Dans son dernier livre « Que savons-nous du monde » (Éditions Zoé), l’écrivain, le philosophe, le traducteur Étienne Barilier se définit en tant que « a-nucléaire », avec ce « a » privatif pour dire qu’il n’appartient ni au camp pronucléaire, ni au camp antinucléaire.
Pourtant, dans son livre le thème du nucléaire joue un grand rôle dans l'exaspération qu'il y exprime – ni envers un camp, ni envers l'autre – mais envers la manière indigne, oui, dont les médias ont traité des événements qui ont suivi le tremblement de terre, le tsunami et les explosions d'hydrogène de Sendai et Fukushima. Citons-le:
« Il faut reconnaître qu'il fallait un minimum de sang-froid, et quelques grains d'ellébore, pour éviter le plus tentant et le plus grossier des amalgames: attribuer la catastrophe du séisme et du raz-de-marée, avec ses dizaines de milliers de morts, à l'accident d'une centrale nucléaire...
J'attendais qu'il surgisse; il ne pouvait pas ne pas surgir: « 23 500 personnes ont péri dans le séisme qui a ravagé le nord-est du pays et la catastrophe nucléaire qui a suivi ... » (20 Minutes, 1er juin 2011)...
Vous avez sursauté, vous vous êtes figé de stupeur, lecteur, à la découverte de ce lapsus géant, grotesque, incroyable, qui attribue généreusement, à part égale avec le séisme, les milliers de morts du 11 mars 2011 à une « catastrophe nucléaire » qui, officiellement, n'a causé aucune mort d'homme…
Même lorsque les médias évitèrent l'expression littérale de cette aberration géante, ils firent très vite passer au second plan l'hécatombe du séisme et du tsunami pour se concentrer exclusivement sur Fukushima.
Il faudra attendre deux mois après le 11 mars 2011 pour que Le Monde se risque prudemment à écrire: « Depuis le début de la crise, le nucléaire, avec son cortège d'évacuations et d'annonces contradictoires, a presque fait oublier les drames vécus par les survivants de la catastrophe, qui a fait des dégâts le long d'un littoral s'étirant de l'île septentrionale d'Hokkaido à la préfecture de Kanagawa, au sud de Tokyo » (11 mai 2011).
Fait des dégâts ! Qu'en termes galants... et quelle pudeur! Les dégâts humains, on le voit, ne sont que sous-entendus (puisqu'il y a des « survivants », on peut en conclure, si l'on y tient, qu'il y eut quelques morts; oh, guère plus de vingt mille...
Certains n'hésitèrent pas à dire tout de go que les dizaines de milliers de morts du séisme étaient une diversion, qui nous détournait de la seule catastrophe réelle. (Marianne, 1er avril 2011).
Avec toute la vigueur d'un Zola, dans les deux chapitres consacrés à Fukushima et au nucléaire en général, Étienne Barilier accuse les médias d'une malhonnêteté extrême (« dont je suis prêt à parier qu'il n'existe aucun autre exemple dans l'histoire de la presse moderne »).
Il fustige les journalistes qui ont tiré des conclusions hâtives sur les conséquences radiologiques de l'accident. Oui, l'accident de Fukushima n'a officiellement causé aucune mort d'homme.
Lorsqu'Étienne Barilier a écrit ces lignes au début 2012, « officiellement » signifiait de source japonaise. Depuis lors des instances officielles internationales se sont ralliées à cette conclusion: la Commission internationale de radioprotection (CIRP), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Comité scientifique de l'ONU sur l'effet des radiations (UNSCEAR).
Bien sûr, c'est là une constatation gênante pour ces journaux qui se croient sérieux, comme Le Temps en Suisse romande qui suggérait le 6 avril 2011 des centaines de mille de victimes pour l'« Après-Fukushima », sous la plume du rédacteur en chef de la Revue médicale suisse! Certes, on ne peut pas toujours faire confiance au rédacteur en chef de publications qui se disent scientifiques; toujours est-il que Le Temps ne s'est pas encore résolu à publier un article substantiel sur les conclusions des trois organisations internationales citées ci-dessus, ni du reste sur le retour graduel des populations dans les zones évacuées l'année dernière.
Les nouvelles ne doivent être que mauvaises! Il semble que son rédacteur en chef fait sienne une phrase du Monde (9 avril 2011), analysée sans pitié par Étienne Barilier: « Malgré leur bon sens apparent, les tentatives d'objectiver la réelle portée de cette catastrophe sont hors de propos ». Seule la subjectivité compte, seules les émotions doivent prévaloir! Le bon sens ne doit pas être entaché d'objectivité!
