De la guerre militaire à la guerre économique et symbolique.

Uli Windisch
Rédacteur en chef

Nous devons créer de nouveaux bataillons pour faire face à cette double déclaration de guerre, des bataillons de citoyens armés intellectuellement et disposant de compétences, d’imagination, d’inventivité et d’audace en communication politique, symbolique et médiatique.

 

A côté des guerres militaires, il y a  les guerres économiques et les guerres symboliques.

La Suisse est en train de subir  les deux dernières à la fois et au même moment. Si la Suisse et son armée en particulier ont toutes sortes de scénarii dans leurs poches bien armées, il n’en va pas de même pour faire face aux deux autres types de guerres que nous subissons. Ici, nos autorités ont l’air bien démunies. La population s’en inquiète sérieusement, au point de devenir anxieuse, voire révoltée. La perte de confiance envers les autorités devient de plus en plus tangible et évidente et cela n’est pas un bon signe pour le climat politique général. Les formules les plus accusatrices fusent de partout.

Le mythe de David et Goliath vient pourtant nous rappeler que le défaitisme et le fait de céder sur de plus en plus de points au nom de notre «petitesse» ne sont pas inéluctables. Nous devons créer de nouveaux bataillons pour faire face à cette double déclaration de guerre, des bataillons de citoyens armés intellectuellement et disposant de compétences, d’imagination, d’inventivité et d’audace en communication  politique, symbolique et médiatique. La mobilisation doit se concentrer sur la lutte pour imposer  NOTRE définition de la situation et des différents problèmes qui se posent à nous plutôt que de courir derrière les définitions que réussissent à nous imposer  ceux qui veulent notre perte économique et symbolique et qui travaillent depuis longtemps à nous désidéaliser et à nous amoraliser, cela avec, en plus, l’aide de multiples leaders potentiels de cinquièmes colonnes intérieures spécialisées dans l’autodénigrement, l’autoflagellation et autres auto-diabolisations.

Un lent, long et important travail  nous attend et qui doit chercher à renverser la définition et la symbolisation des problèmes que d’autres pays ont réussi à nous imposer.

Nous en sommes au stade où même une ancienne ambassadrice des USA en Suisse nous indiquait récemment comment faire pour mieux  présenter et défendre notre pays et nos intérêts dans son propre pays!

Des mesures visibles et spectaculaires (nous sommes à l’ère du tout médiatique) deviennent urgentes et nécessaires, à côté bien sûr de l’habituel travail «de l’ombre», même si de temps en temps on aimerait voir quelques résultats de ce dernier en pleine lumière.

On entend par exemple ces derniers  temps  parler de rappel de l’ambassadeur  de Suisse aux USA; les plus énervés proposent carrément l’expulsion de l'ambassadeur des USA de Suisse.

Lorsque notre Présidente de la Confédérationnous annonce par exemple vouloir inviter le Président français François Hollande en Suisse, elle ajoute tout de suite après que, si jamais ce dernier est trop occupé, elle est prête à se rendre elle-même à Paris. Aller à Canossa  et en plus à genoux, pendant qu’on y est!

Même si la situation est totalement différente, souvenons-nous d’un ancien membre du Conseil fédéral se rendant en Libye, certain de revenir avec les otages suisses! ou d'autres conseillers fédéraux dont la naïveté a été consternante. On connaît les résultats.

Autres exemples de mesures symboliques possibles, toutes aussi théoriques que les précédentes bien entendu, par rapport aux violentes et spectaculaires pressions des USA sur la Suisse: boycott d’un maximum de produits américains, du tourisme aux USA, etc. Il ne faut pas toujours avoir peur de quelques effets contraires possibles.

Encore un exemple très simpled’action symbolique possible: brûler régulièrement et rituellement  le drapeau national  d’un pays qui nous livre une guerre économique devant son ambassade dans notre pays. Ce serait un autre cas d' acte spectaculaire, avec très peu de moyens mais avec un impact  politico-médiatique maximal (une minute au TJ assurée).

Les médias pourraient, eux, rappeler régulièrement les milliards de dollars d’argent sale et de la drogue qui sont acceptés sans problème dans certains Etats américains, etc.

Il y aurait, à partir de tels exemples, à la fois le côté spectaculaire nécessaire et le signe d’une détermination à prendre très au sérieux. Et comme l’appétit vient en mangeant, chaque action spectaculaire donnerait de nombreuses idées pour de nouvelles actions qu’il il faudrait espérer de plus en plus massives.

Il n’était pas question ci-dessus de proposer un programme d’actions mais simplement de montrer que le problème est vraiment sérieux, grave, et qu’à la politique et diplomatie traditionnelles doivent s’ajouter de nouvelles méthodes et formes d’actions et de luttes politiques, symboliques et médiatiques, à la hauteur des nouveaux défis; ce que d’autres pays ont compris depuis longtemps. Pour cela, il faut du personnel nouveau et bien formé en la matière et pas seulement  du traditionnel recyclé.

Il ne suffit pas de faire des reproches à nos autorités; cette fois les initiatives et les bonnes volontés  doivent venir de tous côtés. L'objectif général est d’attirer l’attention sur l’importance et l’urgence de voir les problèmes actuels abordés en termes nouveaux, tels qu’ils se posent concrètement de nos jours. D’autres pays n’en sont plus au stade de la réflexion; ils ont passé à l’action depuis longtemps.

Les Suisses ne devraient plus accepter de leur servir simplement de terrain de jeux et de lieu pour travaux pratiques.

 

 

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