Liban – Qui a assassiné le président Bachir Gemayel ?

   
Michel Garroté - La demande d'ouverture du procès de l'assassin du président libanais Bachir Gemayel [photo en début d'article], 34 ans après les faits, cette demande a (enfin) été acceptée, le 25 novembre 2016. Présentée en 2012 devant la Cour de justice, la demande d'ouverture du procès de l'assassin de Bachir Gemayel, le 14 septembre 1982, est donc -- finalement -- satisfaite.

-
Pour mémoire, je rappelle que le président chrétien Bachir Gemayel, également chef des Forces (chrétiennes) Libanaises [photo en début d'article], a probablement été assassiné par les services spéciaux syriens de l'époque.
-
Certains experts affirment qu'il a été assassiné par l'OLP du palestinien Yasser Arafat qui, à l'époque, se trouvait, avec ses milliers de fedayins lourdement armés, au Liban, avant de quitter ce pays avec sa bande pour la Tunisie. Bachir Gemayel assassiné sur ordre d'Arafat ? C'est ce que ces experts m'ont dit lorsque j'étais à Beyrouth, en mars-avril 1983, soit six mois après l'assassinat.
-
Cependant, je penche plutôt pour la piste syrienne. De leur côté, certains gauchistes conspirationnistes allèguent - évidemment - que ce serait l'inévitable Mossad israélien qui aurait, soi-disant, assassiné Bachir Gemayel.
-
[Un peu d'humour : Le Mossad dont chacun sait qu'il "contrôle tout", y compris le changement climatique, la mossade météo du jour, les USA, l'UE, l'EI, le Soleil, la face cachée de la Lune, la Planète Mars, la gravitation terrestre, le naufrage du Titanic perpétré par un Juif répondant au nom de Iceberg et les maisons closes de Papouasie-nouvelle-Guinée...].
-
Plus sérieusement, revenons au fait que la demande d'ouverture du procès de Habib Chartouni (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page), principal accusé de l'assassinat de Bachir Gemayel,  tué le 14 septembre 1982 -- dans l'explosion d'une charge piégée qui avait détruit la permanence du parti Kataëb, à Achrafieh, dans Beyrouth-Est -- a été examinée, vendredi 25 novembre 2016, par la Cour de justice, un tribunal dont les jugements sont sans appel et devant lequel les dossiers déférés sont considérés comme imprescriptibles.
-
Une prochaine séance a été fixée au 3 mars 2017. La Cour de justice a appelé Habib Chartouni à se rendre dans les 24 heures. Pour rappel, Habib Chartouni, un militant du Parti syrien national social (PSNS prosyrien) avait fui la prison de Roumieh, "à la faveur du chaos" qui a régné après l'intervention armée de la Syrie au Liban, le 13 octobre 1990...
-
Il sera jugé 'in abstentia'. "Nous continuerons à suivre le dossier de l'assassinat de Bachir Gemayel et nous recouvrerons les droits de tous les martyrs qui sont tombés avec lui", a déclaré Nadim Gemayel, député d'Achrafieh et fils de Bachir Gemayel, à l'issue d'une séance tenue sous la supervision du Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, Jean Fahd.
-
L'énorme déflagration (ce qui est typiquement la signature syrienne) de d'attentat qui a coûté la vie à Bachir Gemayel, avait fait, en outre, 32 tués et 62 blessés (des années plus tard, le libanais Elie Hobeïka était assassiné, lui aussi, par l'énorme déflagration d'un attentat syrien).
-
Exprimant sa confiance envers le nouveau mandat qui s'ouvre, Nadim Gemayel a déclaré "qu'il ne peut y avoir d'Etat ou d'institutions fortes sans justice". "Nous continuerons à suivre ce dossier et nous espérons que la Cour de justice va rattraper ce retard", avait déclaré, avant cette séance, Solange Gemayel, la veuve de Bachir Gemayel (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
-
Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
-
http://www.lorientlejour.com/article/1020346/la-demande-douverture-du-proces-de-lassassin-de-bachir-gemayel-examinee-34-ans-apres.html
-

