Nucléaire suisse: information et désinformation

Jean-François Dupont
Ingénieur-physicien EPFL

Et cette question centrale que chacun doit se poser: quel est le vrai objectif? la sécurité ou la disparition du nucléaire?

Centrale de Mühleberg (CNM) et Tribunal Administratif Fédéral (TAF): imbroglio judiciaire et omerta

Paradoxe: cette fameuse vérification post-Fukushima de la sûreté de nos réacteurs - vérification essentielle en soi et clef de voûte des griefs du TAF - a bel et bien été faite par l'IFSN mais presque personne ne veut en parler. On a surtout parlé 1) de l'affaire Buser et de ses reproches de copinage à l'encontre de l'autorité de sécurité et 2) du jugement du TAF qui retire une autorisation du DETEC d'exploiterla CNMau motif que le DETEC, pas l'IFSN, n'aurait pas fait les contrôles que nécessitait Fukushima. Le citoyen suisse finance donc des expertises coûteuses et essentielles sur la sécurité nucléaire, mais il ne saura (presque) rien des résultats parce que l'agitation politique et médiatique met comme un rideau de fumigène autour de l'expertise. C'est Kafka chez les Helvètes.

Pour quel motif un tel gâchis? Il paraît très clair: l'expertise de l'IFSN montre de manière sérieuse et scientifique que les risques de la voie nucléaire sont bien maîtrisés, cela au moment où les risques de la voie de l'abandon - coûts, impacts sur l'environnement, le climat et le paysage, risques de pénuries - apparaissent chaque jour plus inquiétants et mal maîtrisés. Regardez les positions antinucléaires prises par beaucoup de politiciens, à l'exceptions de la plupart des UDC et de quelques courageux PLR et PDC: pour la grande majorité des politiciens il ne faut donc pas que cela se sache. Les travaux de l'IFSN font l'objet d'une omerta évidente voulue par une coalition politique et médiatique très large depuis Fukushima. Eclairage.

 

Les faits

Par un jugement du 30 juillet dernier, le TAF a admis le recours formé par des voisins de la centrale contre la décision de non-entrée en matière rendue en septembre 2011 par le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) sur une demande faites par ces mêmes voisins en mars 2011 de retrait de l’autorisation d'exploitation de la centrale. Selon le TAF, le DETEC aurait dû entrer en matière sur cette demande et procéder à un examen matériel afin de déterminer si un tel retrait se justifie.

Les voisins faisaient valoir que suite aux évènements de Fukushima, que la conformité aux exigences de sécurité en cas de séismes ou d'inondation de certains équipements comme le manteau du réacteur, les systèmes de refroidissement de secours et leur alimentation électrique devaient être révisés. Sans révision probante, l'autorisation du DETEC devait être retirée àla CNM.

Le TAF a par ailleurs admis le 1er mars 2012 déjà un recours des mêmes voisins demandant une limitation temporelle de l'autorisation générale d'exploitation suite à Fukushima, et limité cette autorisation au 28 juin 2013. Cette décision du TAF fait l'objet d'un recours devant le Tribunal Fédéral (TF).

 

 

Sur la forme

Il y a un élément positif dans cette action du TAF: on quitte le procès sommaire par diabolisation du nucléaire, on ne dit plus que le nucléaire est tellement dangereux qu'aucune mesure de sécurité ne peut maîtriser les risques. On ne dit plus la seule sécurité c'est l'interdiction inconditionnelle. On dit de manière rationnelle: il y a des règles de sécurité, la conformité de la centrale à ces règles doit être vérifiée et en cas d'évènements nouveaux réexaminée. Les recourants argumentent leur opposition sur des éléments techniques de la centrale qui ne rempliraient pas, ou plus, les exigences de sécurité. Ce type de contestation doit toujours être pris avec le plus grand sérieux.

Sur le fond

La vérification de la conformité aux normes de sécurité a été engagée par l'Inspectorat (IFSN) peu après Fukushima. en deux temps: une vérification d'urgence pour s'assurer qu'un arrêt immédiat ne s'imposait pas et ensuite une vérification approfondie pour laquelle l'IFSN a publié un rapport le 9 juillet dernier concluant à la conformité. Il est a remarquer que les doutes du TAF concernent des équipements qui 1) sont bien ceux sur lesquels l'IFSN avait demandé, bien avant Fukushima (années 80) des rééquipements importants (coûts de 900 millions, le double du coût de construction initial) et 2) sont sur lesquels l'IFSN a concentré ses contrôles suite à Fukushima. Il semble donc que les voisins-recourants, et leur avocat, n'aient pas identifié des points qui auraient été ignorés par l'IFSN. Ils contestent donc le résultat de l'analyse de l'IFSN qui conclut d'une part à la conformité aux exigences et d'autre part demande des expertises complémentaires, voire des modifications de certains éléments, comme le remplacement des tirants d'ancrage du manteau du réacteur.

