«Je m’attends à ce que mes parents tombent malades d’un moment à l’autre. Tous leurs amis sont morts. Mes amis d’enfance, Pietro, Simona et Andrea, les sœurs de Simona et leurs maris: ils sont tous positifs. À Bergame, ce n’est pas vrai que la maladie ne concerne que les personnes âgées. C’est un enfer.» Les drames privés sont plus éloquents que les chiffres, les discours des experts ou les appels des responsables politiques. Le SMS d’une Bergamasque donne la mesure d’une réalité que les Italiens vivant dans les régions moins touchées par l’épidémie de Covid-19 ont encore du mal à imaginer.
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La province compte 3993 malades et 460 morts, sur environ 3000 décès au niveau national (dont 475 en vingt-quatre heures, annoncés mercredi). Des chiffres par défaut. «Nous ne pratiquons plus de tests sur les nouveaux patients ou suite à des morts suspectes», explique le maire de Bergame, Giorgio Gori. L’an dernier, autant dire il y a un siècle, huit personnes mouraient en moyenne chaque jour à Bergame. Aujourd’hui, elles sont entre 50 et 55. En fonction 24h/24, le crématorium de la ville ne suffit plus.
Manque de médecins
L’Hôpital Jean XXIII est le principal champ de bataille de cette guerre. Avec un millier de lits, dont 80 de thérapie intensive, il était considéré comme l’un des plus efficaces de la péninsule. Tous les lits sont désormais occupés et il est au bord de la rupture.
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