Co-fondateur du groupe hôtelier Accor dont il est le président du conseil de surveillance, ancien sénateur, ce richissime Français a établi son domicile à Plan-les-Ouates (GE).
Je suis dans l’hôtellerie depuis 40 ans, ayant fondé le groupe Accor avec Gérard Pélisson (réd : le premier opérateur mondial regroupe 4000 hôtels du type Mercure, Ibis, Formule 1, Etape, Novotel, Sofitel, etc. dans une centaine de pays avec 500'000 chambres et 145’'000 employés).
Depuis 2006, je suis installé à Genève, une ville où j’ai étudié les hautes études commerciales, après avoir quitté la ville de Fontainebleau où j’étais le maire.
Est-ce le fisc français qui vous a incité à vous établir en Suisse ?
Il y a en fait plusieurs raisons. Comme maire de Fontainebleau, j’ai été battu aux élections de 2001 par un candidat de la mouvance Front National. Il a été éjecté depuis lors, mais cela m’avait profondément blessé. Politiquement, je suis plutôt centre-droit, mais cette ville très intégriste me trouvait trop à gauche.
J’ai connu des échecs dans ma vie, mais celui-ci m’a vraiment énervé. Par la suite, je suis resté encore sénateur UMP de Seine-et-Marne jusqu’en 2004. L’autre raison est que le groupe Accor avait mis en place une nouvelle direction avec Gilles Pélisson, le neveu de Gérard Pélisson. Les nouveaux dirigeants ont voulu écarter les fondateurs et j’en ai ressenti de l’amertume. Il fallait agir et je suis parti… à vélo au Cambodge.
J’avais jumelé Fontainebleau à la cité d’Angkor, en leur promettant d’y construire une école hôtelière à côté de l’hôpital « suisse » du Dr Beat Richner. J’ai tenu parole et j’ai décidé de m’y rendre pour l’inauguration. J’ai mis 8 mois en traversant tout le Tibet.
Le classement de Bilan vous situe parmi les 300 plus riches de Suisse avec 300 millions de fortune. En France, certains vous ont traité d’ «évadé fiscal»…
Il était évident que si je ne me cachais pas, j’allais être fort critiqué. J’ai participé à l’émission «Complément d’enquête» de France 2, où j’étais opposé au fondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Lors du débat, j’ai commis une erreur en disant que je payais cinq fois moins d’impôts qu’en France, économisant de la sorte quelque 3,3 millions de francs par an (réd : selon Bilan, le forfait fiscal à Genève lui coûterait 300'000 francs contre une imposition de 3,6 millions en France).
En fait, je paie entre six et dix fois plus d’impôts en France que j’en paie actuellement en Suisse avec le forfait fiscal. Pour la bonne raison que la plupart de mes revenus sont constitués de dividendes d’actions Accor. Je paie aussi l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) sur mes biens en France, notamment les vignes du Domaine de La Cavale dans le Lubéron. Si j’étais resté en France, cet impôt serait limité par le bouclier fiscal. En fait, je ne paierai que 20% d’impôts en plus, si j’étais resté en France.
Une somme qui ne justifie pas un déménagement en Suisse. Ce n’était pas l’économie fiscale qui me préoccupait, mais davantage les incertitudes fiscales. Les lois peuvent changer du jour au lendemain, on peut supprimer le bouclier fiscal... Ma compagne de l’époque était de Genève, j’ai acheté cette vieille maison de Plan-les-Ouates. J’ai gardé d’excellents souvenirs de ma vie d’étudiant genevois.
Je vais au théâtre, je fais du vélo dans la campagne. Mais c’est aussi une jouissance posthume en termes de droits de succession. Si je vendais mes actions Accor, ce sera un gros avantage pour mes héritiers. Mes trois filles me remercieront !
Vous avez créé à l’Ecole hôtelière de Lausanne une chaire de l’innovation qui porte votre nom. De quelle façon peut-on innover dans l’hôtellerie ?
J’ai conçu Novotel en créant un premier établissement à Lille en 1967, après un séjour aux Etats-Unis. Ce type d’hôtel n’était pas innovateur pour l’Amérique avec ses Holiday Inn ou autres Quality Inn, mais ça l’était pour l’Europe.
