"Qu'il y ait un problème avec l'islam, c'est vrai. Nul n'en doute." Cette phrase de François Hollande, extraite du livre Un président ne devrait pas dire ça..., est le point de départ revendiqué d'une nouvelle enquête signée Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes d'investigation au Monde. Leur livre, intitulé Inch'allah, l'islamisation à visage découvert (Fayard), explore "l'islamisation" d'un département, la Seine-Saint-Denis. Un sujet "inflammable", qui se prête "à tous les raccourcis, à tous les amalgames" et "effraye tous les tenants du politiquement correct", écrivent les deux journalistes dans la préface de l'ouvrage.
Mais contrairement à leurs précédentes enquêtes, les deux journalistes ont cette fois laissé la plume à cinq étudiants. La collaboration inédite qu'ils ont engagée a d'ailleurs fait l'objet d'un documentaire, La plume dans la plaie, diffusé sur LCP le 17 octobre. Que dévoile leur enquête ? Pourquoi fait-elle déjà polémique ? Franceinfo répond à quatre questions sur la démarche des journalistes et les critiques qu'ils rencontrent.
Quel est le sujet du livre ?
Après huit mois de travail et une longue explication de leur démarche en début d'ouvrage, "oui, l'islamisation est à l'œuvre en Seine-Saint-Denis", tranchent les journalistes dans ce livre que franceinfo a lu en intégralité. Un phénomène sur lequel Gérard Davet et Fabrice Lhommerefusent de se prononcer : "Cette propagation constitue-t-elle réellement un problème ? Ne faut-il pas accompagner ce retour du sentiment religieux plutôt que tenter de le freiner ? (...) il ne nous appartient pas, à nous journalistes, de répondre à ces interrogations."
Pour alimenter ce constat, le livre est organisé comme un recueil de témoignages. "Le guide", "le père", "le flic", "le missionnaire", "l'imam"... Chaque chapitre correspond à une personnalité, qui témoigne à visage découvert et illustre un sujet : commerces, travail en entreprise, éducation, politique, santé. On y trouve d'abord des témoins de cette "islamisation" : un professeur d'histoire à la retraite, de confession musulmane, qui déplore le développement des commerces islamiques, une préfète à l'égalité des chances stupéfaite par "la masse des foulards et des barbus" à son arrivée dans le département, une gynécologue incrédule face à une patiente qui refuse de retirer son foulard mais accepte d'être examinée, des juifs victimes d'antisémitisme qui quittent le département ou une directrice d'école obligée de mettre au point un plan de table pour mélanger les enfants de différentes confessions à la cantine.
Des "acteurs" du phénomène sont aussi interrogés. On croise à plusieurs reprises M'hammed Henniche, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes du 93, présenté comme un lobbyiste, qui se félicite d'avoir permis l'élection du maire de Noisy-le-Sec en échange de la construction d'une mosquée. Les apprentis journalistes se penchent également sur le groupe scolaire Al-Andalus, une école hors contrat de Saint-Denis où les filles sont voilées et où les poupées n'ont pas de visage (conformément aux prescriptions du salafisme, qui interdit toute représentation humaine). L'un d'eux se rend même à une consultation de roqya chariya, une médecine alternative qui aurait le vent en poupe. Le guérisseur lui diagnostique des "symptômes très évidents de sorcellerie"et lui pratique une saignée dans le dos.
 
"En Seine-Saint-Denis 1 habitant sur 2 serait musulman.
Le halal est devenu une évidence, presque une obligation.
Les boucheries traditionnelles ferment et parfois on empêche ceux qui veulent en ouvrir au profit des boucheries halal." - Fabrice Lhomme pic.twitter.com/7lZFA4Q5Gw— Tancrède ن (@Tancrede_Crptrs) 21 octobre 2018
Le communautarisme islamique à l'école...
Des élèves refusent d'avoir cours car le mobilier rouge est interdit par le Coran
Refusent de dessiner des représentations humaines
Se bouchent les oreilles quand le professeur passe de la musique. pic.twitter.com/B4cZtpnXY4— Waleed Al-husseini (@W_Alhusseini) 20 octobre 2018
De manière plus ponctuelle, l'ouvrage s'appuie sur des documents inédits et révèle quelques éléments jusque-là inconnus. On y apprend par exemple qu'il n'y avait, avant les attentats de novembre 2015, qu'un seul enquêteur chargé de l'islamisme radical au sein du Service territorial du renseignement du 93. "Mon service départemental avait des moyens de fortune pour suivre la montée de l'islam radical. Ma direction n'en faisait pas une priorité ni même un objectif", confie le commissaire Guillaume Ryckewaert, en charge du service de 2010 à 2013. Le livre révèle aussi qu'une "cellule" réunissant la préfecture, le service de renseignement et les forces de l'ordre a été constituée pour surveiller les salariés d'Aéroports de Paris, classés de vert à rouge en fonction de leur radicalisation supposée. "Plusieurs dizaines"d'individus figureraient dans la dernière catégorie.
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Rappels :
Dans la police judiciaire de Seine-St-Denis, les musulmans décident de bannir la viande de porc et interdisent aux femmes de préparer les grillades
Les 3/4 des élèves du lycée catholique à St-Denis sont musulmans. Le directeur avoue que les non musulmans subissent des propos haineux. (Vidéo)