En résumé: non à des petits jeux dangereux! Nous demandons une stratégie énergétique réaliste et basée sur des mesures faisables et nous nous opposons à des exercices idéologiques qui détruisent la compétitivité de la Suisse.
L'approvisionnement électrique actuel est une force importante de l'économie suisse dans la concurrence internationale. Nous avons trois atouts en main dans le contexte européen: notre électricité est avantageuse, soit jusqu'à 20% moins chère que dans les pays voisins; notre approvisionnement est fiable, les pannes sont rares; et enfin, notre électricité est produite dans une large mesure sans émissions de CO2. Songeons à ce propos à l'Allemagne avec ses centrales électriques au gaz et au charbon.
Le Conseil fédéral a pourtant fait l'an passé un choix qui risque de nous faire perdre ces trois atouts à la fois.
La sécurité de l'approvisionnement: les mesures, que le Conseil fédéral a présentées au public, ne couvrent que 55% de la lacune ouverte par la stratégie gouvernementale. Pour les 45% restants, le Conseil fédéral fait confiance au développement futur. En d'autres termes, nous échangeons une sécurité à 100% contre de vagues espoirs en misant sur un avenir incertain. On cherche en vain dans cette stratégie énergétique la moindre proposition réaliste quant à la manière de compenser ces 45% manquants. C'est dire que le gouvernement sacrifie à la légère notre sécurité d'approvisionnement.
Les coûts: non seulement la stratégie gouvernementale ne couvre que la moitié de la demande en énergie, mais en plus elle augmente le coût de cette moitié. L'électricité sera plus chère parce que nous passerons à des agents énergétiques plus coûteux. Et comme ces ressources sont de surcroît peu fiables, nous devrons nous équiper de capacités de réserve et de réseaux supplémentaires. Personne ne peut dire aujourd'hui exactement combien cela coûtera. Des estimations prudentes annoncent 50 milliards de francs, la branche électrique parle même de 150 milliards. Autre absurdité de ce projet: le Conseil fédéral entend décharger les grandes entreprises de ces coûts supplémentaires et, en contrepartie, alourdir la facture des PME et des familles. Ce gouvernement n'hésite donc pas sacrifier la croissance et la prospérité.
La protection de l'environnement: comme si la baisse de la sécurité et la hausse des coûts de suffisaient pas, le Conseil fédéral a décidé de compromettre la politique climatique de la Suisse. Si la Suisse commence à produire son électricité moyennant de grandes centrales au gaz – il est actuellement question de quatre installations de ce type – l'objectif climatique, donc la réduction des émissions de CO2, sera définitivement raté. Et quelle en sera la conséquence? Les entreprises et les familles passeront encore une fois à la caisse, car on leur imposera une taxe CO2 encore plus élevée pour compenser les émissions des centrales au gaz. Le Conseil fédéral sacrifie donc aussi notre avantage climatique.
Qu'exige l'économie d'une stratégie énergétique?
Pour l'économie, l'électricité est une ressource, un facteur de production et non pas un bien de consommation. En d'autres termes, l'économie a besoin de l'électricité pour produire des biens et des services. La sécheresse fait souffrir les paysans. La crise financière fait souffrir les banques. Il en est exactement de même pour l'économie qui souffre d'une augmentation du prix de l'électricité ou d'un approvisionnement lacunaire. D'où ces exigences de l'économie:
- un approvisionnement sûr et avantageux, sans arbitraire, sans incertitude, sans augmentation artificielle des prix.
- la Suisse doit veiller elle-même à la sécurité de son approvisionnement. Elle doit être capable de subvenir de manière indépendante à ses besoins d'électricité.
- sécurité de la planification dans l'application de la stratégie énergétique 2050: pas de changement constant des prescriptions, pas de bureaucratie, mais une situation claire et simple.
- économie de marché et non étatisme. L'économie sait parfaitement bien comment elle peut augmenter son rendement. L'Etat n'a pas à inventer de nouvelles taxes et redevances ou à intervenir directement dans le marché.
