«On a tenté ce soir d’informer les gens»
En de très rares occasions, la politique suisse permet d'observer le clivage entre les partis dits «populistes» - terme inventé par ceux qui ont cessé d'être populaires pour qualifier ceux qui le sont devenus - et les partis dits de «système». Les premiers étant toujours des partis d'idéologie d'opposition, à l'assaut d'un pouvoir dont les seconds exploitent confortablement les prérogatives, et ce, le plus souvent, depuis plusieurs décennies.
S'il est de bon ton de célébrer, de part et d'autre, le principe démocratique comme fondement de toute liberté, les réactions divergent curieusement lorsqu'il s'agit d'en étendre les effets. Les partis de «système» ont tout avantage à verrouiller l'accès au pouvoir pour freiner toute tentative de changement et ainsi garder leur place. Les techniques sont multiples pour brider la volonté populaire sans l'écraser de façon trop visible: triangulaires en France, maintien du système majoritaire en Suisse, monopoles médiatiques etc. Or, si la démocratie est bonne en soi, pourquoi chercher à en diminuer l'emprise et pourquoi craindre son développement?
Un cas concret
Le cas de la campagne sur l'initiative de l'ASIN, qui pose une équation somme toute assez simple: plus de votes populaires sur les accords signés avec l'étranger, porte une lumière des plus crues sur les réticences de la coalition des partis du «système». Coalition quasi unanime, de gauche à droite de l'Assemblée fédérale, dressée face à une UDC dont la solitude politique, jointe à la compagnie de près d'un tiers de la population, ne cesse de creuser le fossé qui sépare le «peuple» de la majorité de ses «élites».
Depuis le 6 décembre 1992, le fait est que, malgré son refus, la Suisse est entrée dans la sphère d'influence légale de l'Union européenne, «à coups de pompe dans l'oigne» comme aurait dit Audiard, par seul effet de la volonté parlementaire. La nécessité de rétablir la pleine souveraineté du peuple sur ses propres décisions s'impose donc d'elle-même. Si l'on comprend mieux à cet égard la réticence de la grande coalition européiste, l'on comprend moins, en revanche, la raison de ses arguments: plus de démocratie nuirait... à la démocratie.
Infrarouge
Face à tant de logique, reste à passer le test de la conviction populaire. Les médias publics, otages assumés des partis de «système», ont la primeur de ce type de débat avec, dirait-on, mandat de ne pas faciliter la tâche de l'opposition.
L'émission de la RTS Infrarouge, s'emploie, depuis près d'une décennie, à force de SMS décérébrants, de dessins se voulant humoristiques, d'intervenants surprise, d'experts patentés et, surtout, d'interruptions continuelles, à brouiller le rare propos qui réussirait encore à atteindre le téléspectateur.
Fatiguée de vivre avec cette impression vivace de désavantage systématique, la rédaction des Observateurs.ch a décidé, pour une fois, de quantifier, aussi précisément que possible mais sans prétention scientifique définitive, ladite impression par la voie de la statistique.
Le Match
Le match opposait les conseillers nationaux UDC Luzi Stamm et Oskar Freysinger, flanqués d'une relique de feue l'extrême-gauche parlementaire genevoise, Jean Spielmann, à l'alliance de gauche-verte formée d'une Adèle Thorrens tout en cheveux et du PDC valaisan Yannick Buttet, tout en bouc et en moustache.
En arbitre, sur le terrain, une Elisabeth Logean, dûment dressée par sa maîtresse à penser à ne pas laisser ses interlocuteurs terminer une phrase, et le Pr. Andreas Auer, aux accents compassés, en juge de ligne, mais dont on s'apercevra bientôt qu'il joue pour l'équipe du Non. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il a été compris dans la présente statistique.
La statistique n'a tenu compte que des gestes de Mme Logean, pour tenter d'exciper de l'impartialité du service public, et n'a pas comptabilisé les interruptions ou prises de parole des intervenants entre eux.
La première catégorie recense les transferts de parole à l'un ou l'autre camp, que la chose ait réussi ou non, la deuxième les interruptions nettes, et non les précisions en cours de temps de parole, la troisième, les interruptions ayant pour but de donner la parole à la partie adverse, la cinquième les questions censées déstabiliser ou abonder dans le sens du champ argumentatif adverse, la sixième, marque de maison de Mme Mamarbachi et de son émission, les tentatives de faire taire l'intervenant en parlant plus haut que lui, en même temps que lui. A la défense de Mme Logean, dans cette dernière catégorie, il est admissible de considérer que la modération requiert un certain résultat et que certains intervenants sont plus faciles à modérer que d'autres.
Une chose encore, Mme Logean semble avoir été chargée, en conseil de rédaction, de faire passer un message pour le moins curieux: l'initiative de l'ASIN serait une initiative anti-Europe, voire le réflexe pavlovien d'une droite obtuse, fermée à tout ce qui pourrait avoir trait à l'étranger. Elle y reviendra pas moins de 5 fois durant les 3 ou 4 minutes de son temps de parole effectif (01:58; 05:48; 05:56; 22:57; 39:36) avec des questions telles que: «Est-ce que vous visez précisément l'Union européenne? C'est un peu l'impression qu'on a», ou encore «C'est donc une initiative contre l'Europe?», voire des remarques sans appel: «Ca peut être un peu le sentiment du peuple, on nous impose un droit européen». Vision ô combien précise de la caricature d'esprit critique qui sert à la rédaction de la première émission de débat du service public de langue française, laquelle croit encore pouvoir rallier un auditoire par la sempiternelle réduction ad europam.