Dans l'article du 27.07.2012 (http://www.lesobservateurs.ch/medias/nucleaire-suisse-denigrement-et-desinformation-des-medias) j'avais évoqué le rôle de l'expert en faisant une analogie avec la sécurité routière et l'alcool au volant. La politique définit la norme à ne pas dépasser, pas plus de 0.5 pour mille d'alcool dans le sang, l'expert contrôle ce taux chez un prévenu et doit pour cela disposer d'une compétence technique: savoir faire une prise de sang et une mesure du taux d'alcool.

Précisons aussi que c'est l'IFSN qui a pour mission et compétence le contrôle technique de conformité aux normes de sécurité nucléaire. Par contre c'est le DETEC qui délivre les autorisations, sur la base des avis de l'IFSN. Le DETEC affirme que 1) l'IFSN a fait tous les contrôles souhaitables et 2) tous ces contrôles sont probants. Le DETEC déclare qu'il n'avait donc pas de motif valable de retirer les autorisations en vigueur.

Un expert n'est pas a priori infaillible. Le cas peut se présenter où il y aurait des doutes sur la qualité du contrôle. Un recours passe probablement par la justice, mais pour aboutir il faut une contre-expertise, voire deux. Voire l'exemple des contrôles anti-dopage dans le sport, dont certains résultats sont contestés: on fait les vérifications nécessaires. C'est là qu'on ne comprend pas bien quel est vraiment le reproche que formule le TAF et sur quoi il s'appuie pour contester la qualité des contrôles de l'IFSN. Le TAF semble d'un côté reprocher au DETEC de n'avoir pas réexaminé la sécurité dela CNMmalgré Fukushima. Or le DETEC a fait faire ce contrôle par l'IFSN, n'en n'ayant pas lui même les compétences. Alors le TAF reproche-t-il à l'IFSN des analyses de mauvaises qualités, voire une tromperie scientifique? Or on ne voit pas dans les considérants du TAF des arguments techniques allant dans ce sens et qui permettraient d'orienter des vérifications qui clarifieraient la situation.

 

 

Quelques réflexions

La contestation juridique de la conformité des centrales nucléaires est une voie beaucoup plus correcte dans son principe que l'opposition dogmatique basée sur l'idée que le nucléaire est par principe impossible à maîtriser.

Mais cette contestation juridique doit être fondée. Ce qu'on peut observer n'est pas satisfaisant. Le soupçon est là: veut-on forcer une mise hors service non justifiée en créant un imbroglio juridique? Il y a des précédents: par exemple la mise hors service de la centrale de Mülheim-Kärlich en Allemagne dans les années 80. La contestation juridique ne serait-elle qu'une voie détournée de l'opposition dogmatique, les opposants politiques n'étant plus tout à fait sûr de l'emporter, l'analyse et la réflexion faisant avec le temps leur travail dans beaucoup d'esprits depuis les évènements de Fukushima?

Recommandations

Il faut absolument sortir de l'imbroglio. À tous les acteurs impliqués, du DETEC, de l'IFSN, des exploitants, des milieux académiques compétents(EPF et PSI) et du TF de clarifier et de vérifier avec rigueur et sans complaisance pour élucider la sécurité sur le fond. Et de communiquer avec clarté, parce que l'opinion publique sera déterminante. Mais elle ne dispose que des informations qu'on veut bien lui fournir.

Les médias: je reste surpris de constater que depuis les années que dure le débat nucléaire, et que la sécurité est, à l'évidence, la préoccupation centrale, on ne donne pratiquement jamais la parole à des spécialistes de la sécurité nucléaire. Et pourtant la sécurité, c'est eux qui la font, bien ou mal. Ils sont au coeur du sujet, mais absents du débat. On les trouve dans les centrales, à l'inspectorat, dans les hautes écoles. Qui peut citer un nom, qui a pu voir un visage? Certes, ce ne sont pas les seuls à écouter, mais les ignorer complètement c'est se priver a priori de connaissances professionnelles indispensables à la maîtrise  des risques. J'ai un grand soupçon: est-on vraiment intéressé à la sécurité du nucléaire? Ou ce débat n'est -il qu'un prétexte pour des leaders politiques de se valoriser et pour les médias de faire du show avec ces leaders politiques?

Et cette question centrale que chacun doit se poser: quel le vrai objectif? la sécurité ou la disparition du nucléaire?