- en résumé: non à des petits jeux dangereux! Nous demandons une stratégie énergétique réaliste et basée sur des mesures faisables et nous nous opposons à des exercices idéologiques qui détruisent la compétitivité de la Suisse.
L’analyse de Jean-François Rime, de même que le contenu de la conférence de presse de l’UDC à Berne du 27-08-2012, est lucide, honnête et, dans l’ambiance politique du jour, courageuse.
L’UDC ose avec courage respecter les réalités du terrain au risque de paraître impopulaire. La position de M. Rime et de son parti présente en particulier deux qualités importantes: 1) elle tient compte de toutes les options (efficacité énergétique, énergies renouvelables, nucléaire) et les additionne au lieu de les jouer les unes contre les autres et 2) elle tient compte de leur potentiel réel compte-tenu de ce que peuvent payer les consommateurs et les entreprises. Leur analyse rejoint d’ailleurs en tous points une étude importante publiée par l’Institut Paul Scherrer en 2005 (voir réf. ci-dessous), un institut annexe de nos Ecoles polytechniques spécialisé sur toutes les énergies.
L’étude du PSI, comme le scénario UDC, osent affronter ce qui est devenu un tabou: pour des raisons économiques et écologiques, il est dans l’intérêt des citoyens et des entreprises de maintenir le nucléaire en Suisse.
Le tragique est que l’Etat s’offre, à l’exemple du PSI, des centres de compétence remarquables, qui produisent des analyses honnêtes et de haut niveau, à un coût élevé, mais … ne s’en sert pas. Parce que le DETEC est politisé, parce que cette étude, quand elle est sortie, était supposée déplaire à Moritz Leuenberger. Ses proches ont fait le nécessaire pour l’éliminer des scénarios retenus officiellement, même si en cherchant bien sur le site Internet de la Confédération elle est dans le catalogue des publications . Et quand Doris Leuthard est arrivée au DETEC, bien sûr que personne ne lui a dit de ressortir cette étude.
Il est réjouissant de voir qu’un grand parti politique semble disposer dans son état-major d’experts compétents qui savent aller aux bonnes sources scientifiques. Et surtout ose regarder les réalités avec lucidité, en tirer les conséquences et les communiquer. Cela semble manquer dans plusieurs partis.
Une remarque sur l’écho médiatique de la conférence de presse de l’UDC du 27 août dernier à Berne: sur Forum de la RTS1 du même jour, pas un mot, ni le lendemain. Pourtant le nucléaire faisait ce même jour l’objet d’une séquence, suite aux propos des ministres socialistes français MM. Montebourg et Valls: “le nucléaire est une énergie d’avenir”. Cerise sur le gâteau: Forum avait invité deux opposants notoires au nucléaire pour commenter les propos des ministres français: Noël Mamère (Vert,F) et Roger Nordmann (PS, CH) qui ont eu toute liberté d’ aligner beaucoup de bêtises. Quel aveu de complaisance!
Être écarté des micros va peut-être devenir un gage de qualité.
Liens utiles:
Conférence de presse de l’UDC du 27-08-2012 http://www.udc.ch/g3.cms/s_page/79930/s_name/conferencesdepresse/newsContractor_display_type/list/newsContractor_year/2012
Etude du PSI “Perspektiven der zukünftigen Strom- und Wärmeversorgung für die Schweiz – Ökologische und ökonomische Betrachtungen. PSI Report No. 01-12. Paul Scherrer Institut, Villigen-PSI, Switzerland.”
http://gabe.web.psi.ch/pdfs/PSI_Report/PSI-Bericht_05-04sc.pdf
Il existe deux résumés, l’un pour le volet renouvelables + efficacité:
http://gabe.web.psi.ch/pdfs/Energiespiegel_14f.pdf
et l’autre pour le volet nucléaire
http://gabe.web.psi.ch/pdfs/Energiespiegel_15f.pdf
Des résumés très synthétiques (4 pages chacun!), sans être réducteurs. Je les recommande au lecteur pressé, mais qui veut savoir.