De la même façon qu’ils ont inventé les supermarchés, les Américains l’ont fait sur le terrain et non en laboratoire. Ces nouveaux produits n’existaient pas en Europe. Il a fallu adapter le concept à l’Europe et cela a marché. L’innovation, c’était d’avoir un hôtel de 62 chambres toutes pareilles avec 62 salles de bain identiques et si possible reproductibles ailleurs, avec l’objectif de bâtir une chaîne hôtelière.
Et avec l’idée de réaliser une économie d’échelle… ?
L’innovation c’est aussi parfois une question de prix à l’exemple des hamburgers qui se vendaient mal en France. Ils étaient trop chers. Jusqu’au jour où on les a vendus aussi bon marché qu’en Amérique. Le même phénomène s’est produit lors de la fondation des hôtels Ibis, à un prix inférieur de 30% aux Novotel. Comme on n’entrait pas dans les normes hôtelières des 2, 3 ou 4 étoiles, les banques n’accordaient pas les prêts. Quand on est novateur, on n’est forcément pas dans les normes. Innover, c’est sortir de ces normes, être obligé de se battre pour faire accepter ses concepts. En 1963, les chambres d’hôtel n’étaient souvent pas équipées du téléphone direct, de la climatisation, de la TV, voire du double vitrage ou d’isolation phonique comme aux USA. Autant d’innovations bienvenues en France. L’hôtel 30% moins cher que nous avons créé dans le Nord-Pas-de-Calais était situé à l’extérieur de l’agglomération, mais il avait un grand parking et des espaces verts. C’était une offre totalement différente. Plus tard, on a lancé les Formule 1 et maintenant j’étudie un projet d’hôtel économique à 20 euros, tout automatisé, avec un personnel et un service réduits correspondant aux besoins des jeunes, des retraités à petit budget ou des entreprises qui désirent logent leurs ouvriers. Il y a là un marché.
Vous êtes assez sévère avec les hôteliers suisses…
L’hôtellerie suisse est remarquable dans le luxe, mais elle n’est plus bonne dans le milieu de gamme. Je la connais par le vélo. Chaque année, je fais un long périple où je m’arrête tous les 100 km dans de petites villes. Franchement, les hôtels n’y sont pas formidables. De temps en temps, il reste un hôtel familial superbement tenu, mais la plupart du temps les établissements nécessiteraient des investissements. Depuis quelques années, le groupe Accor se développe dans le milieu de gamme en Suisse, ce n’est pas étonnant. Du côté des restaurants, j’aime bien manger à Genève à La Réserve, au Chat-Botté ou à Château-Vieux chez Chevrier. A Lausanne, Philippe Rochat est remarquable, de même qu’Anne-Sophie Pic. Mais je fuis les grandes tables. Je suis arrivé à un âge où il ne faut pas se laisser aller.
A 78 ans, vous ne vous arrêtez jamais de travailler ?
J’ai encore de projets à réaliser. Je suis co-président de l’Institut français du tourisme que j’aimerais étendre aux pays voisins. Nous voudrions promouvoir les destinations francophones pour la formation des acteurs du tourisme et de l’hôtellerie. Quand un Chinois veut suivre une formation en Europe, il ne connaît pas toutes les bonnes adresses. Nous voulons mettre tout cela en réseau avec la création d’un label. Apprendre aux autres, c’est déjà apprendre soi-même. Cela empêche l’esprit de se scléroser. J’ai eu la chance de réussir et j’essaie de redonner un peu de mes gains. Même si Jean-Luc Mélenchon préférerait que je donne tout à la grande «lessiveuse» de l’Etat français. Personnellement, je préfère nettement le faire à ma manière !
