Syrie : les milices kurdes persécutent les chrétiens d’Orient

Tandis que les bruits de bottes se concentrent autour des positions tenues par les rebelles islamistes dans la province d’Idlib, dans le nord de la Syrie des milices kurdes ont tenté de s’attaquer aux églises et aux écoles des chrétiens d’Orient à Hassakah – capitale d’un gouvernorat (province) au nord-est de la Syrie, tenue par les Kurdes avec une présence diffuse de forces spéciales américaines et françaises.

Le 30 août le conseil des prêtres chrétiens de Hassakah s’est fendu d’une déclaration pour condamner les « attaques » auxquelles se sont livrées des milices kurdes, les Asayish – connues pour leur justice sommaire, notamment vis-à-vis des ex-combattants de l’EI, sur les églises et les écoles chrétiennes, ainsi que les tentatives de confiscation arbitraire des biens qui appartenaient aux chrétiens.

Ceux-ci sont principalement des Assyriens, qui ont eu à souffrir de la mainmise de l’État Islamique (persécutions religieuses, destructions d’églises, enlèvements contre rançon, exécutions sommaires…) avant qu’il ne soit chassé par des milices kurdes et assyriennes.

Le 3 septembre, une manifestation de chrétiens a eu lieu à Hassakah – les manifestants protestaient contre l’obligation qui leur était faite, dans leurs écoles chrétiennes, de suivre le programme kurde en langue kurde, selon les programmes kurdes. Les manifestants ont déployé des bannières de la Sainte Vierge, mais aussi des drapeaux… syriens loyalistes.

Tandis que les médias occidentaux restaient silencieux sur ses persécutions, des médias turcs – toujours prompts à critiquer la mainmise kurde sur le nord-est de la Syrie où vivent aussi des arabes sunnites, des chrétiens et des populations turcophones – affirmaient qu’à Qamishli – où des tensions ont aussi éclaté entre chrétiens et kurdes – 6 enseignants opposés à l’idéologie des YPG kurdes auraient été limogés.

Le quotidien turc (pro-gouvernemental) Daily Sabah accuse les YPG kurdes d’instrumentaliser les programmes scolaires pour imposer leur idéologie aux populations sous leur contrôle au nord-est de la Syrie. Il rappelle aussi que l’ONG Human Right Watch avait accusé en août dernier les YPG d’avoir embrigadé 224 enfants qui vivaient dans des camps de réfugiés, soit cinq fois plus qu’en 2016.

Des médias syriens de tendances diverses donnent des informations plus détaillées. SelonEnab Baladi (opposition, basé à Daraya en Syrie) le gouvernement autonome kurde aurait fermé trois écoles privées syriaques à dont deux (arménienne et syriaque) à Malikiyah le 7 août, et à Derbasiya près de Hassakah, au motif qu’elles ne suivaient pas le programme scolaire kurde mais celui du gouvernement syrien de Damas, adapté à l’histoire et la culture des Syriaques. Ces écoles privées syriaques fonctionnent depuis 1953 sous l’égide du diocèse de l’Eglise orthodoxe syriaque.

Les écoles privées menacées

Selon Enab Baladi encore les Asayish kurdes auraient menacé de fermer toutes les écoles privées qui continueraient à suivre le programme scolaire de Damas plutôt que celui du gouvernement autonome kurde. Une première vague de fermeture d’écoles privées – arabes sunnites pour la plupart – avait déjà eu lieu en juillet 2017 et donné lieu à d’importantes tensions entre loyalistes et kurdes.

Suite à ces fermetures d’écoles, des organisations représentant plus de 500.000 assyriensexpatriés en Europe – et notamment en Allemagne – ont signé une lettre ouverte pour appeler les autorités kurdes à cesser d’imposer leur programme scolaire dans les écoles assyriennes et arrêter de les fermer de force. « Les inquiétudes et les craintes des communautés chrétiennes devraient être prises au sérieux et sur un pied d’égalité, sans quoi cela donnerait rapidement l’impression que les Chrétiens ne sont plus les bienvenus dans la région qui a été leur maison depuis des millénaires », adjure la missive.

Un décret administratif du PYD (affilié au PKK) oblige en effet les chrétiens d’Orient présents dans la région à « réenregistrer » leurs églises et écoles auprès des autorités kurdes sous peine de fermeture. Près de 7000 élèves sont concernés pour la rentrée 2018 et risquent de voir leur scolarité suspendue au bon vouloir des autorités kurdes.