A l'heure où les risques de l'abandon du nucléaire apparaissent de plus en plus graves et difficiles à maîtriser, il faut que les analyses scientifiques de l'Inspectorat de la sécurité nucléaire, qui montrent que la sécurité des réacteurs suisses est maîtrisée,  soient expliquées et débattues. L'omerta qui est en train de s'établir est contraire à l'intérêt général.

JFD / 15-08-2012

 

 

 

                                                                                    

                            

 

 

 

11 commentaires

  1. Posté par André Bovay-Rohr le

    Personne ici n’a évoqué les raisons pour lesquelles la “sortie du nucléaire” est devenue un thème et même l’objet de décisions gouvernementales (!). La peur de la radioactivité et donc du nucléaire civil est à mon avis à l’origine du mouvement, peur qui se révèle au cours du temps largement infondée; voyons la pire des pires histoires possibles, le contact direct avec du Plutonium 239:
    http://www.eoearth.org/article/Plutonium
    le suivi de 26 personnes atteintes par du PU 239 (qualité militaire) dans les années 1940 – pas d’effets sérieux sur la santé (pas de morts et pas de cancers); plus que surprenant !
    Voir aussi l’article:
    “Radioactivité: une fraude scientifique en a exagéré les risques”
    http://entrelemanetjura.blog.24heures.ch/archive/2012/06/25/archives.html
    La “sortie du nucléaire” perd donc l’essentiel de son fondement: le reste du blog susmentionné montre que la Suisse (à la suite de l’Allemagne, par exemple) EST EN TRAIN DE SE FAIRE AVOIR, les premiers calculs de la situation énergétique réelle (année 2010 prise comme référence) révèle l’impossibilité technique d’y arriver sans un crash majeur, le jour d’après la dernière goutte de pétrole …

  2. Posté par Francis Kay le

    – stopper la tendance actuelle à la privatisation des métiers du nucléaire serait une autre proposition, moins pour “améliorer” la sécurité des centrales que pour en empêcher la dégradation.

  3. Posté par Francis Kay le

    1) Il me semblait pourtant avoir été clair : je ne propose pas une réponse à l’alternative que vous formulez (« interdire ou maîtriser les risques »), puisque je pose comme objectif la sortie du nucléaire. Il s’agit donc de viser effectivement à maîtriser les risques, je suis forcément en faveur d’une meilleure sécurité, mais dans l’optique d’un abandon du nucléaire. « L’amélioration de la sécurité » n’implique absolument pas la poursuite à plus long terme de l’option énergétique du nucléaire. Et il n’est pas davantage possible d’associer cette «amélioration » avec de nouvelles innovations technologiques (le passage de la fission à la fusion nucléaire, etc.), puisqu’elles impliquent d’abord de nouvelles prises de risque technologiques. Vous utilisez le terme d’ « interdiction », mais il n’a absolument aucune pertinence à propos du nucléaire. En revanche, lorsqu’il se déclare « a-nucléaire », la position d’Etienne Barilier me semble beaucoup plus problématique : c’est bien là le terme adéquat pour indiquer que l’on ne veut pas se positionner sur ce sujet. Cela peut sembler pratique intellectuellement, mais c’est surtout une position rhétorique : elle est en fait indéfendable et donc inacceptable.
    2) Votre argument selon lequel sans prise de risque technique, il n’y aurait eu aucun progrès et donc aucune civilisation, est assez banal. La marche irrésistible du progrès a déjà connu des ratées : pour s’en rendre compte, il suffit de songer aux graves problèmes de gestion des ressources auxquels on se trouve confronté. Avant d’y être éventuellement contraint, peut-être vaut-il mieux décider de faire marche arrière dans certains cas, cela n’insulte ni l’intelligence, ni le génie humain.
    En ce qui concerne la sécurité de l’exploitation des centrales, comme je vous l’ai précédemment signalé, je ne suis pas ingénieur nucléaire, et ce commentaire de votre article ne peut prétendre au statut de rapport technique. Avec une catastrophe comme Fukushima, cependant, beaucoup de personnes formées par cette industrie et d’autres qui lui étaient totalement étrangères ont commencé à s’informer, à collaborer ensemble pour l’établissement des relevés réels de radioactivité dans l’archipel, puis l’intérêt pour le fonctionnement d’une centrale s’en est suivi, de façon logique. C’est une source d’informations techniques dont je tiens compte – par exemple à travers celles, assez précises, régulièrement dispensées par Arnie Gundersen (voir le lien) : https://www.youtube.com/watch?v=-GPDCD13tyM
    Vous me demandez si je connais les exigences de sécurité dans les centrales : le public sait qu’elles sont élevées, mais il faudrait au moins préciser si vous faites allusion aux normes en vigueur ou à leur application. Ces normes ne peuvent que varier, de toute façon, selon le type de centrale, son âge, ou sa localisation géographique et nationale, etc. À Tchernobyl (expérience menée sur le réacteur 4), à Fukushima (tsunami), on sait que les normes n’avaient pas été respectées et que certains facteurs de risque n’avaient pas été pris en compte.
    Vous me reprochez de ne rien proposer pour améliorer la sûreté de l’exploitation du nucléaire. Il me semble pourtant avoir évoqué l’omerta de l’OMS et la question de la transparence plus généralement. La sécurité, en tant que principe de régulation, se joue aussi à travers le droit de regard public sur l’exploitation des centrales nucléaires et cette exigence de surveillance externe ne peut être que de niveau mondial, évidemment.