Mon cher PAUL, je te dois les plus belles années de ma vie au service de Novotel. Encore merci
Bonjour, J’étais au Mercure Paris Montmartre et j’ai eu le privilège de serrer la main de Monsieur DUBRULE et je me rappelle des paroles qu’il m’a dites alors que je rouspètais après mes collègues qui posaient leurs cendriers sur mon bureau : ” Mademoiselle vous avez raison ; ne vous laissez jamais faire ! Je trouve qu’il a bien eu raison de quitter la France. Ici plus on travaille moins on gagne. Les gens envieux de ce qu’on a. Il faut se battre de plus en plus pour garder Un train de vie correct. Il n’y en a que pour les bons à rien qui n’arrêtent pas de regarder ce que les autres ont et qui ne savent qu’attendre qu’on leur donne tout sans se donner du mal. Je suis restée dans cet hôtel de 1982 à 1985 et j’ai appris beaucoup grâce à ce premier job que j’ai pris pour m’aider à passer ma licence d’anglais. Il y a beaucoup de gens que j’aimerais revoir : Marc Boucher, Bernard Coton, Sophie Symian, Charmiène Harisson, Jacques Chenet, Nando, Christian Mauroux et celui qui a mis le système ordinateur en route d’IBM Peter Adams. Ainsi que Monsieur Thomas qui était responsable des hôtels de la chaîne de la région parisienne et directeur du Novotel Bagnolet afin de savoir ce qu’ils sont devenus. Ma destinée n’était pas de rester dans le groupe Accor mais d’être à mon compte moi-même et je remercie Marc Boucher de m’avoir envoyée en stage pour apprendre le secrétariat et la comptabilité, cela me sert tous les jours. La semaine dernière je suis entrée par curiosité au Mercure Montmartre puisque j’avais garé ma voiture dans le parking et je n’ai pratiquement rien reconnu. Ce que le temps passe vite. J’ai eu une pensée un peu nostalgique pour toutes ces personnes qui ont croisé ma route. Je voulais donc dire merci au groupe Accor qui m’a permis de préparer mon avenir et d’évoluer dans ma vie. Ingrid TEINIELLE 0686864500
L’esprit Accor reposait selon P.Dubrule et G. Pélisson sur “l’art de conjuguer les savoirs-faire, de jouer de la tradition et de la modernité avec générosité et humanisme pour atteindre une forme d’excellence ../..c’est je crois, ce concept que Paul Dubrule a voulu mettre en oeuvre , pour la ville de Fontainebleau, en sa qualité de Sénateur-Maire . Mais la” Belle Endormie “, a cédé de peu, aux sirènes des conservatismes et des frilosités plutôt que de renaître dans un contexte de développement durable pour lequel Paul Dubrule oeuvrait également beaucoup.
En qualité de DGS de sa ville , je l’ai accompagné avec mes équipes, dans cette politique ambitieuse , auquel nous avons profondément cru et pour lequel nous nous sommes investis …en vain. Ainsi en va-t-il du jeu démocratique !!
Petite précision: l’unité dentaire mobile que j’ai patiemment mis au point pour intervenir dans les coins les plus reculés du Cambodge et ne fonctionnant que par panneaux photovoltaiques pourrait intéresser certains.
Je me tiens à leur disposition
Ayant la double nationalité suisse et française je connais bien la Suisse ou je possédais un chalet en Gruyère.
Chirurgien dentiste j’ ai exercé dans le Vaucluse à Carpentras.
Retraité depuis 2005 ma fille a repris mon cabinet ce qui m’a permis de faire des missions humanitaires au Cambodge pour Enfants d’Asie et Enfants du Mékong.
Connaissant bien l’ecole de Siem Reap j’avais meme pensé
y inscrire ma filleule pour y suivre le cursus!!!….
Que de coincidences :Suisse Vaucluse Cambodge
Merci mr Dubrule pour ce que vous faites au Cambodge
Comme je comprends ce Monsieur d’avoir choisi LA SUISSE pour y vivre une retraite paisible dans ce beau pays , sage et organisé de façon remarquable ,ou il fait bon vivre en côtoyant des gens respectueux des autres , courtois savoir vivre.
Bref un pays ou nous autre Français devrions prendre pas mal d’exemples pour enfin vivre heureux.
J’ai connu cette chance quelques années dans une commune voisine…que de bons souvenirs
Monsieur Dubrule est un homme remarquable j’ai travaillé avec lui pendant des années.
Eh bien, habitant moi même Fontainebleau, je connaissais personnellement la famille Dubrule, j’y ai été invité quelques fois… Paul Dubrule en tant que maire de cette ville surendettée par sa précédents équipe municipale a été avant tout un bon gestionnaire voulant remettre de l’ordre dans les finances, mais ça ne plaisait pas à tout le monde dans la sphère bien spécifique de Fontainebleau ultra- conservatrice et passéiste au possible. J’ai le souvenir d’un Monsieur très agréable et abordable, accueillant et très passionné par beaucoup de choses, humain surtout! Qu’il ait choisi la Suisse, je lui donne entièrement raison! En France, on hait la réussite et l’initiative, on préfère la fonction publique et sa rassurante quiétude, en fait on est un pays communiste qui s’ignore !