Uli Windisch, interview TVLibertés, 7.6.2016 [vidéo]. Le modèle suisse, pourquoi les Suisses ne s’entretuent-ils pas?

Uli Windisch est venu parler sur TVLibertés du système politique helvète, thème largement évoqué dans son ouvrage intitulé “Le modèle suisse”. Un modèle référence pour d’autres pays en matière de démocratie directe et de gestion de la diversité culturelle? Il revient également sur la crise migratoire et sur la montée du parti patriote l’UDC.

Lien vers l'émission :

https://www.tvlibertes.com/zoom-uli-windisch-le-modele-suisse-une-reference-a-linternational

https://youtu.be/X0OhMOpr1kQ

 

Ne jouons pas avec la démocratie helvétique et son histoire

Par Dominique Schwander

 

Philippe Séguin en 1992 prophétisait: « On ne joue pas impunément avec les peuples et leur histoire. Toutes les chimères politiques sont appelées un jour ou l’autre à se briser sur les réalités historiques ». Les révolutions éclatent lorsque de multiples ressentiments fusionnent pour attaquer un régime qui ne s’y attend pas.

Nos Conseillers fédéraux Simonetta Sommaruga à la tête du Département fédéral de justice et police et Didier Burkhalter à la tête du Département fédéral des affaires étrangères ont montré qu’ils n’ont ni le caractère, ni le courage ni la persévérance pour s’engager sur une route encore inexplorée et affronter les problèmes actuels de repeuplement et les craintes justifiées des citoyens pour leur sécurité; ils n’ont pas le caractère pour faire des choix qui ne sont pas évidents pour leurs doctrines politiques; ils n’ont pas le courage de suivre un chemin qui est, dans un premier temps, solitaire et critiqué par les « useful idiots»; ils n’ont pas la détermination persistante pour apporter aux citoyens l’inspiration et la motivation nécessaires pour surmonter une difficulté après l’autre. De plus ces élus qui ignorent l’histoire ont oublié qu'au cours d’une période de bouleversement comme celle que l’Europe vit actuellement, un pays qui préserve son autorité intérieure est en mesure de tirer parti du chaos qui règne chez ses voisins pour se consacrer à ses futurs objectifs en particulier internationaux. Les grands dirigeants comme  Churchill, Roosevelt, de Gaulle, Tatcher, Adenauer, plusieurs excellents de nos Conseillers fédéraux pendant la deuxième guerre mondiale ainsi que Blocher, etc,  possédaient ces qualités de vision, de détermination et de courage, qualités dont le développement est devenu difficile dans notre société actuelle où la manipulation de l’information tend à remplacer tant la réflexion comme principal outil politique que l’écoute des citoyens.

Pendant leur campagne avant les dernières votations, la majorité de nos élus et tous les dirigeants de partis politiques, sauf l’UDC ou Union Démocratique du Centre, ont succombé à la  tentation de satisfaire aux revendications des angéliques, des « useful idiots » et des UE-idolâtres, afin que ce troupeau l’emporte à court terme et émotionnellement sur un jugement raisonné et indispensable pour définir, en accord avec des objectifs à long terme, un choix complexe pour la nation. Ce faisant nos élus ont affaibli la distinction entre information, connaissance et sagesse, ce qui est très grave pour notre démocratie.

Dans les faits, nos élus « démocratiques »  se sont laissés porter vers une approche démagogique reposant sur un appel aux émotions de l’opinion publique  terrorisée, au lieu du processus raisonné que les fondateurs de la Suisse avaient choisis et défendus en 1291. Les grands hommes d’État, de quelques tendances politiques qu’il soient, possèdent toujours une solide culture de l’histoire et des vertus de leur pays, parce que, comme  l’a écrit le philosophe et homme politique irlandais Edmund Burke (1729-1797) : « Ceux qui ne tiennent aucun compte de leurs ancêtres en tiendront bien peu de leur postérité. »  L’histoire joue pour les nations le rôle que la valeur du caractère donne aux êtres humains. Nos élus, pour menacer puis terroriser les électeurs, ont ignoré notre histoire et utilisé un des aspects les plus radicaux de la nouvelle technologie du cyberspace qui est le pouvoir de traiter et de contrôler l’information, d’influencer le déb at et, dans une certaine mesure, de définir la vérité dont ces mêmes élus ont investi des petits groupes tels que des anciens conseillers fédéraux, des juges, des professeurs d’universités, des créateurs d’un drapeau suisse à croix gammée, etc, tous évidemment considérés, par des braves gens, au sommet des structures politiques, économiques et artistiques.