De toute évidence, l'on n'avait pas envie, ce soir-là, à la RTS, d'entendre cette voix d'un peuple amoureux de sa démocratie et qui en réclame toujours plus. Il fallait taire ce cri, détourner cette attention, faire diversion. L'équation qui peut se faire entre passages de parole et interruptions en faveur du camp adverse est révélatrice des efforts concrets et quantifiables consentis par Mme Logean pour distordre la réception du message de la partie favorable à l'initiative. «On a tenté ce soir d'informer les gens», cela n'est pas démontré.
INITIATIVE ASIN Spéciale votation - Accords avec l'étranger : la parole au peuple 15.05.2012 59′ 19″
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PRO Oskar Freysinger (UDC) Jean Spielmann (PdT) Luzi Stamm (UDC) |
ARBITRAGE Elisabeth Logean (Journaliste RTS) |
CONTRA Andreas Auer (Uni ZH) Yannick Buttet (PDC) Adèle Thorrens (PES) |
13 |
1. - Attributions de la parole - (et tentatives) |
22 |
5 |
2. - Interruptions - (et tentatives, explicitations non comprises)
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3 |
19 |
3. - Interruptions en faveur du camp adverse - (et tentatives)
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4 |
9 |
4. - Questions, remarques, en faveur des arguments du camp adverse -
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1 |
12 |
5. - Tentatives de couvrir la voix de l'intervenant -
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2 |
27′ 00″ |
- Temps de parole - |
28′ 49″ |
Eh ben, tant qu’aucune guillotine style Audimat ne sera régulièrement réalisée ET publié, la RTS UN n’aura qu’une consolation: La Première, c’est encore pire.Parfois, on se croirait en plein “Real-socialismus”. A propos, avez vous déjà vu une publication d’Audimat de votre “Radio préférée”?. Faites moi savoir. A bon entendeur.
Depuis longtemps je me fais du bien: Je zappe infrarouge. Faites comme moi! A quoi bon perdre son temps…..
C’est le genre d’émission que je regarde depuis longtemps d’un derrière discret! Rien à ajouter, sauf que ça fait mal de payer Billag pour “ça”!
Hélas, rien de nouveau sous le soleil. Notre télévision, ainsi que la majorité des médias est à gauche. Je ne sais pas si la proportion atteint celle de nos amis français, environ 85%, mais en tout cas il n’a échappé à personne que IR est le numéro un en matière de désinformation. Jusqu’à quand on peut le tolérer, difficile à dire, mais une chose est sûre, celà devient insupportable. Je suis persuadé que la parole reviendra aux citoyens, car la gauche n’apporte aucune solution, et le bon sens découlant de l’initiative de l’ASIN apparaîtra au grand jour comme inéluctable. Le seul regret étant que la gauche dispose encore d’une capacité résiduelle parasitaire, et qu’avec l’aide des médias il nous font perdre un temps précieux.
J’en ai mamarre de madame Bachi. D’autres personnes munies d’une grande bouche arrivent à formuler des propos intelligents. Pas elle, pourquoi donc ? On the other hand, on pourrait attendre d’un employeur qu’il sanctionne la médiocrité et prive d’écran les incompétents: la TV pourrait-elle devenir cet employeur exigeant, respectueux de son public?…
Je crois que la partialité de Mme Mamerbachi et son autoritarisme d’institutrice d’école primaire n’échappe pas aux téléspectateurs, il est effectivement déplorable que cette personne crispée sans charisme soit incapable de garder l’impartialité qui sied à son rôle d’animatrice. Il est aussi regrettable que le dessinateur Mix et Remix (excellent lorsqu’il travaille dans la presse) ne cesse de sous entendre par ces “crobards” que le niveau du débat serait trop complexe pour le téléspectateur moyen, il crache dans la soupe que lui offre Infrarouge et prend les téléspectateurs pour des cons. Ces interventions qui n’apportent rien à cette émission sont non seulement très partisanes, mais aussi assez médiocres par rapport à ce qu’il à l’habitude de nous montrer. Personne n’ignore que Mix et Remix s’est égaré à participer activement à la campagne anti-UDC orchestrée par le marchand de pompes candidat unique du “Parti du Rien”, le petit patron libéral Toto Morand qui s’est fait connaître en mettent un minaret sur le toit de son entrepôt commercial pour protester contre la décision du peuple de faire interdire les minarets en Suisse.
Entre nous, aviez-vous une autre attente? Ils ont tenté de déinformer les gens, “what else” . Rien de nouveau, cela dure depuis des lustres…..
Pourquoi participer à ces débats avec des conducteurs partiels? Nous devons les boycotter. En Italie, le mouvement de 5 étoiles a très bien réussi sans prendre part a aucun débat télévisé.
Il y a des lunes que nous sommes tous lassés par l’inadmissible autoritarisme absolu de Mme. Mamerbachi; la grossièreté de ses interruptions de parole aux contradicteurs de ses opinions, à supposer qu’elle en eût, illustre, si besoin était, l’insultante prétention de celle qu’on ne reconnaît pas comme journaliste et abasourdit toujours davantage de téléspectateurs, elle doit “dégager” pour assainir l’ambiance télévisuelle romande.
Pleinement d’accord avec M. Rodolfer. Cette punaise est insupportable autant par le ton de sa voix que par son comportement. A virer au plus tôt.
Cette émission est une des pires qui existent. Mme. Mamerbachi a donné le ton, quand un invité ne va pas dans la direction qu’elle souhaite, elle lui coupe systématiquement la parole. Le faux débat doit aller dans la direction voulue par la journaliste, un point c’est tout. Conseil à tous les frustrés, changez de chaine.