Ca faisait longtemps. On commençait à s'inquiéter. Il est vrai que la gauche est très occupée ces temps-ci à célébrer la reprise par Simonetta Sommaruga de la directive européenne sur les armes. Les camarades voient dans ce nouveau diktat l'opportunité d'obtenir contre notre sport et nos traditions ce que le peuple leur a toujours refusé, à savoir leur mort. En attendant, il faut s'occuper des affaires courantes et comme tous les deux ans ou presque, la gauche nous sort quelque chose contre l'armée. Il y a eu les assauts frontaux, économiser dans l'armée et la défense générale, suppression de l'institution, suppression de l'obligation de servir puis les attaques de flanc, contre la violence des armes, interdiction d'exporter du matériel de guerre et autres, toutes synonymes d'échec souvent mortifiant pour les porteurs de lunettes roses.
Aujourd'hui, ce sont les tirs obligatoires qui sont dans le viseur des pacifistes béats. Selon le Matin dimanche citant Chantal Galladé, conseillère nationale socialiste zurichoise, cette piqûre de rappel annuelle ne serait plus qu'"une relique d'une époque révolue. On ne peut pas affronter les risques du futur avec une sécurité et une idéologie du passé". Bigre ! Si on suit bien l'auteure de la motion qui sera débattue ces prochains jours au Conseil national, les conflits du futur se joueront ailleurs que sur un champ de bataille. Dans ces conditions, il faut bien admettre que l'armée telle qu'elle est conçue de nos jours ne serait d'aucune utilité, les affrontements à venir se déroulant ailleurs. Où ?
En attendant, jetons un œil sur ce qui se passe aujourd'hui en matière d'archaïsme guerrier. La guerre menée contre l'Etat islamique constitue un exemple intéressant de conflit contemporain. Dès leur apparition dans le chaos issu des interventions occidentales en Irak, les djihadistes se sont emparés de vastes territoires irakiens et syriens, les armes à la main. Ils ont pour ce faire utilisé un armement classique, l'essentiel des combats ayant été menés sur le terrain. La présence de tireurs d'élite fut une constante sur tous les champs de bataille, démontrant clairement que la précision du tir permet de contrarier sérieusement les mouvements de l'adversaire. Passé le grand moment de flottement consécutif aux victoires éclairs des terroristes, gouvernements et coalitions se sont mis à l'ouvrage pour réduire l'abcès islamique. Une nouvelle fois, il a fallu combattre sur le terrain, échanger des tirs en vue de détruire l'adversaire. Il convient de souligner ici, préventivement, le rôle joué par l'aviation dans l'avance des troupes au sol mais au final, dans les villages, dans les villes, c'est le fantassin muni de son arme qui a fait la différence. Préventivement disais-je en vue de la votation sur les nouveaux avions de combat, achat qui sera bien sûr combattu par le Parti socialiste et ses succursales comme étant "une relique d'une époque révolue", relevant d'"une sécurité et une idéologie du passé".
L'acharnement que la gauche montre contre l'armée se base sur une approche viciée de la réalité selon laquelle les conflits futurs n'ont aucune chance de se produire, qu'une égale répartition des richesses contentera tout le monde et qu'une éternité faite de bonheur et de félicité nous attend. Ils le disaient en 1914. Ils le disaient en 1939. Ils le disaient en 1989. Ils le disent aujourd'hui. Ils le diront demain. Il sera trop tard.
Fort heureusement, la motion visant à supprimer les tirs obligatoires n'a pas la moindre chance de trouver grâce au sein du Conseil national mais elle donnera l'opportunité à la Verte Lisa Mazzone de nous faire part de ses vues sur l'avenir du monde.
Yvan Perrin, le 10 décembre 2017