Kyril Gossweiler, détenteur du site encore.ch, raconte son combat avec le géant de la presse Tamedia, qui a voulu lui arracher la propriété du nom de domaine pour son nouveau magazine gratuit sur la mode, encore!. Un flop pour le groupe de presse et tout un symbole…
L'internet est plein de surprises, souvent désagréables. En 2005, les clients du téléréseau lausannois utilisant le câble pour se connecter à la toile apprennent des Services industriels qu'ils vont devoir changer leur adresse @urbanet.ch en @citycable.ch, et cela dans un délai de trois mois.
Afin de ne plus dépendre des aléas politico-technico-étranges de l'internet lausannois, je me suis réservé chez Switch un nom de domaine facile à mémoriser afin de bénéficier d'adresses de courriel pérennes. Mon choix : www.encore.ch. Une adresse pour courriels privés, une autre pour les lettres d'information, des identifications pour des sites sécurisés, tout était bien organisé et fonctionnait à merveille.
Nom de domaine
Fin 2010, début 2011, une rumeur m'apprend qu'Edipresse s'apprête lancer une publication portant le nom de « encore ». Pas chien, j'ai proposé par deux fois à une connaissance de la rédaction du futur titre l'adresse www.encore.ch, tout en précisant que je désirais garder le nom de domaine, ainsi que mes adresses de courriel. Aussi étrange que cela puisse paraître, Edipresse ne désirait pas utiliser ce nom de domaine. Les créateurs d'Edicom ne croyaient plus en l'internet pour leur nouveau titre.
Le 1er mai 2011, le premier numéro d'encore! est encarté dans Le Matin Dimanche, et le 19 mai, la marque encore! déposée auprès de l'Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle (IPI). De quoi commencer à se poser des questions sur la gestion des marques chez Edipresse… En effet, le 30 mars 2012, Mme Sylvia Würsten - Responsable Communication Division Edipresse Suisse - m'appelle pour m'apprendre que le Groupe aimerait obtenir mon nom de domaine.
Je refais par écrit ma proposition initiale, en demandant un dédommagement symbolique de deux abonnements annuels gratuits à des titres du groupe tant que l'adresse de mon site sera utilisée pour le magazine, en re-précisant que je désire garder mon nom de domaine et mes adresses de courriel.
Contre-proposition de Mme Würsten : je transfère mon nom de domaine à Edipresse, ils me redirigent gracieusement mes courriels durant 2 ans, et m'offrent deux abonnements d'une année ! Nous étions le 2 avril 2012, un jour après le poisson ! Le 27 juin 2012, par une circulation de courriels entre l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), Switch et mon hébergeur, j'apprends que Tamedia a engagé une procédure administrative contre moi. Tamedia passait par l'OMPI pour tenter de me « piquer » mon nom de domaine en arguant, principalement, que je l'avais déposé en 2005 pour leur faire du tort... en 2011 !
Je ne me connaissais pas des dons de voyance pour deviner 6 ans à l'avance le nom d'un futur titre de presse, mais j'ai été bien obligé de verser 3'300 francs d'honoraires à un avocat pour répondre à cette procédure devant l'OMPI. Le 3 octobre 2012, l'Expert de l'OMPI donnait tort sur toute la ligne à Tamedia Publications romandes SA.
Arrogance
Le texte de la décision est intéressant à double titre : il résume bien certains aspects des règles en matière de noms de domaine, et démontre l'arrogance de Tamedia Publications romandes SA, qui n'a pas hésité, sous la responsabilité de son Directeur, Serge Reymond, et par la plume de Kevin Guillet, son conseiller juridique, de tenter de m'intimider par cette procédure qui leur a quand même coûté 2'600 francs.
Au final, Tamedia Publications romandes SA peut s'estimer gagnant si le jeu de l'entreprise consistait à essayer de faire plier une personne privée par des frais importants. Peut-être qu'il s'agit là de signes avant-coureurs des méthodes qui seront appliquées en matière de « négociations » avec les journalistes, collaborateurs et syndicats romands ayant à faire à ce groupe.
Kyril Gossweiler
Et vous, qu'en pensez vous ?