Le parti démocratique assyrien (ADP) accuse le gouvernement autonome kurde d’« intimidation » envers les assyriens et de « nuire à l’éducation en imposant son idéologie via le programme scolaire obligatoire ». L’ADP appelle aussi le gouvernement kurde à rouvrir les écoles fermées de vive force.

Le 4 septembre, la Confédération Assyrienne Européenne a dénoncé de nouvelles attaques kurdes contre les écoles des chrétiens d’Orient dans un communiqué « Le 28 août, des hommes armés [kurdes] sont entrés dans une école privée à Qamishli et ont expulsé de vive force toute l’équipe éducative. Ces miliciens appartenaient au PYD et au Sutoro [bureau militaire syriaque, pro-kurde] et au Dawronoye, alliés du PYD. Ils ont fermé l’école en brisant les cadenas et en les remplaçant, malgré l’opposition des enseignants ». Suite à cet investissement, une manifestation d’assyriens a éclaté : « les manifestants ont brisé les cadenas pour rentrer dans l’école. Les forces Sutoro ont tiré en l’air pour disperser la foule ».

Voilà donc une nouvelle épine dans le pied du gouvernement kurde, alors qu’il est confronté à l’autre bout de sa zone, au bord de l’Euphrate – à Raqqa notamment – à une guérilla larvée dans les zones majoritairement sunnites. Ceux-ci reprochent au gouvernement autonome kurde des impôts confiscatoires, le maintien en ruines de leurs villes et villages, dévastés par la guerre contre l’État Islamique et toujours pas déminés, des difficultés de ravitaillement qui confinent à la famine, des cas de recrutement forcé dans les forces armées et une kurdisation à marche forcée.

Source

Kurdistan : L’insoutenable misère des chrétiens déplacés

Par François Brélaz, ancien député, Cheseaux-sur-Lausanne

 

Tout d'abord, un petit traité de géopolitique...

Le peuple kurde vit sur plusieurs pays, l'est de la Turquie, le nord de la Syrie et de l'Irak et l'ouest de l'Iran. Ces territoires ont toujours été une poudrière, les kurdes revendiquant leur autonomie. En 1995 le nord de l'Irak, un territoire grand comme la Suisse, négocie une certaine autonomie avec le gouvernement de Bagdhad et cela donne la Région autonome du Kurdistan. Le 25 septembre 2017 le parlement du Kurdistan organise un référendum sur la question suivante : « Acceptez-vous l'ouverture de négociations devant aboutir à l'indépendance de la Région autonome du Kurdistan ? »

Dès l'annonce de ce référendum, la Turquie, la Syrie, l'Iran et le parlement de Bagdhad manifestent leur opposition à cette volonté sécessionniste.

J'étais à Erbil la semaine précédent le vote et constaté que le référendum n'était pas démocratique, les opposants n'ayant pas la voix au chapitre et il n'y a pas eu de débat contradictoire. A la télévision, la quasi totalité du temps d'antenne était consacré à glorifier le OUI.

Erbil compte une importante communauté chrétienne et les villes et villages proches de la frontière mais sur territoire irakien sont également chrétiens. La frontière est réelle et pour aller de Erbil à Qaraqosh, en Irak, 65 km. j'ai du franchir pas moins de 6 check-points.

L'insoutenable misère des chrétiens déplacés

A Pâques 2016, préoccupé par la situation des chrétiens d'Irak, je suis allé à Erbil et fait quelques connaissances. La France a un consulat dans cette ville et ceux qui désirent émigrer dans ce pays y demandent un visa. C'est ainsi que 2 mois plus tard je retrouvais à Lyon 2 familles venues tenter leur chance en France. Si l'une s'est bien adaptée, l'autre a eu de réelles difficultés, notamment au point de vue de l'apprentissage de français. Tant et si bien que le 14 avril 2017 Dounia, son époux et ses 3 enfants retournent à Erbil, ou plutôt à Kasnazan où la famille a vécu dans un camp de personnes déplacées avant le départ pour la France.

Leur maison de Qaraqosh étant intacte, la famille décide de retourner dans cette ville où les gens qui avaient fui reviennent petit à petit. En effet, le gouvernement d'Erbil semble pressé de fermer les camps de personnes déplacées. Le mari reprend son métier de barbier, les affaires ne sont pas brillantes mais la famille est dans son élément. Toutefois, c'est une ville où les services, notamment la poste, ne fonctionnent pas. Quant' à l'école, elle devrait reprendre en novembre au lieu d'octobre. Ils sont relativement favorisés.

