Pris au dépourvu, le PLR s'est rué dans la brèche ouverte par le parti socialiste contre l'initiative de l'UDC pour les familles. Partout, des affiches fleurissent pour nous expliquer que l'égalité entre familles est injuste. Mais en a-t-il toujours été ainsi ?
"PLR, PS, PDC, les Verts, PBD et Verts Libéraux s'engagent contre l'initiative „pour" les familles de l'UDC. Cette dernière propose que les parents qui s'occupent de la garde leurs enfants puissent également bénéficier des déductions fiscales accordées aux parents qui font garder leurs enfants par des tiers. Ce qui peut sembler attrayant est en réalité une injustice coûteuse.
[...] Les apparences sont trompeuses, car l'UDC tente en fait de favoriser le modèle familial traditionnel au détriment des autres modèles.
[...] Le système fiscal serait complètement renversé."
Communiqué du PLR du 4.11.2013
"Les familles sont soumises à des charges (impôts, taxes etc.) de plus en plus importantes. Ces charges et ces réglementations influencent fortement le choix du modèle familial ou les choix concernant la garde des enfants.
[...] Le PLR exige la réduction des impôts et des taxes en particulier pour les familles ainsi que de meilleures offres de garde pour les enfants."
Position "Politique familiale" du 7.03.2011
Contrairement à ses récentes prises de position dénonçant une "inégalité" entre les modèles familiaux, le PLR les range ici à rang d'équivalence sur la base d'un même choix également légitime.
Mais il y a mieux:
"La famille est une affaire privée.
L’éducation et la famille appartiennent à la sphère privée. Dans ce cadre, le PLR défend la responsabilité personnelle des parents en ce qui concerne l’éducation de leurs enfants. Les parents doivent pouvoir décider avec leurs convictions de la manière dont ils veulent éduquer leurs enfants et choisir quelles formes d’encadrement sont adaptées. Le PLR s’engage ainsi contre l’étatisation de l’éducation souhaitée par la gauche. Même dans le cas d’enfants gardés par d’autres personnes, l’éducation reste en première ligne un devoir des parents."
idem
Ainsi les parents sont libres du choix de leur modèle familial, modèle équivalent à tout autre, et sont, par conséquent, tous concernés par la demande de réduction d'impôts "exigé" par le PLR.
S'il va de soi que le PLR insiste sur les déductions aux familles dont les deux conjoints disposent d'un revenu, il précise toutefois:
"Tous les suisses doivent être traités indifféremment de leur mode de vie."
Ainsi, toutes les familles doivent faire l'objet de la réduction d'impôts demandée plus haut.
Pour preuve, encore, la volonté affirmée du PLR de favoriser les modèles de gardes non rémunérées en s'opposant à ce qu' "aucune licence pour pouvoir garder, de manière privée, des enfants" ne soit exigée.
Dans un document de position du 23 juin 2012, intitulé "La voie libérale pour concilier vie familiale et vie professionnelle Libre choix, emploi, migration et nouvelle réalité sociale", le PLR enfonce le clou:
"Une politique familiale libérale doit réunir les conditions pour que chaque famille puisse mener sa vie aussi librement que possible. Le PLR.Les Libéraux-Radicaux reconnaît l'engagement important de tous les parents pour leurs enfants, indépendamment du modèle familial."
La raison de ce retournement subit de position... l'UDC ?
Je ne vois pas les contradictions. Le PLR s’est engagé pour des diminutions fiscales pour toutes les familles et non uniquement pour une minorité d’entre elles.
L’éducation reste effectivement en premier lieu le devoir des parents et chaque parent à sa vision sur l’éducation des enfants.
Si on compare 2 familles avec les mêmes revenus, celle qui garde elles-mêmes ses enfants aura un revenu disponible plus élevé que celle qui a des frais de garde. Le déduction de ces frais de garde (provenant du PLR) permet de diminuer cette différence et de ne pas (trop) pénaliser le 2ème conjoint qui souhaite / doit avoir une activité lucrative.
Les libéraux ne sont plus ce qu’ils étaient; quelques conseillers nationaux renforcent une illusion de stabilité, mais sur leur gloire passée; leur éjection rapide du C.E. genevois confirme la disparition du modèle libéral, mal adapté à la mondialisation et au cosmopolitisme grandissants; or, les libéraux suisses n’ont-ils pas encore compris que l’UDC avait dans la majorité des esprits saisi mieux qu’eux combien les Suisses, toujours soucieux de leur indépendance, ont été déçus de voir le “libéralisme” confiné aux seuls problèmes économiques et financiers ? Laissant le champ idéologique et politique grand ouvert à la conquête socialisante, traînant derrière elle la soldatesque des gauches en désordre et un PDC plus suiviste que jamais; le libéralisme de grand-papa n’a plus prise, il ne sortira de ses cartons qu’en photographies sépia, pour la plus grande édification des petits-enfants à venir…