A force de perdre les élections, les différentes droites veulent-elles également perdre leurs électeurs?
On connaît les difficultés un peu partout en Suisse pour parvenir à des alliances ou même à des ententes ponctuelles lors d’élections entre les différents courants et partis politiques de la droite. Souvent, à propos de l’UDC, la gauche tente de la qualifier d’extrême droite et la droite tombe dans le panneau en partageant ce point de vue, quitte à perdre les élections, les une après les autres. Il n’a pourtant jamais été nécessaire de partager tous les points de vue sur tous les problèmes pour trouver un minimum d’entente entre partis démocratiques et gagner ainsi les élections, sinon il n’y aurait pas plusieurs partis politiques à droite comme à gauche!
La droite se laisse intimider par la gauche
Mais la droite se laisse souvent intimider par la gauche jusqu’à partager sa définition de l’UDC. On passe aussi beaucoup de temps, à droite, pour dire que c’est l’UDC qui est responsable de l’absence d’accord et qu’il y a tout de même de trop grandes différences sur certains points et valeurs. Pensez-vous que la gauche se pose se genre de question? Malgré le passé du communisme, la gauche n’a pas ce genre de scrupules et n’hésite pas à s’allier avec lui, sous son appellation originale ou réécrite en termes plus acceptables avec évidemment le mot démocratique à quelque part.
Le cas de la France : F. Bayrou ou le grand nigaud
Regardez un peu ce qui s’est passé en France pour les dernières présidentielles: le pays est largement à droite mais se retrouve avec la gauche au pouvoir, et pas une gauche modérée. Dans ce cas-là, le plus grand nigaud a certainement été François Bayrou qui a appelé à voter pour la gauche en espérant un «retour sur investissement». De retour? il n’y en a point eu. Pire: il risque même de se faire battre dans sa propre ville de Pau aux prochaines législatives, par le maintien du candidat socialiste. «Sectarisme» a répondu le naïf! La gauche est ainsi. Qu’on se le dise.
La base des partis de droite ne veut plus des querelles des dirigeants?
Là nous sommes chez l’élite politique. Mais que se passe-t-il à la base? Un sondage français montre une réalité intéressante plus généralement. Selon ce sondage, TNS Sofres Sopra Group, pour i>Télé, du 31 mai 2012 , 64 % des électeurs du Front national et 55% de ceux de l’UMP souhaitent des accords électoraux aux élections législatives des 10 et 17 juin en France, cela au cas par cas sur le plan local. 62% des sympathisants du FN sont même favorables à un accord électoral national, contre 32% des sympathisants UMP.
La situation n’est certainement pas très différente en Suisse. 0ù chaque parti renvoie la faute d’une absence d’accord, même minimal, sur l’Autre, avec toujours le même bénéfice: pour qui?
Après la frustration, l’abstention?
Leçon à en tirer: à force de perdre les élections, les différentes droites veulent-elles également perdre leurs électeurs, qui, de plus en plus frustrés par cette situation, finiront par ne plus croire dans la politique et, dégoûtés, s’abstiendront de plus en plus. Encore une fois, au profit de qui?
M. Windisch,
Quelle est votre définition de la droite ? Faut-il être conservateur pour être de droite? Pour ma part, je me réclame de droite, mais d’une droite libérale (au sens économique et sociale du terme), humaniste, progressiste… Je ne me retrouve pas du tout dans l’UDC et sur de nombreux sujets, je suis plus proche de la gauche.
Je devrais donc être prêt à toutes les compromissions (alliance avec l’UDC en particulier) pour faire gagner ce que vous appeler la droite? Et non, désolé, je préfère bien souvent une gauche progressiste, qu’une droite conservatrice qui empêche notre pays d’avancer!
Quel article rafraîchissant! Ca change de ceux d’Yvan Perrin et du rabâchage de cas particuliers systématiquement présentés de manière simpliste afin d’attiser la vindicte populaire. Je dois lui reconnaître une remarquable maîtrise de cette pratique.
Cela dit: Oui, le centre de gravité de la droite s’est insensiblement déplacé à gauche. Oui, il faut que la droite fasse une politique de droite. Cela ne signifie pas qu’elle doit passer d’un extrême à l’autre en utilisant de surcroît un vocabulaire dévalorisant pour ses adversaires. Si la droite en est là, c’est d’abord de son propre fait et elle en est pleinement responsable. Le fait que ses opposants soient mieux organisés et plus efficaces dans le passage de ses messages ne les rend ni indignes de respect ni nauséabonds. En outre, il ne faut pas se tromper de cible: On met systématiquement dans le même panier, pour le plus grand bonheur de l’extrême gauche, les socialistes et les crypto-communistes. Or, bien des exemples montrent qu’un socialiste au pouvoir, confronté aux contraintes de l’économie de marché, adopte souvent une approche quasi libérale, consciente des mécanismes économiques, alors que les autres focalisent leurs forces sur la destruction du système et sur l’attraction d’un électorat protestataire,
La développement d’un parti politique passe par le marketing, et Blocher l’a compris avant tout le monde: sans cible définie, comment choisir les moyens appropriés de l’atteindre.
Dans ce contexte, je n’ai pas de problème avec des alliances avec une droite plus marquée. Encore faut-il que la droite traditionnelle revienne à des valeurs simples et clairement défendues de responsabilité prioritairement individuelle et de politique sociale directement conditionnée par la situation des caisses de l’Etat.
Comme l’a si bien dit le chancelier Schroeder dans un entretien avec l’Hebdo: : “‘Allemagne sera aussi sociale que son économie lui permettra de l’être!” Il n’a pas dit: ” …que sa capacité d’endettement lui permettra de l’être.” Si ce n’est pas un credo libéral, …
Dans cette logique, on ne peut que contester vigoureusement le laxisme dans la gestion des caisses de pension publiques auquel a souscrit une bonne partie de la droite qui a perdu ses repères traditionnelles. Rien ne nous autorise à constituer et à passer aux générations suivantes des déficits colossaux qui ne pourront être réduits par notre économie nationale future, dont les marges seront substantiellement érodées par la compétition internationale!
Si les cas particuliers sont évidemment significatifs par les exemples qu’ils apportent, l’enjeu auquel la droite est confrontée est autrement plus large et important. Y répondre par des yakas réduit la droite à un rôle réactif réducteur!