 

Nidal, son mari et leurs 3 enfants habitaient Bartella, village chrétien en Irak. Lors de l'arrivée de Daech ils fuient direction Erbil. A la frontière un soldat de Daech leur demande de se convertir à l'islam, ce qu'ils refusent. Alors le soldat tape sur la tête de la dernière-née qui n'a que 2 mois. Le père proteste : on lui passe des menottes et on l'emmène. Sa famille ne le reverra jamais...

Nidal vit avec ses 3 enfants et sa mère à Ankava, le quartier chrétien d'Erbil dans un logement des plus sommaire à tout de même 300.- francs par mois. Elle fait des ménages mais cela ne lui suffit pas. Depuis son agression au passage de la frontière, la dernière-née fait des crises genre épilepsie et sa mère n'a pas les moyens d'acheter des médicaments, tout comme la grand-mère qui a du diabète...

La grand-mère est amère. Elle me dit : A un moment donné, une famille chrétienne assez aisée a fui Mossoul, je leur ai donné un étage de ma maison sans demander d'argent, et les propriétaires de notre logement, qui sont aussi des chrétiens aisés, nous demandent trop.

Sa maison ayant été incendiée, elle ne peut pas retourner à Bartella et les aides, notamment de l'église, diminuent, voire sont supprimées.

 

Bassima, aussi, vit une situation pénible. Séparée de son mari, elle habitait également Bartella. A l'arrivée de Daech, elle ne s'en aperçoit pas tout de suite, et elle reste seule avec sa mère et sa fille alors que les autres habitants ont quitté le village. Elle cohabitera 45 jours avec eux mais, ils ont été corrects. Finalement elle réussit à s'enfuir à Mossoul où elle  y restera jusqu'au printemps dernier. Devant quitter cette ville, elle se réfugie à Erbil.

Je vais chez elle un début de soirée. La pièce principale est quasiment vide, sauf un lit contre chaque paroi.

Et au milieu de la pièce, à même le sol excepté une couverture, la grand-mère de 87 ans gémit. Elle est malade, on ne sait pas exactement ce qu'elle a mais de toute manière il n'y a pas d'argent pour acheter des médicaments...

Par mesure d'économie le frigo est débranché. Dans ce cas aussi, les aides diminuent. Les églises et diverses associations n'ont plus d'argent.

Elle a une soeur qui vit avec mais celle-ci, qui travaille, aimerait avoir un logement personnel. Bassima vit au rez-de chaussée d'une villa pour 400.- francs de loyer mensuel ; elle devrait avant tout chercher un logement meilleur marché. Et elle me fait remarquer qu'il n'y a même pas de tapis sur le sol et rien pour se chauffer en hiver.

Sa fille a 10 ans mais n'a jamais été à l'école ! A Bartella, comme on commence l'école à 7 ans, elle n'avait pas l'âge, à Mossoul, comme il y avait beaucoup d'insécurité, les enfants n'allaient pas à l'école et lors de l'arrivée à Erbil c'était les vacances.

Et, pour ne pas être trop long, je passe brièvement sur les histoires de Fars, l'électricien de Bagdhad qui a fui cette ville en 2012 à cause de l'insécurité et travaille maintenant comme chauffeur de taxi au noir à Erbil. Tout comme la vie de Hanna, de son mari et leurs 7 enfants qui végètent dans 2 containers dans le camp de Ashti 2 après avoir été trimbalés d'un camp à l'autre, y compris dans une maison sans toit !

En conclusion, l'avenir n'est pas radieux pour les déplacés, les églises n'ont plus d'argent, les ONG de même et diminuent leur personnel. L' Etat veut fermer au plus vite les camps comme il l'a fait avec Mar Elia et Kasnazan. Les déplacés dont la maison a été démolie ou incendiée sont dans une situation difficile, d'autant plus que les personnes qui avaient été en Jordanie dans le but d'aller en Australie et dont la demande a été refusée reviennent à Erbil.

 

François Brélaz, 25 septembre 2017

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Etat du Kurdistan – Est-ce pour bientôt ?

