Sans surprise, rien de transcendant à l’occasion de la fête nationale. Les allocutions politiques ont semblé, comme chaque année, un catalogue d’idéologies préfabriquées à monter soi-même. Deux écueils n’ont pas été évités, la crise économique et, bien sûr, Roger Federer.
Les deux jumeaux PLR PDC se sont partagés les thèmes de choix. Tandis que Christophe Darbellay entamait avec Roger Federer, Philippe Müller commençait avec la devise des Jeux olympiques; ça aime ça le sport le bon peuple. Quand l'un soulignait le besoin de s'en tenir à une politique toujours plus libérale, l'autre faisait la promotion de son dernier produit, l'initiative dite « pour le couple et la famille », avec des propositions d'une témérité toute relative, 500.- de déduction fiscale par naissance, 5000.- par mariage.
L'UDC Toni Brunner a célébré 20 ans de liberté suite au 6 décembre 1992. Le PBD a glosé sur la route du Gothard.
Antonio Hodgers, très attendu, a enfilé les lieux communs comme d'autres les perles sur le refrain de la multiculturalité et sur cette croyance qu'il a que la Suisse, terre d’émigration, « avant de devenir un pays d’immigration », se doit de payer le billet des quelques milliers d'émigrés du XIXe en assimilant plusieurs millions d'immigrés au XXIe. Et d'oser comparer, comble de mauvaise foi historique, les « jeunes suisses du XIXe », partis construire le Brésil et l'Argentine à l'invitation expresse de ces pays, avec « les jeunes arabes de 2012 [qui] partent outre-mer pour trouver une vie meilleure »; brumeux.
Sus aux profiteurs
La palme revient toutefois à Christian Levrat, le regard froid, au garde-à-vous sur un fond de chantier. Chacun sait que l'idée même de nation suffit à donner des boutons au PS, ce qui nous vaut des perles de casuistique internationaliste du genre: « La patrie, c’est avant tout une communauté. De destin, de vie. La patrie n’est pas figée dans nos livres d’histoire, mais elle est une plante vivace, qui appelle les soins quotidiens de toutes et tous ceux qui vivent ici », entendez les immigrés. « En consolidant la cohésion de notre communauté, nous renforcerons le sentiment d’appartenance à un groupe solidaire, notre pays, la Suisse », la notion même de pays ou d'appartenance nationale n'existe que par la capacité à devenir solidaire, la nationalité n'est en somme qu'un abonnement, par voie de fiscalité, aux conceptions socialistes de partage des richesse. Et encore vous fait-on grâce du couplet redondant sur la fameuse « tentation du repli identitaire ».
Là où Christian Levrat nous donne enfin quelques frissons, c'est quand il s'insurge contre les profiteurs: « Que quelques-uns s’accapare (sic !) notre prospérité n’est pas acceptable. Toute l’année, nous luttons pour faire en sorte que la croissance profite à toutes et tous ». Mais l'ardeur du socialiste fait long feu, les profiteurs se résument « à quelques spéculateurs et entrepreneurs peu scrupuleux ». Ceux qui spéculent sur notre politique d'accueil et la capacité d'une certaine gauche d'empêcher l'application des lois comme des décisions populaires, eux, ne sont pas en cause.
Ne pas se tirer dans le dos
Du côté du Conseil fédéral, Evelyne Widmer-Schlumpf a anesthésié son auditoire d'une rétrospective de son bilan mâtinée de révélations fracassantes sur notre proche avenir. Figurez-vous que les temps sont « difficiles » et que nombreux sont les « défis » qui nous attendent... Au chapitre des énormités, le service de communication de la présidente en a laissé passer une, et de taille. A l'heure de dresser la fresque d'épouvante quant à la « situation plus rude et à [la] pression extérieure plus forte encore » qui nous attendent, Evelyne Widmer-Schlumpf a la solution toute trouvée: « Dans ces circonstances, nous dit-elle, il importe de ne pas se tirer dans le dos mais, au contraire, de serrer les rangs, garder le regard tourné vers le but et marcher ensemble dans la même direction ». Il semble impensable que la Conseillère ait évacué à ce point les circonstances de sa première élection; quoi qu'il en soit, l'UDC appréciera.
Une UDC qui se complaît d'ailleurs allègrement dans la comparaison de l'Union européenne à l'empire napoléonien, sans doute en prévision de la Bérézina qui se prépare. C'est ce qui s'appelle une vision d'avenir.
Et en ce qui concerne Genève, nous avons eu droit à un discours (écrit) littéralement ânonné par notre maire Rémy Pagani. Les thèmes, d’une platitude consternante, ressemblaient à ceux cités dans l’article et étaient (à découvrir et décortiquer sur : http://demirsonmez.blog.tdg.ch/archive/2012/08/02/8460ae2d0c17517dfef61defc5e5bb0e.html)
Mais comment peut-on avoir des édiles aussi médiocres ?! Où sont les suisses de valeur (tous dans l’industrie ???). Je ne comprends pas et à chaque fois j’ai honte d’être représentée par des gens aussi insignifiants.