Doris Leuthard et ses apôtres de la volte-face

Bruno Pellaud
Bruno Pellaud
Physicien
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Comme d’habitude, les médias ont gobé avec bienveillance ce qu’on leur a dit. Pourtant, la rencontre avait un air de vaudeville que les observateurs complaisants ont passé sous silence.

Par tous les moyens, Madame Doris Leuthard prône sans répit la volte-face énergétique et la sortie du nucléaire Sa dernière initiative: convoquer les régies fédérales pour les encourager à montrer l'exemple en matière de bon comportement énergétique (NZZ, 12 juin 2012). Comme d'habitude, les médias ont gobé avec bienveillance ce qu'on leur a dit. Pourtant, la rencontre avait un air de vaudeville que les observateurs complaisants ont passé sous silence.

Les CFF d'abord, le plus gros consommateur d'électricité en Suisse. Son directeur général a essayé de faire passer un message encourageant pour la ministre - à l'aide d'arguments à 25%. La prévision, c'est une augmentation de 25% du trafic ferroviaire d'ici à 2030, une augmentation qui résulte de l'engouement populaire pour ce mode de transport. L'objectif, par contre, c'est une réduction de plus de 20% de la consommation grâce à une série de mesures novatrices. Premier exemple: former les conducteurs de locomotives à éviter les accélérations intempestives, un avantage certain pour les passagers debout dans les voitures. Second exemple: Diminuer la vitesse des trains, une idée captivante qui fait suite à des investissements massifs depuis vingt ans sur le réseau ferroviaire pour réduire les temps de trajet. Bref, les CFF vont ralentir les trains et nous renvoyer aux bon vieux temps d'avant Rail 2000 et de l'horaire cadencé ponctuel. Et des billets bon marché. Car, le directeur général des CFF s'est pour ainsi dire excusé publiquement pour la quote-part nucléaire de 25 %  dans le ravitaillement en électricité de sa régie. Ce sont-là des droits de tirage de centrales nucléaires françaises et suisses, courant acquis à un coût de 4,7 centimes le kilowattheure (à un ou deux dixièmes de centime près), des droits de tirage très avantageux qui resteront valables pour plusieurs décennies encore et que, néanmoins, les CFF se proposent de vendre d'ici 2025. On peut se demander ce qu'il adviendra du prix du billet de chemin de fer, lorsque l'électricité sera "renouvelable" à un coût de 20-30 cts le kWh. Ou alors ce sera du courant importé d'Allemagne produit dans des centrales au charbon. Dans ce cas mieux vaudrait, semble-t-il,  importer le charbon allemand et revenir aux locomotives à vapeur!

L'autre géant, la Poste. Elle a fait savoir à Mme Leuthard qu'elle va contribuer à une réduction des émissions de gaz carbonique en convertissant son parc de véhicules à la propulsion électrique. Elle va encore encourager ses employés à utiliser les transports publics (électriques) et le covoiturage. À peine satisfaisant, puisque les services fédéraux veulent une décroissance de la consommation d'électricité, bien plus que celle du gaz carbonique.

Quant à Swisscom, son directeur général ne se contente pas de dire que son entreprise carbure déjà aux énergies renouvelables; il se voit encore grand chef d'orchestre d'un réseau électrique "intelligent"  qui optimiserait production et consommation. Oui, mais ce sera ici la tâche du propriétaire du réseau national, Swissgrid, qui saura certainement mieux le faire au niveau de 380'000 volts que Swisscom et ses 20 volts habituels. La modernisation du réseau électrique et son renforcement vers les futures centaines d'éoliennes du Jura devraient coûter quelque 17 milliards de francs sur les vingt années à venir, nous a-t-on dit. En fait, Swissgrid n'attend que la permission officielle d'augmenter le prix du courant des deux centimes le kWh nécessaires pour se lancer… et naturellement le feu vert des organisations écologistes.

Et la cerise sur le gâteau, c'est Skyguide, aussi présent aux côtés de notre ministre. Skyguide à annoncé son intention de mieux optimiser le trafic aérien afin de parvenir à une réduction de la consommation de kérosène et d'énergie dans les aéroports. On a parlé en particulier de la gestion des vols transatlantiques et de l'optimisation du trafic européen (sic). Espérons que ce sera fait sans trop affecter le trafic aérien. Autrement, les passagers feront mieux de prendre le train, même lent.

Un commentaire

  1. Posté par Marie-France Oberson le

    On dirait une histoire belge !
    L

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