Hier soir, mercredi 29 avril 2015, sur D8, j’ai regardé « Histoire interdite : Seconde Guerre mondiale, les derniers secrets des nazis ». Ce documentaire relate, entre autre, comment un évêque catholique autrichien basé à Rome, Mgr Alois Hudal, évêque totalement acquis au national-socialisme, a exfiltré des nazis dès 1945 vers l’Amérique du Sud, notamment l’Argentine. J’ai cherché à en savoir plus aujourd’hui jeudi. Et j’ai découvert avec stupéfaction qu’il existe aujourd’hui en Argentine une congrégation catholique traditionaliste portant le nom Alois Hudal.
Venons-en aux faits. La Fraternité Sacerdotale St-Pie X (FSSPX), une communauté de prêtres traditionalistes fondée par l’évêque français Marcel Lefebvre, dispose de maisons et séminaires dans divers pays du monde, y compris en Argentine, où officiait l’évêque négationniste Williamson avant d’être écarté de ladite FSSPX. En Argentine, la FSSPX entretient des relations amicales avec l’organe d’information traditionaliste Sursum Corda, lui-même très ami avec la Congregacion Obispo Alois Hudal et les intégristes sédévacantistes de Crux et Gladius (voir liens vers sources en bas de page).
Le cas de l’Argentine est intéressant pour deux raisons. La première, c’est que le pape actuel est Argentin. La deuxième, c’est que l’évêque Alois Hudal mentionné plus haut était un évêque acquis au nazisme qui a fait passer des milliers de SS en Argentine lorsque celle-ci était dirigée par Peron, grand admirateur du nazisme et du fascisme. Cette même Argentine où sévissait, jusqu’à il y a quelques années, l’évêque négationniste Williamson, lorsqu’il était encore membre de la FSSPX. Cette même FSSPX qui fraternise avec Sursum Corda et la Congregacion Obispo Alois Hudal. Cette Congrégation qui, aujourd’hui, au 21e siècle, n’hésite pas à prendre le nom de l’évêque Alois Hudal acquis au nazisme il y a plus d’un demi-siècle.
Qui était Monseigneur Alois Hudal
Alois Hudal, né à Graz le 31 mai 1885 et mort à Rome le 13 mai 1963, était un évêque catholique autrichien, surtout connu pour avoir jusqu'au bout défendu une synthèse entre catholicisme et national-socialisme et pour avoir facilité la fuite de criminels nazis vers l'Amérique du Sud, notamment l’Argentine péroniste.
Cependant, les relations entre Monseigneur Hudal et le Vatican n’étaient pas bonnes. En effet, quand Hudal publia en 1937 son livre sur les fondements du national-socialisme, les autorités du Vatican se fâchèrent à cause de son éloignement radical des enseignements de l'Église.
Hudal remettait ouvertement en question la politique du Pape Pie XI et d'Eugène Pacelli, le futur Pape Pie XII, envers le national-socialisme, remise en question qui culmine avec l'encyclique « Mit brennender Sorge » dans laquelle le Vatican attaque ouvertement le national-socialisme. Cela dit, Mgr Alois Hudal n’a été ni démissionné, ni excommunié.
Après 1945, Alois Hudal devient l'un des principaux organisateurs de la filière d'exfiltrations des criminels nazis, avec passeport ou laissez-passer de la Croix Rouge Internationale, qui pouvaient ensuite être utilisés pour obtenir des visas, notamment pour l'Amérique du Sud. Alois Hudal était, à l’époque, actif dans le service pontifical des prisonniers de guerre (Commissione Pontificia d’Assistenza).
C'est grâce à cette filière qu’Adolf Eichmann (kidnappé en Argentine par le Mossad), Gustav Wagner, Erich Priebke, Eduard Roschmann, Franz Stangl, Walter Rauff, Klaus Barbie et Joseph Mengele ont pu échapper aux poursuites judiciaires. De même, certains nazis, comme l'autrichien Otto Wächter ont pu vivre à Rome après la guerre en toute impunité grâce à la protection d’Alois Hudal. Ces activités finissent par causer un scandale révélé en 1947 par un journal allemand.
