Hier un de mes amis m’a demandé quelle était mon analyse sur le résultat des élections régionales de la veille en France.
Alors je vais donner rapidement un point de vue que je vais partager avec vous ce jour.
La partition du peuple français en deux camps n’a jamais été aussi grande.
Ceux qui prétendaient par leur action protéger la république n’ont fait qu’accélérer sa fin.
Je m’explique.
A l’heure actuelle et d’après les dernières élections, on peut considérer qu’au moins un tiers de la population est proche du FN.
Et qu’un autre tiers est favorable à la droite dite classique, ça fait donc en tout 60% de la population qui en tout cas rejette catégoriquement le pouvoir en place.
Même si on considère qu’une partie des électeurs de la droite classique sont des centristes, et finalement assez proches aussi de la gauche libérale, ils représentent en tout dans les deux partis centristes, Modem et UDI 10% des électeurs qu’on pourrait classer à gauche.
Pourquoi est-ce que je classe les centristes plutôt à gauche dans mon analyse ?
Et bien parce que depuis trente ans j’ai vu le paysage politique français entier glisser à gauche ce qui se retrouve dans ses programmes politiques mais aussi et surtout, ce qui est encore plus important, dans les attitudes des dirigeants centristes de plus en plus réticents sur des sujets traditionnels de droite tels que l’immigration ou la limitation de l’emprise de l’état et de la fonction publique sur la société française.
En fait les centristes seraient plutôt assimilés à de bons démocrates chrétiens, donc plutôt libéraux mais plutôt socialistes.
Donc si on revient sur ma petite cuisine de tout à l’heure, on aboutit à une vraie partition à part égale, 50-50, de la population et donc apparemment un clivage traditionnel.
Sauf que fait nouveau, avec au moins 30% d’électeurs fidèles le FN apporte une vraie nouveauté dans le paysage politique français, le tripartisme.
Ce tripartisme est une fracture inédite de la population française et un facteur de déséquilibre dangereux car nos institutions ne sont pas adaptées et ne permettent pas la juste représentation d’une partie très importante de la population qui ne peut se sentir que lésée dans ses droits.
Et quand même avec quelques motifs valables !
Les partis traditionnels n’ont pas pris la mesure du danger qui s’annonce et bien au contraire font tout pour que la situation s’aggrave : que ce soit le front républicain de 2002 ou bien l’appel au report des voix de gauche sur les listes de la droite classique, tous ces mouvements ne font qu’exacerber les rancœurs et nourrir les divisions de plus en plus profondes.
La diabolisation effrénée du FN et donc de ses électeurs par la gauche, mais aussi par des pontes du centre et de la droite, est le pire des messages envoyé à 30% au moins de la population française qui se voit ainsi mise à l’index et au ban de la société : on aurait décidé d’accélérer la fermentation d’une guerre civile qu’on ne s’y aurait pas mieux pris.
En fait ceux qui pointent du doigt des dizaines de millions de français en prétendant défendre la démocratie et les valeurs de la république, ne font qu’attiser la haine qu’ils prétendent dénoncer.
Des hommes politiques sérieux, conscients, éclairés et responsables auraient compris depuis longtemps que la seule manière de sortir par le haut d’une situation pareille aurait été de permettre au FN d’accéder au pouvoir et d’être jugé par ses électeurs sur les faits et les résultats.
Mais de tels hommes n’existent pas, ou bien ne sont pas encore connus, et la seule chose qui ressortira de ces élections c’est le bannissement d’un tiers de la population française qui n’est toujours représentée nul part ni au niveau local ni au niveau national depuis bientôt quinze ans.
La cocotte minute bout et au lieu de laisser la vapeur s’échapper le conglomérat UMPS vient de boucher la soupape de sécurité...et la république risque bien de ne pas survivre à l’explosion.