Courte rétrospective des réactions relatives à l'acceptation des accords de Schengen, le 5 juin 2005. Ou quand la démocratie était vraiment "démocrate", en ce qu'elle donnait, à ceux qui se lamentent aujourd'hui, le prix de ce qu'ils réclamaient. Le peuple était sage et conscient alors... chronique de la forfanterie médiatique quotidienne.

Miéville, dans Le Temps du 6 juin 2005:

"Avec 54,6% de oui, la marge n'est pas si étroite que cela, et il ne faudrait pas négliger le poids de la défaite infligée dimanche à l'UDC et à l'ASIN, même si elles s'affichaient dimanche soir en vainqueurs en posant leurs conditions au Conseil fédéral et aux autres partis. La mère de toutes les batailles, comme la baptisait l'ASIN au début de la campagne, a été perdue par la droite nationaliste et populiste, qui avait lancé toutes ses forces dans ce combat. 

[...] L'UDC, donc, paraît avoir mieux anticipé sa défaite que les partisans de Schengen/Dublin n'ont anticipé leur victoire.

[...] L'UDC aura bel et bien jeté toutes ses forces dans la bataille, avec un sens stratégique et tactique que ses adversaires, toujours en retard d'une manœuvre, pourraient lui envier. Elle a commencé par entrer sur le terrain déjà balisé, dès le début de l'année dernière, de l'insécurité. Elle a dû constater que ses efforts pour effrayer la population en annonçant le déferlement de vagues de criminels ne rencontraient qu'un demi-succès. Elle a ensuite thématisé le scandale des visas en Allemagne en dénonçant des centaines de milliers de travailleurs au noir ou de délinquants vaquant tranquillement à leurs petites affaires en Europe sans être inquiétés par personne.

[...] L'UDC a de nombreux arguments mais ne pourra pas gagner, prédisait un expert au début de la campagne, parce qu'aucun de ces arguments n'est susceptible de réunir à lui seul une majorité."

Micheline Calmy-Rey, dans Le Temps du 6 juin 2005:

"Le Temps: Belle victoire, finalement…

Micheline Calmy-Rey: Oui. Le Conseil fédéral s’est bien battu. C’est une belle victoire, parce qu’en réalité les opposants voulaient faire de Schengen/Dublin, qui est un accord concret, pratique, sur la sécurité et l’asile, et qui garantit le secret bancaire en matière d’imposition directe, un vote de principe sur le positionnement de la Suisse en Europe.

[...] Je suis toujours surprise de voir à quel point les Suissesses et les Suisses sont au fait du débat politique, connaissent les dossiers, et ne débattent pas sans bien connaître les enjeux des dossiers qui leurs sont soumis. "

Curieusement, pas un mot, pas une ligne, de militants UDC outrés appelant à revoter... Les UDC seraient-ils meilleurs joueurs.