600.000 mètres cubes d'eau ont été ainsi gaspillés en moins d'un mois. Devant la multiplication de ces actes de vandalisme censés adoucir les périodes de fortes chaleurs, collectivités locales et forces de l'ordre sont dépassées.
Regardé au départ avec une relative bienveillance par le public, le phénomène de "street pooling", l'ouverture sauvage de bouches à incendie, préoccupe désormais les pouvoirs publics. Depuis dimanche, à Paris et dans les trois départements de Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne, un millier de cas ont été recensés. Selon le distributeur Veolia, 600.000 mètres cubes d'eau ont été ainsi gaspillés depuis le 26 mai dernier. Soit l'équivalent de la contenance de 240 piscines olympiques.
L'ampleur du phénomène "devient critique" en Ile-de-France, a également déploré jeudi le groupe Veolia, qui distribue l'eau de 150 communes autour de Paris.
"La journée du mercredi 21 juin a vu le phénomène des ouvertures intempestives de bouches et poteaux incendie prendre une ampleur non connue à ce jour, qui devient critique", a affirmé Veolia dans un communiqué.
Un phénomène d'ampleur nationale
Sur le territoire du Syndicat des eaux d'Ile-de-France, qui regroupe 150 communes dans sept des huit départements de la région, "le volume d'eau distribué a augmenté de près de 50%", entraînant la perte de 150.000 m3, "soit l'équivalent de 60 piscines olympiques".
La région parisienne n'est pas la seule concernée: sur la même période, 600 bouches à incendie ont été ouvertes dans les Hauts-de-France, provoquant la perte de 100.000 mètres cubes d'eau, principalement à Lille, Roubaix et Tourcoing.
Veolia "en appelle au civisme et à la responsabilité des usagers" pour mettre fin aux "ouvertures intempestives".
Des passants arpentent la rue, en voiture ou à pied. Certains disent aux jeunes d’arrêter de laisser couler l’eau, mais rien n’y fait. Le jeu continue, sous le soleil qui tape dur à cette heure de l’après-midi. « La police a rappelé les jeunes à l’ordre, mais ça n’a rien changé. Jusqu’à 21 h, ils sont restés faire trempette », explique encore la jeune femme, domiciliée allée de Brno, qui fait part de son exaspération : « À chaque nouvelle dégradation, on nous promet des solutions mais rien n’est jamais fait. On n’en peut plus. »
Une "mode" qui met en danger la vie des riverains
Si le gâchis est la première conséquence du phénomène, il comporte aussi des risques plus graves: la perte de pression dans la canalisation peut entraver le travail des pompiers si un incendie se déclare aux alentours. Sans parler des problèmes d'acheminement de l'eau potable pour les bâtiments de la zone concernée.
Cette même pression met en péril ceux qui ouvrent les bouches. En 2015 à Bobigny, un enfant de 8 ans a été projeté en l'air avant de retomber sur la tête, rapportait à l'époque Le Parisien.
L'eau peut aussi gêner la circulation, masquer les piétons aux véhicules qui arrivent à hauteur du geyser provoqué par l'ouverture intempestive de la bouche.
Une facture de plusieurs millions d'euros
Enfin, les pompiers mettent en garde contre un risque d'électrocution si l'eau projetée dans les airs, parfois jusqu'à cinq ou six mètres de haut, venait à entrer en contact avec des caténaires SNCF et des lignes électriques.
La dernière conséquence est financière. La mobilisation supplémentaire des pompiers et services de secours, la dégradation des matériels inondés et l'eau gâcher coûtent des centaines de milliers d'euros aux collectivités locales touchées. Pour la seule journée de mercredi, notent Les Echos, l'ouverture illégale de 500 bouches et poteaux à incendie aura coûté entre 600.000 et 800.000 euros. Une somme acquittée au final par les communes et leurs habitants. Et parfois par les contrevenants qui s'exposent à une amende de 500 euros.
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