains étrangers avaient honte du comportement de leurs compatriotes plutôt que de jouer la carte de la solidarité culturelle, ethnique, nationale ou religieuse, ils n’auraient pas à se plaindre d’être ‘discriminés’ et d’avoir ‘une image tronquée’ dans les médias.

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