  4. Posté par Jean-François Dupont le

    À Monsieur Francis Kay
    Quelques remarques brèves.

    Interdire ou maîtriser les risques?
    1) Vous n’êtes visiblement pas à l’aise avec l’idée de choisir entre être “inconditionnellement antinucléaire” et être “en faveur d’une meilleure sécurité”, et, dans la 2e option de préciser en quoi les normes de sécurité, ou leur respect, seraient à améliorer. Vous dites “les deux options que vous proposez ne s’excluent pas, mais sont évidemment complémentaires”. Ah bon, vous y croyez vraiment? Parce que pour moi, c’est aussi complémentaire que pour une jeune fille de déclarer être “un peu vierge et un peu enceinte”
    2) On ne fait pas la sécurité d’une technique avec des interdictions a priori. Dans l’histoire du développement des sciences et des technique, si chaque fois que l’homme a été confronté à une technologie à risques, il avait préféré l’interdire plutôt que maîtriser les risques, il n’y aurait pas de maisons, pas de ponts, pas de barrages, pas de navires, pas de médecine,…, bref pas de civilisation.
    En fait vous ne proposez rien pour améliore la sûreté de l’exploitation du nucléaire, la sécurité dont vous parlez se limite aux opérations d’élimination du nucléaire: démantèlement et gestion des déchets. Connaissez-vous d’ailleurs les exigences de sécurité?
    Mais ce sont vos convictions, elles vous appartiennent.
    Si maintenant le nucléaire est si mauvais, vous devriez pouvoir l’expliquer simplement en le décrivant de manière réaliste. Vous ne devriez pas avoir besoin de recourir à des critiques non fondées, à des omissions, à des semi-vérités, pour ne pas dire plus.
    Il y a certainement, et je le regrette, un déficit d’information chez beaucoup de politiciens et dans la population.
    Je pense qu’il vaut la peine de consacrer quelques articles à la sécurité, au déchets et à l’opacité que vous évoquez. Je vais les proposer aux observateurs.ch.

    Sur le livre de MM. Dessus et Laponche
    Petite précision d’abord: le prénom de M. Dessus est Benjamin, pas Bertrand.
    Ce livre est un plaidoyer pour sortir du nucléaire rédigé par des opposants notoires.
    Si une analyse (pas plaidoyer) vous intéresse, je vous recommande une des meilleures études récentes “Energies 2050” de Jacques Percebois et Claude Mandil pour le gouvernement français. Voir
    http://www.strategie.gouv.fr/system/files/rapport-energies_0.pdf
    Cette étude a le mérite de chiffrer les conséquences économiques et écologiques de 4 scénarios pour le moins contrastés: le développement accéléré du nucléaire de 4e génération, le maintien du nucléaire actuel, la diminution de la part du nucléaire et son élimination. Regardez: ce sont les chiffres qui parlent: les options avec nucléaire sont les meilleures à la fois pour l’économie et l’écologie. Où est l’intérêt général bien compris?
    JFD / 1-09-2012

  5. Posté par Francis Kay le

    Les ouvrages traitant de ce scénario de sortie du nucléaire ne manquent pas et ils ont été écrits en général par des personnes compétentes, capables de tenir compte de tous les enjeux en présence. On pourrait mentionner, entre autres, l’ouvrage de Bertrand Dessus et Bernard Laponche, “Sortir du nucléaire” : http://www.seuil.com/livre-9782021059199.htm