   
Michel Garroté - Le général des Peshmergas (kurdes irakiens), Sirwan Barzani, déclare que si le gouvernement irakien (inefficace et corrompu) ne change pas de comportement après la libération de la province de Ninive et de la ville de Mossoul, le Kurdistan se séparera de l’Irak. Et il a bien raison de dire cela. L'ONU, l'UE et nos médias sont obsédés par le "conflit israélo-palestinien", mais ils se moquent éperdument des revendications -- elles bien légitimes -- des Kurdes.
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Ainsi donc, le général des Peshmergas (kurdes irakiens), Sirwan Barzani, déclare notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Les dirigeants kurdes irakiens ont joué un rôle central dans la transformation de l’Irak en pays unifié, même au moment de la rédaction de la constitution. Malheureusement, pourtant, Bagdad n’a pas réagi en conséquence. Aujourd’hui, après la libération de la province de Ninive et la ville de Mossul située dans cette province, il y a de nouvelles initiatives et de nouvelles promesses, et nous espérons qu’il y aura une coordination et un accord sur tous les sujets, notamment à propos de Mossoul. Nous espérons qu’une nouvelle page sera ouverte. Sinon, il y aura davantage de problèmes.
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Ainsi, après nous être débarrassés de l’Etat islamique, nous connaîtrons d’autres problèmes. C’est évident. Il portera un nom différent, mais ce sera un autre EI, et il y aura d’autres problèmes également. S’il n’y a pas de coordination plus poussée, et que les choses reviennent à la situation antérieure, sans qu’aucun article ne soit rédigé et appliqué, il y aura un référendum au Kurdistan. Ils ne devraient pas s’attendre à ce que nous soyons tués et bannis sans raison pendant encore 100 ans. Nous n’attendrons pas éternellement. Si les Kurdes arrivent à la conclusion que Bagdad ne changera pas sa conduite, ils ne resteront pas en Irak. Ils n’auront aucune raison de rester. Cela signifie que l’accord Sykes-Picot, en vertu duquel l’Irak est devenu un pays uni, était une erreur.
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Dans tout mariage, il peut y avoir un divorce, si les parties ne sont pas heureuses ensemble. Malheureusement, l’Irak « uni » n’est uni que sur le papier. Si vous observez attentivement l’histoire de l’Irak, vous voyez que pas un jour ne s’est passé au cours des 100 dernières années, sans que des civils ne se fassent tuer sans raison. Que le match de boxe se tienne entre les parlements, il peut y avoir un parlement kurde, un parlement chiite et un parlement sunnite, et ils combattront entre eux, sans que les civils ne se fassent tuer. Où est le problème ? Il pourrait y avoir une partition. Quel est le mal à cela ? Beaucoup de pays ont subi une partition, et ils n’ont aucun problème. Nous avons fait connaître notre position à Bagdad.
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Avant la libération de Mossoul, nous avons fait savoir aux partis politiques à Bagdad qu’à moins d’une coordination directe et d’une application de la Constitution, ils devaient se préparer à des négociations sur le partage du pays et l’indépendance du Kurdistan. Cela a été dit ouvertement. On l’a dit à Bagdad, et cela fait partie des droits des Kurdes. Je pense que cela servira les Arabes en Irak mieux encore que cela ne servira les Kurdes. Qu’est-ce qui est préférable ?  Vivre dans la sécurité et l’honneur dans votre maison, ou vivre dans un grand pays et combattre sans arrêt ? Je ne vois aucune justification à cela, pour parler franchement, conclut Sirwan Barzani (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction et Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.memri.fr/2016/12/28/le-general-des-peshmergas-sirwan-barzani-si-bagdad-ne-change-pas-de-comportement-apres-la-liberation-de-mossoul-le-kurdistan-se-separera-de-lirak/
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https://www.memri.org/tv/peshmerga-general-sirwan-barzani-unless-baghdad-changes-its-conduct-after-liberation-mosul
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Ankara admet avoir bombardé les milices kurdes syriennes à deux reprises

 

  Le 25 octobre, les Unités de protection du peuple (YPG), la branche armée du PYD, l’équivalent syrien du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie, a accusé les forces turques d’avoir bombardé, au moins à 2 reprises, les positions qu’elles occupent près de la ville de Tall Abyad, prise aux jihadistes de l’État […]

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Les milices kurdes syriennes accusent l’armée turque d’avoir bombardé leurs positions

 

Les Unités de protection du peuple (YPG), c’est à dire les milices kurdes syriennes, ont accusé l’armée turque d’avoir ouvert le feu sur leurs positions, situées près de la frontière avec la Turquie. « L’armée turque a visé samedi et au matin du 25 octobre des positions tenues par nos unités le long de la frontière […]

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