Inviter l'un des rares critiques politiques francophones à ne pas bêler dans le sens du vent sur un islam d'égorgeurs qui serait une religion d'amour et de paix et lui opposer les remarques du politiquement correct comme autant d'intertitres à la pensée automatique autorisée.

Le journaliste d'Etat n'est plus ni un critique ni un commentateur, c'est un répétiteur, le correcteur aux ordres du plus petit dénominateur commun de la pensée unique, celle qui ne pense pas.

Le lecteur prendra le soin d'écouter l'interview essentielle du père Boulad. Le présent article ne faisant que retranscrire les protestations des journalistes confrontés à tant d'insupportables et inédites vérités.

1ère émission: RTS Haute définition 25.08.2013

"Aujourd'hui les masques sont tombés, est-ce que ça justifie un coup d'Etat militaire ?

Homme de raison, dites-vous Père Henri Boulad, mais aussi homme d'émotion. Or aujourd'hui vous êtes très en colère, pourquoi ?

Mais l'Occident pouvait-il se taire face à des massacres contre les Frères musulmans ?

Mais c'est la théorie du complot, Henri Boulad !

Mais père Boulad vous remontez là dans l'histoire de quelques siècles, Vienne et Poitiers !

Vous avez un discours très radical, père Boulad, contre l'islamisme. Or [...] une partie de votre famille est musulmane et votre grand-père, on est en 1860, a été poursuivi par des musulmans, mais aussi sauvé par des musulmans. L'ambivalence face à l'islam ?

Mais est-ce que vous ne confondez pas, père Boulad, l'islam avec les musulmans [...] ?

Vous avez là un discours politique, or vous êtes un religieux [...] Est-ce bien là votre rôle ?

Ils sont divisés, aussi, les chrétiens.

Père Boulad, homme libre et en colère. Vous l'avez vécue cette persécution, dans votre chair, en tout cas votre famille, on évoquait votre grand-père, pourchassé par les musulmans, sauvé par les musulmans. Votre famille a travaillé l'acier et ensuite la soie. Que privilégiez-vous aujourd'hui ?

- les deux

Donc le dialogue et la répression, et la colère ?

Aujourd'hui votre discours de colère c'est un discours de force ?

Homme de foi et homme de combat, merci père Boulad."

Soyons larges, admettons qu'il s'agisse par instant d'une méthode maïeutique pour servir l'invité, une façon de lui présenter le blanc pour qu'il dise le noir, et vice-versa. Mais la chose sert aussi à peindre l'horizon d'attente politiquement correct à l'esprit de l'auditeur au fur et à mesure que l'invité parle et risque de déconstruire le décor mental officiel. Une manière de boucher une à une, systématiquement, les brèches qu'il pourrait ouvrir dans le rempart idéologique. Pour preuve, la réaction quasi pavlovienne de l'émission de vulgarisation informative Forum.

2e émission: RTS Forum 25.08.2013

"Comme un vague réminiscence des Croisades. Est-ce que les minorités chrétiennes sont les filles de l'Occident, est-ce qu'il doit les défendre à ce titre ?"

En clair, l'Occident est-il chrétien ? Et c'est pour cela que l'on a invité un "expert", Bertrand Badie, professeur spécialiste des relations internationales à Sciences Po, un vrai scientifique, titré et approuvé (1)  pour nous dire que... "non".

Il fallait corriger le "père" Boulad, le jésuite, effacer cette désagréable impression de vérité, taire cette phrase qu'il avait dite en fin de son interview et qui sera en définitive la seule chose à retenir:

"Il se peut que le Proche-orient soit complètement vidé de toute présence chrétienne, comme c'est le plan des Frères musulmans et comme cela semble être le plan d'un certain nombre de pays d'Occident."

Les musulmans, les islamistes, ne sont pas nos ennemis, du moins pas les premiers.

RTS Haute définition 25.08.2013

RTS Forum 25.08.2013

(1)  Comprendre que, à la radio de Lausanne, parce qu'il est religieux et catholique, le directeur du Centre Culturel Jésuite d'Alexandrie ne peut pas appartenir à ce clergé de la raison qu'est le vrai scientifique.