  6. Posté par Francis Kay le

    « Question à M. Francis Kay: que proposez-vous. l’interdiction inconditionnelle du nucléaire ou des améliorations de la sécurité? Si oui lesquelles ? »
    Pour trouver une solution, les deux options que vous proposez ne s’excluent pas, mais sont évidemment complémentaires : non pas une interdiction, mais une sortie progressive du nucléaire, couplée à une sécurité visant la mise hors service, au final, des centrales nucléaires (mais la démission récente de Marco Buser est révélatrice à cet égard). En tout cas pas une « interdiction inconditionnelle du nucléaire», mais une perspective qui se veut réaliste, puisqu’on ne peut s’en passer du jour au lendemain – pour ne pas évoquer les implications politiques de cet enjeu énergétique. Mais la question que vous posez est rhétorique : je ne suis évidemment pas un expert de la sécurité nucléaire. Je m’y intéresse en tant que citoyen et cela me semble un motif tout à fait honorable.
    Même en admettant que les centrales suisses sont sûres, cela ne nous protègerait en aucun cas d’une contamination de tout l’hémisphère Nord, si la piscine n° 4 de Fukushima venait à s’effondrer. Vu l’état actuel de ce bâtiment, cet événement n’est pas du tout à exclure. Les ingénieurs nucléaires opposés à cette technologie, comme Arnie Gundersen (mais on pourrait en citer bien d’autres), ne font pas que souligner les risques, mais proposent effectivement des solutions. Gundersen préconise un bétonnage global du site. Mais l’OMS devrait également rompre enfin ses compromissions avec le lobby nucléaire et cesser de pratiquer l’omerta dans ce domaine d’expertise.
    Sans même parler de tous les problèmes causés par les mines d’uranium ou encore les déchets du nucléaire… Bref, l’opacité entretenue dans ce domaine n’aide en tout cas pas à réfléchir sur les solutions…

  7. Posté par Jean-François Dupont le

    Question à M. Francis Kay: que proposez-vous. l’interdiction inconditionnelle du nucléaire ou des améliorations de la sécurité? Si oui lesquelles?

  8. Posté par Francis Kay le

    Indépendamment des morts déjà survenues et que le gouvernement japonais reconnaît comme liées directement ou indirectement à la catastrophe de Fukushima-Daiichi, et non au séisme, le problème se situe surtout en ce qui concerne les morts à venir, évidemment, et vous savez bien que c’est là une donnée essentielle à prendre en compte, sans même mentionner la menace très concrète que représente l’état actuel du réacteur n° 4 : http://blogs.mediapart.fr/edition/japon-un-seisme-mondial/article/220812/les-victimes-de-la-catastrophe-de-fukushima
    “Le nucléaire est encore la technologie qui maîtrise le mieux ses risques: appliquer la méthodologie de la sécurité nucléaire à toutes les technologies à risques améliorerait la sécurité générale, bien plus que l’abandon du nucléaire.”
    Avec ce que l’on vient de découvrir en Belgique dans certains réacteurs, vous me permettrez de douter sérieusement de pareilles assertions : http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_des-fissures-dans-les-cuves-des-reacteurs-nucleaires-deja-signalees-en-1979?id=7825884

  9. Posté par Jean-François Dupont le

    Le risque est bien dans la contamination, radioactive en l’occurrence. Si on regarde les grands accidents de contamination depuis l’époque industrielle, on a aussi des contaminations toxiques non radioactives qui ont fait des dégâts humains considérables: deux cas parmi les plus tragiques: Bhopal (Indes, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Bhopal) et
    Minamata (Japon, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_de_Minamata). Des milliers de victimes dans les deux cas.
    Au Japon, la contamination causée par des toxiques chimiques libérés par le tsunami et les gravats de divers installations – dont presque personne ne parle – a fait déjà beaucoup de victimes, alors que malgré les rumeurs, aucune autorité sanitaire, du Japon ou d’autres pays n’a pu identifier de décès par la radioactivité (http://www.michel-llory.com/blog/apres-le-desastre-du-japon-et-de-fukushima).
    Constat: jamais personne n’a demandé ni de “sortir de la chimie” en Suisse et nulle par ailleurs et ni d’interdire cette branche dans une constitution nationale. On a renforcé la sécurité, plus ou moins bien d’ailleurs selon la sévérité des autorités responsables.
    Le nucléaire est encore la technologie qui maîtrise le mieux ses risques: appliquer la méthodologie de la sécurité nucléaire à toutes les technologies à risques améliorerait la sécurité générale, bien plus que l’abandon du nucléaire

  10. Posté par Francis Kay le

    La contamination radioactive ignore les frontières. En cas de catastrophe nucléaire intervenant dans une centrale proche de la frontière suisse (on peut songer à Fessenheim, mais ce n’est pas la seule), la sécurité des centrales suisses, qu’elles soit effective ou non, n’y changerait rien. En l’occurrence, la période de canicule actuelle est particulièrement délicate pour l’exploitation des centrales en France.

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