La pratique des mariages consanguins est très répandue au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le Sud-Ouest Asiatique où 20 à plus de 50 % de mariages sont consanguins.
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Les diverses enquêtes menées dans les pays arabes donnent un niveau de consanguinité qui varie de 21 % au Liban (LMCHS 1996) à 68 % en Mauritanie (EDSM 2000/2001).
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DISCUSSION
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Au Grand Maghreb, plusieurs dictons encouragent cette pratique matrimoniale : « ne laissons pas nos richesses aux autres », « pourquoi offrir nos bienfaits aux autres ? ». Ces croyances sociales et culturelles, ajoutées à des considérations d’ordre économique, ont fait du mariage consanguin, une pratique privilégiée décidée parfois dès la naissance des futurs « époux ». En effet, selon les résultats des Enquêtes Démographiques et de Santé, les mariages consanguins y sont relativement fréquents. Ils représentent 36,4 % du total des mariages en Algérie (AMCHS 1992), 40,2 % en Tunisie (TMCHS 1994/1995), 46,5 % en Libye (ALMCHS 1995) et 68 % en Mauritanie (EDSM 2000/2001).
Quant à la population marocaine, elle pratique cette forme de mariage à 29,4 % suivant les résultats de l’Enquête Nationale sur la Santé de la Mère et de l’Enfant de 1997 (ENSME 1997).
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En Europe, la pratique des mariages consanguins concerne principalement des jeunes filles issues de l’immigration confrontées à un contrôle social rigoureux, très souvent au nom de la protection de l’identité culturelle de leur communauté d’origine (Shaw 2001).
La pratique des mariages consanguins est très répandue au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le Sud-Ouest Asiatique où 20 à plus de 50 % de mariages sont consanguins.
L’analyse d’un échantillon de 270 femmes mariées, pris au hasard dans le service de Maternité de l’Hôpital Souissi à Rabat (2004-2005), a fait l’objet d’une étude prospective visant à déterminer la fréquence des mariages consanguins dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer au Maroc.
Les résultats obtenus montrent que 20 % des mariages sont consanguins (l’IC à 95 % est de 12,29 à 28,01 %) dont 70 % sont entre cousins germains.
Nombre d’auteurs soulignent l’augmentation du nombre de ces mariages parmi les Pakistanais vivant en Grande-Bretagne (Darr, Modell 1988 ; Bundey, Alam 1993), les maghrébins vivant en France (Bundey, Alam 1993), et les migrants marocains et turcs résidant en Belgique (Reniers 2001). D’après ces études, le mariage dans les pays de l’immigration devait permettre de maintenir et de resserrer les liens avec le groupe et la société d’origine.
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Les résultats que nous avons obtenus tendent à confirmer la préférence des enquêtées pour les unions entre parents de degré proche, en particulier entre cousins germains. Près de 70 % des unions consanguines enregistrées dans la région sont entre cousins germains chez la génération des couples étudiés et plus de 85 % chez la génération de leurs parents. En effet, une enquête effectuée au Pakistan en 2001 auprès de 393 patients a montré que 69 % d’entre eux conseillent à leurs enfants d’épouser leurs cousins germains (Qidwai et al. 2003). C’est le cas également de la moitié des femmes enquêtées à Beyrouth (Khlat et al. 1986).
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Par H. Hami, A. Soulaymani et A. Mokhtari
© Société d’anthropologie de Paris