De nombreux fidèles n’acceptent pas la position des évêques relative à l’initiative sur le financement de l’avortement et le font savoir.
Dans le Nouvelliste du 19 décembre dernier, le cardinal Henri Schwéry, à l'occasion de la sortie d'un ouvrage sur Vatican II, évoquait la question de l'éthique et signifiait son opposition à l'initiative sur le financement de l'avortement.
La réponse d'Olivier Dehaudt, président de l'association Choisir La Vie, éclaire d'une lumière nouvelle l'agacement de la base devant les arguties de la tête.
A l'attention d'un public averti:
"Monsieur le Cardinal,
Dans le Nouvelliste du 19 décembre dernier, vous tenez les propos suivants:
"L’Eglise se soucie d’éthique tout en gardant sa morale sans vouloir l’imposer comme le font d’autres religions. Par exemple, jamais je ne soutiendrai l’avortement mais je m’oppose aussi à l’initiative qui veut supprimer son remboursement par les caisses-maladie. Il ne m’appartient pas de juger le pécheur, cela se fera au jugement dernier. Mais, je me dois de lui venir en aide, de ne pas le laisser sombrer dans un malheur pire encore."
Vous dites donc que, tout en étant contre l'avortement, vous êtes d'accord de le financer. Je suppose que vous êtes toujours d'accord, avec l'Eglise, pour dire que l'avortement est un meurtre. Mais en même temps, vous êtes d'accord de financer ce meurtre.
La meilleure aide que vous pouvez donc imaginer apporter au pécheur consiste donc à financer le meurtre prémédité de son enfant. C'est ainsi que vous pensez lui éviter de sombrer dans un malheur pire encore.
En vous amusant à dissocier éthique et morale, vous avez fini par oublier le spirituel et les conséquences du péché sur les âmes, car c'est bien là que se trouve le "malheur pire encore" et c'est le rôle de l'Eglise, il me semble, de rappeler cela. A moins que vous n'ayez adopté la chanson de Polnareff: "On ira tous au Paradis".
Vous oubliez également ce que Jean-Paul II écrivait dans l'Evangile de la Vie: "L'avortement et l'euthanasie sont donc des crimes qu'aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience."
En prenant publiquement position contre cette initiative, vous contraignez les chrétiens à continuer à financer le meurtre de l'avortement et vous les empêchez de s'y opposer par l'objection de conscience considérée par Jean-Paul II comme une obligation grave et précise.
En donnant les moyens de réaliser un acte, vous légitimez cet acte. Avec un tel discours, vous serez également d'accord de financer l'euthanasie. Je vous conseille donc de souscrire une cotisation chez Exit. Ils ont besoin de votre soutien financier.
Vous oubliez encore quelque chose. En finançant l'avortement, vous financez l'industrie pharmaceutique et légitimez les recherches qui permettent d'améliorer les techniques d'avortement. Vous pourriez également reprendre le grand slogan de cette industrie pharmaceutique qui prétend travailler pour le bien-être des femmes. Oui, travailler pour le bien-être des femmes en leur proposant d'avaler des pilules de 14 à 44 ans et en éliminant les enfants qui surviendraient malgré toutes ces précautions (60% des avortements sont dus aux "erreurs" de contraception chimique).
En tant que Cardinal, vous pourriez également proposer que l'Eglise catholique fasse des quêtes en faveur de la Fondation Bill Gates, ce qui permettrait de les aider à financer l'avortement, la contraception et la stérilisation dans les pays en voie de développement (et d'améliorer ainsi le bien-être des femmes). Ils ont déjà plusieurs milliards de dollars à disposition, mais je suis sûr qu'ils ne refuseront pas votre aide financière aussi minime soit elle.
Il y a 2000 ans, vous auriez pu financer les soldats d'Hérode qui, à la recherche du Sauveur, ont massacré les enfants innocents.
Si vous désirez d'autres idées pour le financement de l'avortement, je suis à votre disposition.
Ce mail est une réponse publique à vos propos publics. Il part donc en copie aux membres du comité et à des sympathisants de Choisir la Vie, aux Evêques, à des prêtres, à la Nonciature à Berne, à la Fraternité St-Pie X que vous aimez tant critiquer.
La teneur de vos propos m'obligeant, je vous assure de ma prière afin que vous ne tombiez pas dans un malheur pire encore."
Source
La religion du cardinal Schwéry se rapproche étroitement de celle de Tartuffe : j’affirme le principe pour mieux le contredire dans mes œuvres. Sa conception de la charité envers le pécheur ne consiste pas à le dissuader de pécher (“Va, et ne pèche plus”, disait le Christ), mais au contraire à lui faciliter le crime… et à s’en faire ainsi le complice actif : c’est, pour paraphraser Chesterton, la charité chrétienne devenue folle… ou plutôt, ici, diabolique !!