Dans le passé nos dirigeants jouaient leur rôle démocratique comme des leaders; ils reconnaissaient que leur pouvoir ne consistait pas à se plier aux résultats de sondages au jour le jour, mais à écouter les citoyens et à obéir aux votes du Souverain. Trop de nos élus actuels ont hésité à exercer un leadership indépendant des techniques d’exploitation de données, en comptant que leur maîtrise de l’information les récompensera d’avoir mené une politique astucieuse à court terme, en leur assurant une réélection. Les modérateurs et la majorité des participants aux débats publics dans tous nos médias se sont laissés guider moins par les arguments de la raison et de l’observation des faits quotidiens que par ce qui reflète l’état d’esprit et les émotions du jour. Les porte-parole des médias de ces élus ou plutôt leur ministère de la propagande, payés en Suisse par les contribuables (!), on eut recours à leur talent théâtral et dramatique pour marteler leurs critiques et leurs menaces dans la conscience publique des Suisses avec l’objectif non dissimulé de les terroriser et d’asseoir la domination des élus ainsi que la leur, et afin que de nombreux électeurs exaltent leur rôle d’électeur en faisant une expérience émotionnelle angélique donc gratifiante. Ce que ces électeurs ont recherché c’est le consensus par le partage d’émotions non pas par l’échange d’idées, fondé sur l’observation de la réalité et la raison. Ces électeurs en prenant émotionnellement la défense de graves criminels et en méprisant les victimes ont-ils finalement agit contre les intérêts de notre pays ? L’avenir nous le dira. Rappelons ici que pour Franklin Delano Roosevelt, si une nation ne peut ou ne veut pas agir pour défendre ses propres intérêts, elle ne peut pas non plus inspirer le respect. Tout état a la même obligation d’assurer la sécurité de son peuple que celle d’un citoyen particulier d'assurer la sécurité de son propre corps. Même si ces deux obligations s’effritent au XXI ème siècle.

Les plus grandes forces de la Suisse étaient son esprit civique, son administration efficace et son armée forte et bien entraînée. Par le passé, un vrai élu au service du peuple souverain cherchait à modérer notre instinct (et donc surtout le sien) qui nous et le pousse à croire que nous savons ce qui est le mieux pour les autres, ce qui est l’exemple de l’ingérence. Cette dernière votation préfigure la dictature silencieuse d’un régime totalitaire moderne, dans lequel la volonté du Souverain ratifie des décisions déjà annoncées par des manifestations manipulatrices massives, émotionnelles et terrorisantes soigneusement mises en scène.

Négliger son futur démocratique, quand nous avons appris et savons comment orienter ce futur, entraîne des risques à long terme. Négliger son présent en négligeant la sécurité dans l’actuel tourment européen, c’est risquer une catastrophe à brève échéance. En règle générale, la voie politique la plus durable comprend un mélange de réalisme et d’idéalisme. Cette distinction est à la base de la divergence de vues entre traditionalistes et activistes. Chaque fois qu’un problème se pose, tout élu doit peser le pour et le contre traditionaliste et activiste.
Deng Xiaoping a de même fort bien exprimé ce qui est le plus important: « En réalité, la souveraineté nationale est beaucoup plus importante que les droits de l’homme, mais le Groupe des Sept (ou Huit) empiète souvent sur la souveraineté des pays pauvres et faibles du tiers-monde. Tous leurs discours sur les droits de l’homme, la liberté et la démocratie ne sont destinés qu’à sauvegarder les intérêts des pays forts et riches, qui profitent de leur force pour tyranniser les pays faibles, et qui recherchent l’hégémonie et pratiquent une politique de force. »

Aux Suisses, majoritaires lors de cette dernière votation, qui chérissent les criminels, qui ont voté contre l’initiative exigeant la mise en oeuvre sans plus tarder de l’initiative acceptée il y a cinq ans d’expulser les graves criminels étrangers et qui se plaindront des crimes, des criminels et de leurs coûts prohibitifs pour les contribuables, je leur citerai alors Bossuet:

“Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.”

Dominique Schwander