Il n’y a pas lieu de continuer les négociations sur un accord de libre-échange agricole, en lieu et place, il faut étudier des améliorations ponctuelles en faveur d’une agriculture suisse productive, secteur indispensable pour notre économie nationale et notre industrie agro-alimentaire.
Jusqu’ici le Conseil Fédéral a toujours traité l’agriculture comme une partie de l’économie. Aujourd’hui, en raison de l’issue incertaine des négociations avec l’OMC, cela ne semble plus être le cas, notre gouvernement souhaite conclure avec l’UE un accord de libre échange pour les produits agricoles.
Avant d’aborder la thématique du libre-échange agricole, il est important de prendre conscience de la situation actuelle des familles paysannes suisses. Voila la seule manière de comprendre les défis énormes que devraient relever les agriculteurs helvétiques dans un marché complètement ouvert.
La surface moyenne d’une exploitation agricole suisse est actuellement de 18,3 hectares alors qu’en Allemagne elle est de 46,4 ha, soit environ 3 fois plus.
Une exploitation Suisse possède en moyenne 34 bovins, une exploitation allemande détient 71 bovins donc 2 fois plus.
Le développement économique et le changement structurel de ces 15 dernières années ont laissé des traces dans notre agriculture, on a assisté à une forte écologisation et spécialisation. De nombreuses exploitations ont constitué des associations de production et de distribution. Des systèmes de garantie de la qualité et des programmes de labels ont été lancés. Les productions de niche et les spécialités ont été renforcées et des actions de promotion de la vente ont également été entreprises.
Tout cela démontre les efforts importants consentis par les familles paysannes de notre pays.
A la hauteur
Les paysans suisses sont parfaitement à la hauteur des exigences nationales, ils ont remplis leurs devoirs concernant les réformes de structures demandées, ainsi que leurs contrats de multifonctionnalité, tout cela en produisant des aliments de qualité et en entretenant le paysage pour favoriser le tourisme, bref en apportant une contribution essentielle à la pérennité de notre état souverain et indépendant.
Vouloir leur demander encore plus dans l’immédiat serait un non respect envers une corporation indispensable à l’approvisionnement alimentaire de notre pays.
Avec un accord de libre-échange, il manquerait 2 milliards de revenus pour les agriculteurs, le marché de la viande serait concerné par une grande part de ce montant. Si toutes les productions agricoles suisses étaient touchées avec cet accord de libre-échange agricole avec l'UE, les céréales panifiables en seraient aussi victimes.
Un tel accord entraînerait la disparition de familles paysannes dans une proportion inconnue jusque-là. Les spécialistes prévoient, si l’accord intervenait aujourd’hui, la disparition de plus de 40'000 emplois dans la seule agriculture. Mais les entreprises, en amont et en aval, seraient également frappées avec une perte de 100'000 à 120'000 postes de travail.
Le taux d’auto-approvisionnement de la Suisse, le plus bas d’Europe actuellement avec un peu plus de 57%, tomberait à moins de 30%. Une agriculture pareillement décimée ne pourrait également plus assurer l’entretien du paysage, prestation essentielle pour le tourisme.
L’agriculture Suisse est capable de nourrir 4 millions de consommateurs actuellement.
De 1993 à 2012, nous avons développé une agriculture durable, respectueuse de son environnement mais aussi respectueuse vis-à-vis des animaux. Nous avons bien fait, mais nous nous sommes bien éloignés des méthodes de production pratiquées dans l’UE. Avec l’ouverture des marchés nous ne pourrions pas garder nos standards de production, cela serait un non respect des efforts consentis par les agriculteurs suisses et leurs familles envers les consommateurs de notre pays.
L’agriculture suisse est à la croisée des chemins, lui demander de se mettre au niveau des prix européens, avec nos contraintes de productions intégrées et écologiques est une mission impossible.
Il n'y a pas lieu de continuer les négociations sur un accord de libre-échange agricole, en lieu et place, il faut étudier des améliorations ponctuelles en faveur d’une agriculture suisse productive, secteur indispensable pour notre économie nationale et notre industrie agro-alimentaire.
Il faut mentionner aussi le fait que nous importons des produits carnés qui ne satisfont pas les exigences suisses de protection du bétail ce qui relève d’une monstrueuse hypocrisie. Mais voir aussi la responsabilité des grands distributeurs suisses dans le prix du lait, scandaleusement bas.