La cible principale d'Étienne Barilier, c'est Le Monde le journal chéri de la gauche bon chic, bon genre, première nourriture spirituelle des meilleurs journalistes de Romandie: « Et c'est toujours le même grand et sérieux journal du soir, qui, deux mois plus tard encore, n'hésite pas à évoquer les conséquences du tsunami et du tremblement de terre comme si c'étaient celles de l'accident nucléaire, réalisant un parfait amalgame, un mensonge certainement non prémédité, mais qui n'en est pas moins colossal, et qui passe admirablement inaperçu: les morts et les destructions, dans l'esprit du public comme dans celui du journaliste, ne peuvent être que le fait de Fukushima, un point c'est tout. »... « puisque le nucléaire civil est le mal absolu, le mysterium horrendum. »
Courtois, Étienne Barilier ne s'en prend pas à la presse romande. Pourtant, celle-ci a dans son écrasante majorité rejoint le pathos et les envolées logorrhéiques de ses modèles français, ou pour celle en mains d'éditeurs suisses-alémaniques, la dramatisation encore plus intense provenant du monde germanophone. Seul l'AGEFI a gardé la tête hors de l'eau. Sans surprise, la presse romande n'a pas prêté beaucoup d'attention au livre d'Étienne Barilier, à l'exception du Temps (16 juin 2012) qui croit l'épingler en terminant l'article par une phrase assassine: « ou doit-on lire que l’auteur souhaite une presse plus conforme à ses opinions? ». Oui, effectivement, Étienne Barilier souhaite une autre presse qui « se souviendrait le lendemain de ce qu'elle écrivit hier... Elle parlerait juste comme on joue juste... Elle ne confondrait jamais les faits et les valeurs, et ne chercherait d'autres émotions que celle de la vérité ».
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Je crois que limiter à 20 msievert la dose annuelle admissible aux environs de Fukushima est contre productif.Il ya une différence entre prendre 20 mSV en une minute et les prendre sur un an.
On peut pour comprendre prendre l’exemple de la boite de petit pois : si on de fait tomber les petits pois un par un sur un pied, il ne se passe rien; mais si on se fait tomber la boîte …
Alors, on a, de ce fait effectivement à Fukushima évacué beaucoup de personnes à tort, et de ce fait créé au minimum beaucoup de troubles psychologiques inutiles
Bonjour,
Plusieurs aspects sont absents, en general, de l’information au public.
Prenons trois exemples:
– L’accident de Seveso, qui a donne lieu a des textes de lois contraignants, n’a cause aucune victime.
– L’accident de Bhopal, qui a cause plus de 4000 morts et des milliers d’handicapes a vie, n’a pas donne lieu a un texte legislatif.
– Fukushima, dont les radiations ne causeront pas de victimes (les calculs plus precis etablis recemment montrent que les valeurs initiales avaient ete surevaluee de beaucoup), donne lieu a de nombreuses decisions et creations de texte de lois.
Or, en ce moment, au Japon, meurent de nombreuses personnes des suites du deblayement des zones affectees par le Tsunami, et ceci a cause des pollutions chimiques occasionnees par ce dernier (et par le tremblement de terre) mais personne n’en parle.
De la meme facon, l’arret des reacteurs nucleaires japonais cause la mort de milliers de personnes par absence de climatisation pour economiser l’energie et limiter la “casse” du cote de la balance commerciale deficitaire depuis mars 2011. La encore, personne n’en parle.
Certaines installations (Publiques et privees) avaient pris en compte les recommandations de la surete nucleaire (etat, internationale) alors que Tepco ne l’a pas fait. Les systemes de securite, lorsqu’ils n’etaient pas encore en place, ont ete installe AVANT le tremblement de terre. Or ces compagnies payent les pots casses dus a leur voisin inconsequent.
De le meme maniere, il semble absolument hallucinant que l’Europe au sens large, choisisse des strategies energetiques qui ne sont pas viables (a l’exception de la Finlande, de la Pologne, de la Tchequie et de la Grande-Bretagne) alors que rien ne les justifient.
Il y aurait beaucoup a dire…
Bonne journee
Sebastien
Létude mentionnée par Richard Hill est disponible sur internet (http://www.stanford.edu/group/efmh/jacobson/TenHoeveEES12.pdf). Il s’agit d’un travail très poussé d’un étudiant en météorologie basé sur une modélisation trois-dimensionnelle des courants aériens dans le monde entier, avec conversion des concentrations de radioactivité calculées en conséquences sanitaires par le biais de normes de radioprotection américaines. C’est très intéressant du point de vue technique, moins de celui de la santé publique, pour lequel prime l’avis des organisations internationales de radioprotection. Mais a permet aux journaux de noircir une page et la situation en se servant de la limite supérieure d’une fourchette allant de 15 à 1100!
Selon une étude de l’Université de Stanford (qui confirme d’autres études), la radiation suite à l’accident de Fukushima pourrait causer entre 15 et 1100 morts (de cancer), le nombre les plus probable étant 130. Il y a eu environs 600 morts suite à l’évacuation de la zone à risque radiologique, et la dite évacuation a au mieux evité la mort de 245 personnes. C’est à dire, le risque de mort par radiation était inférieure au risque de mort par évacuation (les morts sont des personnes agées qui n’ont pas supporté le demangement). J’ai vu un sommaire de cette étude sur les site RTS.CH, mais je ne le trouve plus. Concidence?