2 commentaires

1. Il y a , au fond , très peu de différences entre le Milieu et la classe politique dirigeante . C’est quoi un truand de base ? Un type qui a décidé d’avoir la belle vie sans sacrifier à sa condition de prolétaire . Comment fait-il ? Il s’exonère des règles communes , prend mais ne rend pas , vole , arnaque , trafique , fait bosser des tapins , braque pour l’aristocratie du genre , etc…

   Le truand a un credo : ne pas bosser . Ce qui ne veut pas dire qu’il ne fout rien (souvent , il est bien plus occupé qu’un travailleur normal et au prix d’un risque bien plus élevé). Non , cela signifie que son pognon ne doit pas être gagné selon la norme sociale , hors du monde des caves , car lui c’est un affranchi . Comme le mot l’indique , il est libéré de l’esclavage social et – c’est l’autre sens du mot – il sait comment fonctionne le système , du moins à son niveau . Au fond , c’est un incroyant social, pratiquant une foi différente de celle du commun , et il a choisi le danger ( rares sont ceux qui parviennent à la retraite ) plutôt que la souffrance quotidienne de l’exploitation .

   Attention , nul altruisme chez le truand , il ne faut pas en faire un héros. Au contraire , c’est un faux rebelle , égomane et souvent psychopathe . Il ne se regroupe en Mafia que par nécessité et , dans la peur pyramidale , il n’a ni frères ni camarades , seulement des concurrents . En général , il finit abattu par ses pairs .

   Il est parfois téméraire mais ce n’est pas un courageux . Il a fait le choix d’obtenir le maximum avec le minimum d’efforts , même si c’est souvent un suractif et que la complexité de ses affaires l’amène paradoxalement à une occupation à temps complet (temps hanté par la nécessité d ‘éviter l’erreur fatale en retardant et en fuyant le prix de ses actes). Il faut cent fois plus de courage pour se lever à six plombes , prendre le métro dans un job d’abruti pour nourrir une famille, que pour braquer une Poste quatre minutes montre en main avec des armes de guerre contre des prolos désarmés .

   De même , le truand ira toujours vers une activité de rente où le truc c’est de ne pas bosser au sens propre : relever des compteurs , trottoir , boîtes de nuit , bookmakers , cheptel de dealers , internet illégal . Et même quand il recycle, c’est vers ces activités de compteur qu’il se tourne : restos , pressings , magasins automatiques , flippers , internet semi-légal …

   Ce fonctionnement , trait pour trait , est celui des politiciens. Les motivations sont les mêmes : ils sont les affranchis et nous sommes les caves . La seule différence réside dans la naissance , le politicien est en général un truand bien né , un affranchi bourgeois , qui bouffe nos impôts en ne produisant rien de concret et dont le temps social est consacré exclusivement à sa propre survie dans sa propre mafia . Tôt ou tard , il finit par se faire balancer par un autre affranchi ou heurter des intérêts qui le dépassent . Qu’importe , il aura vécu comme il l’entendait , c’est-à-dire sans bosser comme un cave et en général pourra revenir en deuxième semaine . Car le cave est sans mémoire et on meurt peu dans ce milieu qui ne flingue qu‘en dernier recours .

2. Pour avoir des politiciens de droite / gauche, qui penseront à l’identique, qui seront formatés par les études, qui n’auront jamais travaillé et vu la vraie vie, qui n’auront jamais rien entrepris ou subi; ce serait à mon avis une hérésie. Le système Suisse de “milice” n’est certainement pas parfait, mais il a le mérite de mélanger les personnes, leur cursus professionnel, de permettre de changer plus facilement de point de vue voire de parti au cours de leur existence en fonction de leurs expériences. Ce qu’un cursus universitaire limitera.