La proximité des élections cantonales vaudoises remet sur la table la question lancinante des alliances sur le flanc droit de l’échiquier politique.
La Suisse n’est guère différente des autres démocraties occidentales, au moins sur un point: l’électorat se divise à parts presque égales entre une gauche et une droite, séparées par un bloc plus ou mois épais que l’on appelle centriste.
Certains argueront peut-être de ce quasi-équilibre pour affirmer que le classique clivage du champ politique entre droite et gauche est dépassé, rattrapé par les nouvelles attentes exprimées par les citoyens et que synthétiseraient davantage les nouvelles formations apparues partout, en prétendant incarner fidèlement ce centre si abstrait…
Nous n’entrerons pas ici dans le problème de la pertinence de l’antagonisme gauche-droite. Il faut cependant se rappeler que crier à la mort de cette polarisation de l’activité politique n’obéit à aucune réalité avérée. Cette attitude ne constitue qu’une réplique de la mort des idéologies proclamée à grands fracas dans les années 60 et 70. On connaît la suite: les idéologies ne se sont pas éteintes; elles se sont fragmentées et transformées...
On ne peut aller contre la nature de l’homme. S’il est évident que gauche et droite ont subi d’innombrables mutations au cours de ces 50 ans dernières années, il n’en est pas moins vrai qu’il existera toujours au moins deux approches philosophiquement opposées de saisir l’être humain, de décliner les conséquences logiques de la liberté et de l’égalité, de les combiner. Et que le gouvernement se fera toujours dans une sorte de centre marqué tantôt à droite, tantôt à gauche.
Les deux piliers de la droite
Une fois ce cadre de base admis, on peut s’interroger sur l’image que reflètent la droite et la gauche. Nous nous concentrerons sur le cas de la droite, aujourd’hui soumise à des pressions qui épargnent davantage sa rivale, qui semble avoir, du moins provisoirement, réglé le problème de son extrême gauche. Les projecteurs peuvent ainsi se braquer sur la droite, dont les fissures alimentent maints débats.
Que révèlent ces divisons, que l’on ne peut nier? Que la droite est diverse. Et derrière cette évidence se cache une autre réalité, que l’on a tendance à oublier: elle l’a toujours été! Depuis la révolution, la droite se conjuge au pluriel. Car elle repose historiquement sur deux piliers.
À travers ses multiples refontes se dégagent deux lignes de force, parfois en guerre ouverte, parfois alliées dans des une vision commune du gouvernement: une droite d’obédience libérale, d’un point de vue tant politique qu’économique, assez rapidement acquise à la démocratie, et une droite conservatrice, longtemps marquée par la supériorité des valeurs religieuses puis progressivement ralliée à la démocratie. Ces deux groupes se mélangent parfois dans une sorte de synthèse libérale-conservatrice.
Le cas suisse est bien entendu un peu particulier puisque les soubassements démocratiques du «bon gouvernement» furent fondés par la droite libérale elle-même, dans sa variante «radicale».
Mais en Suisse se dessinent les mêmes lignes de fracture. Dès la fin du XIXème siècle, on repère nettement un libéralisme assez étatique (leradicalisme «classique»), flanqué d’une aile économique très libérale sur le terrain économique, et un conservatisme très ancré dans les traditions helvétiques de la démocratie directe, plus ou mois antimoderne, plus ou moins libéral. Entre les deux se profilera bientôt un libéral-conservatisme très affûté.
Ce conglomérat hétérogène, qui occupe le territoire de la droite, s’ést peu à peu fondu dans un bloc «bourgeois» aux contours moins distincts sous les effets du grand consensus «libéral-socio-démocrate» de l’après-guerre, avant d’éclater brutalement, avec l’émergence d’un néolibéralisme en quête d’une nouvelle approche du rôle de l’Etat. Et surtout après la chute du Mur de Berlin.
