Justice valaisanne Pour son tweet "On en redemande" après la la fusillade à la mosquée de St-Gall qui avait fait un mort en 2014, Jean-Luc Addor était jugé en appel ce vendredi à Sion. Le procureur a demandé la confirmation du jugement de première instance.
Le conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS) a comparu vendredi devant le tribunal cantonal valaisan pour discrimination raciale. Le Ministère public a demandé la confirmation de la peine pécuniaire prononcée en première instance. La défense a plaidé l'acquittement.
Le 22 août 2014, Jean-Luc Addor écrit sur ses comptes Twitter et Facebook "On en redemande". Il réagit ainsi à un article de presse en ligne relatant une fusillade ayant fait un mort dans une mosquée de St-Gall.
"Mon intention était de dire ironiquement ça suffit! On en a marre de ces règlements de comptes entre étrangers qui viennent faire ça chez nous. C'était une forme d'indignation de ma part", a répondu le conseiller national valaisan au président de la cour Bertrand Dayer qui l'interrogeait vendredi matin sur les raisons de ce commentaire.
Communauté musulmane
Pour le procureur Jean-Pierre Greter, les propos de Jean-Luc Addor visaient la communauté musulmane en raison de sa religion. Par ses mots, il a exprimé son souhait qu'un tel événement (la fusillade mortelle dans une mosquée) se répète.
Tous les éléments constitutifs de la discrimination raciale sont réalisés. Le Ministère public a demandé la confirmation de la peine prononcée par le tribunal du district de Sion en août 2017, soit une peine pécuniaire de 60 jours-amende à 300 francs l'unité avec un sursis de deux ans.
Ancien juge d'instruction, membre du barreau valaisan, Jean-Luc Addor était élu au Grand Conseil valaisan et candidat à la candidature pour le Conseil national au moment des faits. Il avait "un rôle de modèle à tenir", avait souligné le procureur devant l'autorité de première instance.
Règlement de compte mafieux
Me Marc Bonnant a plaidé l'acquittement. Selon l'avocat genevois, l'article de presse auquel a réagi Jean-Luc Addor, n'évoquait pas un musulman qui en tue un autre mais un "règlement de compte mafieux" entre deux Albanais. En conséquence, les propos de son client ne se référaient pas aux musulmans.
Que la fusillade ait eu lieu dans une mosquée ne prouve pas que les personnes étaient musulmanes, a poursuivi Marc Bonnant. "Les Albanais ne sont pas tous des musulmans".
L'ironie ou l'antiphrase
Me Bonnant s'est attaché à démontrer que Jean-Luc Addor avait pratiqué "l'ironie ou l'antiphrase", qui revient à dire le contraire de ce que l'on pense. Le message que son client a envoyé treize minutes après le second - "Mon ironie a -t-elle été bien comprise" - n'est "pas du repenti, n'est pas une rétractation mais bien une explicitation".
Me Bonnant a encore dénoncé un "procès politique", avec comme dénonciateur le Conseil central islamique suisse et comme "cible" une figure de l'UDC. Rappelons toutefois que la discrimination raciale est une infraction poursuivie d'office.
La dignité humaine
Lors de son réquisitoire, Jean-Pierre Greter a rappelé que "le souverain donne plus d'importance à la dignité humaine qu'à une liberté d'expression illimitée. Il l'a rappelé encore le 9 février dernier, en acceptant une extension de la norme pénale antiraciste".
Le Ministère public n'a pas souhaité reprendre la parole à l'issue de la plaidoirie de la défense. "Vous pouvez retirer votre accusation; soyez immense!", lui a alors lancé Me Bonnant. Le verdict sera communiqué par écrit aux parties ultérieurement.
*****
voir aussi:
MàJ. Notre ami Jean-Luc Addor condamné pour son tweet « on en redemande » !