Discret en ces temps de campagne naissante, le conseiller national socialiste était plus disert quant à ses intentions réelles il y a quelques années.
En effet, en 2009, dans le mensuel socialiste Pages de gauche (page 6, soit la page de droite), Carlo Sommaruga ne cache rien des motivations de son projet de motion, laquelle a débouché sur la loi dont il se prévaut aujourd'hui pour contrer l'initiative populaire "Pour que les pédophiles ne travaillent plus avec des enfants".
Chronique d'un aveuglement fanatique.
L'article
L'argumentation du socialiste prend le chemin classique de la dialectique de la démoralisation, qui tend à battre en brèche l'utilité du combat, la personnalité des acteurs, pour finir par se poser en censeur et en arbitre de tout, en sauveur de l'ordre pénal et de cette étrange sorte de paix sociale qu'il tient absolument à signer avec les pédophiles condamnés.
1. La lutte contre la pédophilie est impossible
En préambule, il condamne la volonté de certains de vouloir tendre au "risque zéro":
"La société suisse est saisie par l’idéologie du risque zéro. Cette exigence impossible affecte progressivement toutes les activités humaines et tous les espaces sociaux. Cela concerne aussi la pédophilie."
On est loin du postulat de la droite, d'un Oskar Freysinger par exemple, selon lequel « on doit éviter à 100% le risque qu’un enfant soit violé ». Deux visions d'un même monde...
2. Accuser les militants anti-pédophilie d'extrémisme
"Toutefois, pour cette dernière, cela s’est transformé en un nouveau puissant maccarthysme porté par la presse de boulevard et certaines associations extrémistes comme Marche Blanche et relayé au Parlement fédéral par certains élus. Ce maccarthysme est malheureusement peu combattu. Ainsi, rares ont été celles et ceux qui ont combattu en 2008 de front l’initiative «Pour l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine».
Les relais parlementaires de la croisade maccarthyste contre les délinquants sexuels sur mineurs sont à l’œuvre depuis plusieurs années. Ils contaminent les rangs de divers partis, ceux de gauche également."
Les membres de la Marche blanche seraient des croisés "maccarthystes contre les délinquants sexuels sur mineurs"; à retenir.
3. Je suis venu, j'ai vu, j'ai raison
Pour contrer cette "chasse aux sorcières" - on parle donc bien de pédophiles écroués et non de simples militants communistes dans l'Amérique des années 50 -, "j’ai déposé une motion intitulée «Prévention pénale accrue en matière de pédocriminalité et autres infractions»."
C'est donc contre le proto-fascisme des militants anti-pédophiles que Carlo Sommaruga s'est courageusement interposé, par voie parlementaire, pour sauver... ni plus ni moins que le droit des pédophiles à pouvoir retravailler un jour avec des enfants.
L'aveu
Reste à juger de ces motivations et de la critique même que son auteur fait de sa propre motion. L'évidence est sans appel:
"Le dépôt de cette motion visait un objectif formel et un objectif matériel. D’abord, la motion, peu contraignante, rapidement acceptée par le Conseil fédéral a permis [de[ redonner l’initiative législative à ce dernier et simultanément suspendre le traitement de toutes les initiatives parlementaires en la matière."
Le but est clair, entraver l'initiative de la Marche blanche pour lui substituer une alternative "peu contraignante"; peu contraignante envers les pédophiles, ça va de soi...
Carlo Sommaruga trouve toutefois nécessaire de se justifier; tout cela, c'était pour:
"Quitter le terrain du populisme et [...] laisser travailler le DFJP dans la cohérence et la sérénité."
DFJP qui, soit dit en passant, n'a guère bougé en plusieurs décennies alors qu'il en avait largement le temps et plus que toute la latitude nécessaire. Cet appel récurrent à la notion de "populisme" résonne comme un "no pasaran" censé réaliser, dans les esprits légers, une comparaison entre le fascisme et les défenseurs des enfants contre leurs agresseurs sexuels; c'est là toute la substance de la pensée et de l'action d'un tel homme.
Tout ça pour quoi ?
"L’objectif est certainement d’influencer encore sur les travaux parlementaires. Mais surtout c’est la manière la plus sûre de mettre aussi le maccarthysme contre les délinquants sexuels si cher à l’UDC et au PDC à l’ordre du jour des élections fédérales de 2011."
Empêcher certains partis de droite ou du centre de profiter électoralement de leur combat pour la défense de l'enfant; voilà tout ! Qu'aurait-il coûté à la gauche d'emprunter le même chemin ? Rien, mais Carlo Sommaruga s'y oppose de toutes ses forces, qui veille et dénonce cette "encartée socialiste" qui a osé apporter son soutien à l'association de la Marche blanche; une association qui ne fait que demander que des pédophiles déjà condamnés ne se retrouvent pas en position de domination face à des enfants.
Rien oublié, rien appris, Carlo Sommaruga n'a pas varié sa position d'un iota en dix ans de combat acharné contre la lutte anti-pédophiles; il faut au moins lui reconnaître le bénéfice de la persévérance; perseverare diabolicum...
Vous pensiez que le parti socialiste recherchait le bien commun, vous avez maintenant le droit de douter.
Voir encore
Les policiers nous disent exactement la même chose avec la drogue! Mais impossible c’est pas français!
Je crois rêver… Qui a inauguré la politique du risque 0? Les socialistes suédois des années 60! Bien placé pour le savoir, puisque j’y grandissais à l’époque!… L’Etat veillait à ce que personne ne meure… sauf d’ennui (le taux de suicide y était pourtant le plus élevé à l’époque)! ^^