Figer les Alpes

Yannick Buttet
Yannick Buttet
Conseiller National PDC
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Les Parlementaires les plus couards du Centre et de la Droite ont cédé aux pressions des écologistes faisant totalement fi des valeurs et des citoyens qu’ils défendent (ou disent défendre) au profit d’un politiquement correct donnant la nausée.

Entre nos amis Suisses allemands qui conservent une vision romantique du paysage, coupée de toute réalité concrète et les urbains de tous bords pour qui les Alpes doivent rester ce lieu de détente et de loisirs, la tâche de celles et ceux qui vivent et font vivre les paysages alpins est chaque jour plus ardue.

Les habitants des Alpes qui recherchent des possibilités de gagner décemment leur vie malgré des conditions de base moins favorables qu’ailleurs, se voient stigmatisés, traités de rétrogrades et d’ennemis du développement durable.

Certains souhaiteraient figer les Alpes et leurs habitants pour assurer le besoin d’authenticité qu’ils ne peuvent plus satisfaire dans leur cadre de vie urbain.
Cet état d’esprit s’est fortement manifesté ces derniers temps à l’occasion des diverses prises de position du Peuple suisse ou du Parlement fédéral en matière d’aménagement du territoire. Les habituels lobbies écologistes, bénéficiant de moyens considérables et assurant une présence forte tant dans le public qu’auprès des parlementaires, se sont trouvés des alliés de circonstance.

Valeurs fondatrices

Ces décisions récentes, au-delà des intérêts propres à certains lobbies ou à certains cantons, ont mis en évidence deux tendances actuelles : la remise en question de la propriété privée et du fédéralisme, deux notions fondatrices de la Suisse que l’on retrouve dans notre Constitution fédérale.

Les atteintes à la propriété privée d’abord, que la révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) illustre parfaitement. D’une part les collectivités publiques pourront forcer les propriétaires fonciers à vendre ou utiliser leur terrain et d’autre part on va « rendre » des milliers d’hectares de zone à bâtir à l’agriculture dans toute la Suisse. Pour un pays assurant constitutionnellement le respect de la propriété privée, cela suscite certaines interrogations légitimes.

Que dire aux familles ?

De quel droit peut-on forcer un père de famille à brader le terrain qu’il destinait à ses enfants ? Comment peut-on expliquer à un couple de retraités que cette terre fièrement acquise et conservée durant toute sa vie comme poire pour la soif ne vaille plus rien d’un jour à l’autre ? Et que dire aux familles et jeunes entrepreneurs qui ont mis leur terrain à bâtir en gage pour démarrer dans la vie et que la Berne fédérale va placer, sans raison, en situation difficile (et c’est un euphémisme !) ?

La remise en question du fédéralisme ensuite puisque les récentes discussions en matière d’aménagement du territoire ont tourné à la stigmatisation proche d’une chasse aux sorcières. Plutôt que de reconnaître les conditions cadre différentes de nos 26 cantons, le débat a rapidement viré au jugement de valeur en listant les cantons ou les communes qui ont « bien travaillé » et ceux qui seraient en queue de peloton et qu’il s’agit de punir et de redresser…

Esprit suisse

Cette manière de faire ne correspond pas à l’esprit suisse. Notre pays a appris à travers les siècles qu’il n’y pas une seule manière de gérer les problèmes et plutôt que d’imposer du haut en bas une solution uniforme, il vaut mieux de multiples solutions adaptées aux sensibilités locales et majoritairement acceptées par les personnes concernées. C’est aussi ce fédéralisme vécu qui fait du modèle helvétique un exemple de cohabitation réussie entre des peuples différents.

Cette double remise en question tant de la propriété privée que du fédéralisme pourrait être relativisée si le Peuple et le Parlement fédéral ne nous habituaient à des décisions faisant toujours moins de cas des particularismes cantonaux ou locaux. Le fédéralisme est encore mis en valeur dans les discours mais dans les actes il souffre chaque jour davantage. Il semble que le citoyen suisse soit moins prêt à accepter les différences chez ses concitoyens. Si cette tendance n’est pas corrigée au plus tôt, l’avenir de notre Suisse sera compromis.

Couardise

Finalement, la décision récente sur la LAT n’a prouvé qu’une chose : que les Parlementaires les plus couards du Centre et de la Droite ont cédé aux pressions des écologistes faisant totalement fi des valeurs et des citoyens qu’ils défendent (ou disent défendre) au profit d’un politiquement correct donnant la nausée.

Si dans le domaine de l’aménagement du territoire, nous, habitants des Alpes, pouvons-nous attendre à nous retrouver dans un bocal sur l’étagère d’un bobo zurichois, chaque Suisse peut déjà se demander s’il ne sera pas la prochaine victime de cette uniformisation galopante et incontrôlable.

Un commentaire

  1. Posté par Olivier Pitteloud le

    Hé oui, tous ces écolos qui veulent à tout prix “protéger les alpes” mais qui roulent en 4×4, ont plusieurs maisons/immeubles et qui ne veulent surtout pas amoindrir leur niveau de vie : faites ce que je dis, pas ce que je fais !

    J’espère que la droite en générale va se reprendre car sinon, on va au devant de grave problèmes dans ce pays !

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