A noter que la CEANA, la commission d'enquête historique sur les activités du nazisme en Argentine, conclut que les dignitaires du Vatican n'ont jamais encouragé ces exfiltrations. La CEANA a produit une lettre de Montini, le futur pape Paul VI, se montrant scandalisé par la suggestion de l'évêque Hudal d'accorder refuge aux SS. Selon les travaux de la CEANA, l'Église catholique aurait simplement été, comme la Croix-Rouge Internationale, tellement submergée par les flux massifs de réfugiés, qu'elle n'aurait pu procéder qu'à des enquêtes sommaires, aisément contournées par les anciens dignitaires nazis.
Encore aujourd’hui, cette question fait débat parmi les historiens. L’autre question qui se pose est de savoir si le pape argentin François, va réintégrer dans l’Eglise, la FSSPX, dont la Maison générale en Argentine semble entretenir d’amicales relations avec la Congregacion Obispo Alois Hudal (voir liens vers sources en bas de page).
Michel Garroté
Sources :
http://www.fsspx-sudamerica.org/fraternidad/prioratoargentina.php
http://sursumcordablog.blogspot.ch/2009/03/blog-de-la-congregacion-obispo-alois.html
http://congregacionobispoaloishudal.blogspot.ch/
http://cruxetgladius.blogspot.ch/
Le Pape François est un homme profondément humble et attaché à l’essentiel, comme François d’Assise. Il serait surprenant qu’il eut entretenu des liens avec des intégristes qui font plus de tort que de bien.
Cette suite de feux nourris contre SS le Pape m’interroge. Déjà, avec SS Benoît XVI ont y était était venu, plus avant avec Jean-Paul II et ainsi de suite. Il semble qu’à chaque Pape élu, on lui trouve un lien de parenté avec un arrière-arrière-arrière grand-père qui aurait vendu de la charcuterie une fois à un soldat de la Wehrmacht. Cette série de spéculations sur SS François me fait méchamment penser à une mode nouvelle que certains pensent pouvoir faire avaler à tous les catholiques afin de dégommer leur Eglise, la plus puissante de la chrétienté, pour ébranler au plus profond la culture chrétienne entière. Il vient d’Argentine, et alors. Je viens d’un pays où nombre de mes concitoyens ont collaboré, ont soutenu, même seulement moralement les nazis. Et alors, cela fait-il de moi un nazi par héritage, par voisinage, par filiation? C’est un peu facile comme traitement. Lorsque des accusations viennent de partout comme cela, soudainement et volontairement, cela me laisse que plus perplexe quant à leur but final….
Savez-vous quels sont les alliés actuels du Vatican, et quelle est leur influence sur la politique internationale?
Ne craignez-vous pas qu’à l’image des nazis ils soient eux-aussi écrasés sous un déluge de bombes et le massacre de millions de leurs civils par un nouveau “camp du bien”?
Car tenter de les protéger en invoquant sans cesse le père fouettard nazi ne leur permettra pas d’échapper au désastre qui les attend s’ils ne changent pas rapidement leur façon de considérer le monde et sa population.
Bien au contraire.
Bravo pour votre étude bien argumentée.
Bergoglio a eu un long passé argentin, nous le savons tous. Il serait curieux qu’il n’ait eu aucune occasion, dans sa longue carrière pastorale l’ayant mené à de hautes fonctions localement, d’être amené à des contacts avec les sulfureux catholiques que vous citez.
D’autre part, quoique bien jeune encore, il a dû être confronté au problème du système Peron, qui admirait le Reich nazi, et a accepté de faire venir en Argentine ses séides en fuite, pour paraît-il pouvoir aider à installer et conforter le système dictatorial.
Bergoglio échappera-t-il à tout cela ? si non, ce sera terrible pour l’église catholique romaine.
Merci, article très instructif.