Liban – Il s’appelait Bachir Gemayel

Liban-Bachir-Gemayel-2

   
Michel Garroté - Ami du Liban, t'en souvient-il ? Il y a 34 ans, le 23 août 1982, le Liban avait rendez-vous avec l'espoir. Bachir Gemayel était en effet démocratiquement élu, par les chrétiens et par les musulmans, président de la République et de tous les Libanais, alors que le pays était plongé dans un conflit armé et une crise chronique qui durait depuis la fin des années 1960. Le président élu a toutefois été assassiné -- par les Syriens et/ou les palestiniens de l'époque -- le 14 septembre 1982, soit 21 jours après son élection, dans un attentat terroriste qui avait visé la permanence Kataëb d'Achrafieh.
-
Cette année 2016, le 34e anniversaire de cette élection est marqué par le lancement d'un documentaire sur le président assassiné. Une cérémonie a été organisée à l'école des pères lazaristes, à la place Sassine, à Achrafieh (ci-dessous, des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : « C'est un documentaire qui a nécessité plus de trois ans de travail, notamment pour assembler toutes les données. La production est signée Mercury Content, une compagnie filiale du groupe Quantum d'Élie Khoury, et le contenu porte la signature de Georges Ghanem, journaliste, analyste politique, ancien rédacteur en chef des nouvelles de la LBCI et ancien conseiller du président Michel Sleiman », relève dans un entretien avec L'Orient-Le Jour le député maronite de Beyrouth, Nadim Bachir Gemayel. « À plusieurs reprises, j'avais sollicité Georges Ghanem qui a à son actif des documentaires sur Camille Chamoun, Charles Hélou et Kamal Joumblatt, mais je pense que le moment propice d'un documentaire sur Bachir Gemayel n'était pas encore venu. C'était entre 1998 et 2005 », poursuit-il.
-
Ce documentaire de 5 heures 20 minutes a été diffusé et sera encore diffusé en cinq épisodes par la chaîne MTV. Le 23 août 2016, une cérémonie officielle de 45 minutes a donc eu lieu dans la cour de l'église de la Médaille miraculeuse des lazaristes à Achrafieh. Elle a été présentée par la journaliste et ancienne conseillère du président Élias Hraoui, May Kahalé. Le député Nadim Gemayel et Georges Ghanem interviendront pour mettre la lumière sur l'importance de ce documentaire et le travail de recherche effectué. « Ce documentaire dépeint des étapes importantes de la guerre du Liban. Rien n'a été passé sous silence. Il relate entre autres les drames d'Ehden et de Safra ainsi que les élections présidentielles après l'offensive israélienne de 1982 », souligne Nadim Gemayel, notant que la fondation qui porte le nom de son père a approuvé le documentaire sans pour autant interférer dans le contenu qui est signé Georges Ghanem.
-
Les personnes interviewées dans ce documentaire sont : Johnny Abdo, Amine Abi Salloum, Abdallah Abou Habib, Jacqueline Abou Halka, Joseph Abou Khalil, Fouad Abou Nader, Sakr Aoun, Raymond Arab, Sejaan Azzi, Salim Bassila, Jean Besmarji, Abdo Chakhtoura, Isis Daher, Joe Eddé, l'ancien député Osman Dana, l'ancien ministre Salim Jahel, Fadi Frem, Naoum Farah, Georges Freiha, Samir Geagea, Solange Gemayel, Paul Gemayel, Amine Gemayel, Alexandre Gemayel, Charles Ghostine, John Gunther Dean, Tarek Habchi, Élie Karamé, Abdel Halim Khaddam, Albert Lahham, Alfred Madi, Albert Mansour, Saadallah Mazraani, l'abbé Boulos Naaman, Nazar Najarian, Béchara Nammour, Karim Pakradouni et Joseph Toutounji.
-
« Bachir Gemayel représente une étape importante de l'histoire du pays et aussi la gloire et la mémoire des chrétiens du Liban », note le député d'Achrafieh. Il explique d'ailleurs que, pour célébrer cette victoire et ces moments de joie, la Fondation Bachir Gemayel a décidé, à partir de la trentième commémoration de l'assassinat du président élu, de rendre hommage au jeune chef chrétien le jour de son élection et non pas le jour de son assassinat. Depuis 2012 donc la messe commémorant l'assassinat est célébrée dans l'intimité en l'église Saint-Michel à Bickfaya, et la cérémonie officielle marquant cette phase de l'histoire du Liban est célébrée le 23 août. Dans ce cadre, en 2012, une conférence a été organisée à l'Université Saint-Joseph pour parler de l'élection du 23 août 1982, et un concert de chants partisans a été donné sur le parvis de l'église des lazaristes. L'année suivante, la rue Bachir Gemayel a été inaugurée au centre-ville de Beyrouth. La rue relie le secteur de la cathédrale Saint-Paul des arméniens à la place des Martyrs.
-
Depuis plus de trois ans et demi, la Fondation Bachir Gemayel s'emploie à constituer conjointement avec la bibliothèque de l'Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek) des archives sur le président assassiné. « Nous continuons à rassembler encore ces archives », souligne le député maronite de Beyrouth. Également, à l'occasion du 34e anniversaire de l'élection de Bachir Gemayel, une App pour I-pad a été créée. L'App propose toutes sortes d'informations sur le président assassiné, notamment ses photos, les discours qu'il a prononcés et les batailles qu'il a menées.
-
Invité à présenter son père pour des étrangers qui ne connaîtraient pas Bachir Gemayel, le député maronite de Beyrouth souligne que « Bachir Gemayel était le père de la nation libanaise moderne ». « Il avait défini des valeurs, des principes et des idéaux qui constituent le modèle parfait d'un État libanais, souligne Nadim Gemayel. Je le comparerais à John Kennedy, aux États-Unis, non pas sous l'angle de la tragédie, mais plutôt sous l'angle de l'espoir, du changement et du coup de jeune qu'il a donné à son pays » (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
-
Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
-
http://www.lorientlejour.com/article/1003057/le-23-aout-1982-bachir-gemayel-etait-elu-president-de-la-republique.html
-