Michel Garroté -- Sans majorité pour gouverner, la Chancelière allemande Angela Merkel a déploré l'échec des tractations en cours. Et les libéraux du FDP ont constaté, eux aussi, l'échec des discussions pour parvenir à un accord entre la CDU devenue centriste, la CSU bavaroise, plus conservatrice, les Verts et eux-mêmes.
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"Réélue" (en fait il s'agissait d'élections parlementaires) le 24 septembre, Angela Merkel a désormais peu d'options devant elle. Et selon les médias allemands (très immigrationnistes), il ne resterait, sauf miracle, qu'une seule solution probable : l'organisation à moyen terme de nouvelles élections.
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En effet, l’échec des négociations pourrait impliquer un retour aux urnes pour les Allemands, début 2018, alors qu’ils viennent d’élire leurs députés au Bundestag, le Parlement allemand, il y a deux mois. Les partis n'ont pas réussi à s'entendre sur un sujet principalement : l'immigration.
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Car les conservateurs (l'aile droite de la CDU et la CSU) ont fait preuve de fermeté sur la migration musulmane de masse et ils ont décidé de prolonger la suspension du regroupement familial. C'est clairement le bilan migratoire d'Angela Merkel - avec 1,3 million de "migrants" en 2015 - qui s'est trouvé au centre des désaccords.
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Merkel est tenue pour responsable (par la gauche) de la percée du parti libéral-patriotique AfD, qui a obtenu 12,6% aux élections législatives de septembre. En réalité, Merkel a échoué car elle a fait glisser la CDU, depuis toujours située à droite, vers le centre, trahissant ainsi les valeurs démocrates-chrétiennes conservatrices de ce parti.
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Ironie de l'histoire, de nouvelles élections parlementaires début 2018 pourraient diminuer encore plus le score de la CDU et inversement augmenter le score de la CSU bavaroise et de l'AfD. Et les sociaux-démocrates (la SPD que Martin Schulz a transformé en mouvement socialiste gauchisant) seraient ainsi appelés à tenter de créer une coalition avec les écologistes et l'extrême-gauche. Ce qui serait un vrai désastre pour l'Allemagne.
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A noter que depuis mardi 21 novembre 2017, le président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier -- qui a désormais la main dans cette crise en vertu de la Constitution (la Loi fondamentale de 1949) -- fait le tour des partis susceptibles de participer à un gouvernement sous l'égide de la chancelière centriste au pouvoir depuis douze ans. Cependant, Steinmeier exclut de ces rencontres l'AfD (les libéraux patriotiques) et Die Linke (l'extrême-gauche) avec lesquelles Angela Merkel refuse tout dialogue.
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Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 21.11.2017
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