L’évêque auxiliaire de Coire soutient l’initiative “Financer l’avortement est une affaire privée” et réclame le droit à l’objection de conscience pour les individus.
Si on regarde l'initiative de plus près, il s'agit plus d'une opposition contre la normalité institutionnalisée de l'avortement que d'une question d'argent. De même, l'initiative ne fait pas de l'avortement une affaire privée, mais parle bien de son financement.
Je vois en elle une nouvelle expression d'une volonté politique contre la pratique établie de l'avortement, réglementée par la solution du délai qui, pour moi et pour beaucoup d'autres, n'est pas une solution acceptable pour répondre au problème des grossesses non désirées.
Le co-financement de l'avortement est imposé implicitement à tous les citoyens par le système de solidarité , même à ceux qui y sont opposés en leur âme et conscience pour des raisons éthiques.
Ainsi, on est ici face à un dilemme. Et des situations semblables se posent également dans beaucoup d'autres domaines de la politique. Selon moi il s'agit de trouver des mesures dans chacun des cas pour que l'objection de conscience puisse être respectée.
Bien sûr, en payant nos primes aux caisses maladie, nous ne sommes pas directement co-responsables pour les cas individuels d'avortement. Nous soutenons en premier lieu avec nos participations un système de solidarité, souhaitable et qui a fait ses preuves. Mais, ce que fait exactement cet organisme de l'argent nous concerne. C'est pour cette raison que je soutiens cette initiative, parce qu'elle remet le sujet à l'agenda politique.
Dans le contexte actuel, le reproche du manque de solidarité ne reflète pas la réalité et la situation de détresse éthique dans la laquelle se trouvent beaucoup de citoyens et citoyennes.
Ainsi, j'arrive de plus en plus à la conclusion que le « juste » (financement de l'avortement par le système de la caisse maladie) ne peut exister dans le « faux » (solution du délai, injustice contre les enfants à naître qui perdent leur vie).
Même si la mise à mort des enfants jusqu'au troisième mois est certes dépénalisée, elle reste néanmoins anticonstitutionnelle. L'état et la société se trouvent ici dans une auto-contradiction.
Sur le plan moral, l'avortement est pour beaucoup un profond malaise.
Les femmes concernées traversent elles-mêmes de grands conflits de conscience qu'on voudrait bien pouvoir leur épargner.
Cependant, la responsabilité pour la situation d'urgence ne commence pas seulement à ce stade mais beaucoup plus tôt notamment dans le comportement sexuel de chaque personne.
On ne peut pas se limiter à présenter la question de l'avortement uniquement sous l'angle du droit de la femme en ignorant totalement le droit de l'enfant à la vie, ainsi que le rôle, les droits et la coresponsabilité des pères.
En tant qu'évêque catholique et donc au nom de ma foi, je suis parfaitement opposé à l'avortement. Mais, des arguments non religieux me conduisent également à la même opposition. Comme je l'ai déjà dit en d'autres occasions, je considère l'avortement comme un mal qui nuit profondément et durablement à la société.
Les conséquences apparaissent déjà au grand jour. La pyramide des âges inversée avec toutes ses conséquences en est une. La mise à mort massive des enfants à naître dans le but de réaliser « son propre bonheur » n'est pas une solution, mais une lourde hypothèque et constitue pour beaucoup de femmes une profonde blessure dans leur vie qui quelques fois, recommence à se faire sentir d'une manière insoutenable des années plus tard. Je le sais après avoir eu des entretiens personnels avec des femmes à ce sujet.
L'église catholique se bat pour tous les enfants à naître et voudrait également aider les femmes en détresse afin que l'avortement ne soit plus une option pour elles. Les efforts de la société devraient également aller dans ce sens.
L'évêque des Jeunes
+ Marian Eleganti
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