Ainsi face au bloc libéral-radical, en voie de fusion, se trouva un bloc plus conservateur qui a récatualisé une vision libérale-conservatrice en recul après 1945. Cet alliage avait certes quelque chose de nouveau tant on avait oublié qu’il était consubstantiel à l’idée de doite, et en Suisse aussi… où le bloc radical fut longtemps dominant.
Mais l’équilibre s’est modifié, en faveur du pôle libéral-conservateur. Il s’agit dès lors de réapprendre à percevoir la droite dans sa réalité profonde, avec ses divergences naturelles, et comprendre, dans le contexte parcellisé d’aujourd’hui, qu’elle ne peut gagner que si elle redécouvre ses fondements historiques communs et qu’elle trouve un modus vivendi entre ses composantes. Ce qui n’empêche ni la concurrence, ni une recherche constante de nouvelles façons de les faire dialoguer entre elles… La droite a deux piliers: qu’elle se le dise !
UN constat pur et dur démontre que le socialisme moderne conduit à la faillite intellectuelle et matérielle. Il est tellement éloigné du Socialisme natif – le seul mouvement de pensée réellement humaniste – que sa seule évocation fait hésiter.
A l’opposé, la Droite traditionnelle incite à l’ouverture , au progrès. Son immense défaut réside dans son arrogance actuelle qui va créer son auto-destruction. Il est urgent que les forces de droite se reprennent et perpétuent leur vocation de développement dans le respect des droits de chacun(e).
Je suis d’accord avec le fait qu’il existe deux courants majeurs dans la droite politique en général, dont certains représentants mélangent les recettes davantage par tradition obscurantiste que par un goût de l’éclectisme éclairé. Je veux dire par là que ce n’est pas parce que certains libéraux et radicaux sont somme toutes assez conservateurs au niveau des mœurs qu’il faut penser que cet amalgame est de règle et qu’il permet à la droite de se cimenter! Comme vous le dites, ces deux courants n’ont rien avoir l’un avec l’autre, peut-être même davantage que ne peuvent l’être la social-démocratie et le communisme à la gauche de l’échiquier politique, parce que ceux-ci proviennent les deux du marxisme (quoi qu’en puisse dire les bobos d’aujourd’hui). C’est la raison pour laquelle la réunion du PLR et de l’UDC blochérienne est par essence contre-nature. Le libéralisme est à la base une idéologie progressiste, qui s’est ensuite insérée dans les mœurs pour devenir un courant conservateur par rapport à l’instauration de nouvelles règles du jeu par la gauche (en particulier dans le domaine économique). Le conservatisme de la droite est par essence un conservatisme teinté nostalgie, ce que vous verrez rarement chez les vrais libéraux. Donc il faut arrêter de faire passer l’alliance “nécessaire” de la droite vaudoise pour un regroupement idéologique harmonieux, même s’il existe des terrains d’entente. C’est de la realpolitik et ça le restera toujours entre le PLR et l’UDC, il n’y a qu’à voir le coup fourré orchestré par les seconds aux premiers lors des dernières élections fédérales…
Impossible ! Les droites sont idéologiquement éloignées ce qui n’est pas le cas à gauche.
Merci à O.Meuwly pour cette courte synthèse, qui devrait l’encourager à rappeler le rôle et les positions de la Droite romande.
Les territoires de l’évêché de Lausanne du dernier royaume de Bourgogne,tourné vers l’ouest de par leur seule appartenance à l’archevêché de Besançon, puis par les réformateurs qui les ont parcouru,ne sont pas les mêmes que ceux de l’évêché de Constance, et si St-Gall rayonne à l’est, St Maurice d’Agaune a marqué l’ouest du pays de son empreinte. Selon moi,même si ces territoires sont en grande partie ceux de la Suisse moderne, même si les droites issues de ce long processus partagent des éléments de base, leur sensibilité est très différente.
La démontrer couperait peut être court, à ceux qui pour être politiquement correct, s’empressent de faire de M.Blocher, un homme de droite…romand.