Ce n’est pas la faute des étrangers si la Suisse s’est trompée. C’est la faute des Suisses.
L’initiative de l’UDC demande simplement que l’on introduise un système de contingents, et que l’on reconnaisse le principe de préférence nationale. Si l’initiative passait, la Suisse ne serait nullement livrée à l’UDC. Ce sont le gouvernement et le parlement qui décideraient du genre de contingents évolutifs à adopter dans l’intérêt de l’économie, de la portée et de l’application du principe de préférence nationale. Ils pourraient s’inspirer librement des nombreux systèmes simples et efficaces dans le monde.
En vingt-cinq ans de journalisme, je me suis engagé quatre fois politiquement lors de votes populaires. Deux fois du côté du parti SVP/UDC (EEE en 1992 et aujourd'hui pour la régulation de l'immigration européenne en Suisse), et deux fois du côté du Parti socialiste (dossier BCV en 2001 et contre la libéralisation du marché de l'électricité en 2002). Je me suis opposé dans chaque cas aux gouvernements, à la grande majorité des parlementaires, à toutes les orgnanisations économiques, avec des sondages très défavorables. Je l'ai fait parce qu'il me semblait que quelque chose de fondamental dysfonctionnait dans l'argumentaire de l'establishment (dont je ne doute pas de la bonne foi). Et parce que les économistes brillent par leur absence dès que les thèmes deviennent politiques et sensibles (et l'économie, ce ne sont pas des chiffres, ce sont des comportements individuels et collectifs dans un environnement politique et législatif déterminant).
Je suis un intellectuel qui s'intéresse aux réalités, mais la réalité des rapports de force ne m'intéresse guère dans ce genre de situation. Ce qui me motive, c'est de pouvoir, de devoir contribuer modestement au recentrage, ou à l'élargissement de débats sur-idéologisés, avec une conviction forte. Comme rédacteur en chef de L'Agefi, j'ai la chance de pouvoir le faire aujourd'hui avec des actionnaires, et une bonne partie de la rédaction tout à fait opposés à l'initiative de l'UDC, pour des raisons hautement respectables (je ne suis sans doute pas seul à avoir cette précieuse liberté).
Quelle que soit l'issue du vote du 9 février prochain, je continuerai de penser jusqu'au bûcher (non compris) que quelque chose sonne très faux dans les arguments des opposants à l'UDC sur le dossier de la libre circulation des personnes. En premier lieu, il me semble étrange d'affirmer que les entreprises sont capables d'autoréguler seules le marché du travail. Que l'immigration en provenance du bassin de population d'un demi-milliard de personnes qui entoure la Suisse retombera spontanément, au niveau optimal, sans effets indésirables sur les salaires et le chômage lorsque la conjoncture se sera retournée, ou que l'économie ne créera plus autant d'emplois que ces dernières années. Ce qui revient à dire en gros que toute politique migratoire est inutile, voire nuisible du point de vue économique et social.
Si c'était le cas (et c'est peut-être le cas), il devient difficile de comprendre pourquoi tant d’Etats développés ou en voie de, dans lesquels il n’est possible de s’établir qu’en ayant au minimum un emploi, n’envisagent nullement de renoncer à des politiques d’immigration plus ou moins restrictives, avec la possibilité de les rendre plus restrictives encore. On se demande forcément pourquoi la Suisse n’applique la libre circulation des personnes qu’aux Européens, et pas au reste du monde. Pourquoi les Ukrainiens, Russes, Africains, Asiatiques, Américains ne pourraient-ils pas venir librement (à condition qu’ils aient un emploi bien entendu) contribuer à la prospérité suisse par immigration, comme les Européens? Présentent-ils des risques particuliers? Lesquels au juste?
Et pourquoi l'Europe, avec son vaste marché du travail, ses salaires minimaux, qui cherche désespérément à les élever et à réduire les taux de chômage, n'ouvre-t-elle pas à son tour ses frontières aux ressortissants du monde entier ayant trouvé un emploi sur le continent? Le monde entier représente pour l'UE une démographie bien moindre proportionnellement que celle de l'UE par rapport à la population suisse. Pourquoi l’UE ne recourt-elle pas à la libre circulation des personnes avec le reste du monde, pour relancer son économie?
Pourquoi l'Union Européenne en tant que telle impose-t-elle à la Suisse ce qu'elle n'aurait pas idée de pratiquer elle-même à l'égard de tous les autres Etats tiers? Parce que ses Etats-membres ont ouvert leurs frontières aux autres Etats membres pour homogénéiser les niveaux salariaux sur le long terme? Dans ce cas, il faut juste se souvenir que les Suisses, dont les salaires de bas d'échelle sont sans comparaison, ne font pas partie de l'Union.
Le seul domaine dans lequel les Suisses font actuellement partie de l'UE, c'est précisément la libre circulation des personnes. Ils en ont finalement accepté le principe parce qu'on leur a répété sur tous les tons, pendant quinze ans, études scientifiques à l’appui, qu'il n'aurait aucun effet significatif sur l'immigration. J'ai fini moi-même par le croire, et voté pour la libre circulation (ce qui a aussi achevé de me convaincre que je n'étais pas un indécrottable souverainiste).
Affirmer que la libre circulation est la contrepartie nécesssaire à une «participation» de la Suisse au grand marché européen est par ailleurs un abus de langage grave et très répandu: encore une fois, la seule «participation» est la libre circulation des personnes. Pour le reste (les autres accords bilatéraux I), il ne s'agit que de quelques facilitations pour l'exportation dans l'UE, proprement insignifiantes par rapport à ce dont on parle. Elles ont d’ailleurs été accordées à d'autres Etats sans qu'ils aient nullement à accepter de libre circulation des personnes (Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada). Une centaine d'Etats des cinq continents participent également aux programmes européens de recherche auxquels les Suisses pensent avoir un accès privilégié, comme l'on peut s'en rendre compte rapidement sur les sites web de l'UE (lire également mon blog Economie et Migration, article Entre dérisoire et non pertinent). L'Union Européenne et les Etats-Unis discutent actuellement d'un futur accord commercial qui pourrait aller plus loin que le «libre échange» de l'UE avec la Suisse (le Conseil fédéral a raison de s'en inquiéter). A ma connaissance, il n’est question nulle part de libre circulation des personnes.
S'agissant de ces accords bilatéraux I en général, je pense qu'il est tout à fait révélateur que l'administration fédérale n'ait pas réalisé d'enquête, ni publié de rapport ces derniers mois ou dernières années (un bilan sur une décennie) pour démontrer clairement les avantages réels vitaux pour le pays des six accords sectoriels peut-être menacés par une éventuelle dénonciation par la Suisse de la libre circulation des personnes. Le résultat s'avérerait à coup sûr très décevant. La tentative déjà ancienne de 2008 (une série d'articles dans la Vie économique, organe du Département fédéral de l'Economie, accessible par mon blog également) a laissé un énorme malaise. Elle donne l'impression que ces accords (hors libre circulation) ont bénéficié à plus de 90% à l'Union Européenne. Le problème pour la Confédération, c'est peut-être qu'elle ne voit absolument pas comment corriger cette impression.
Dans un registre moins économique, celui du moralisme et de la culpabilisation collective, il est assez comique d'entendre des opposants à l'initiative de l'UDC qualifier de xénéphobes celles et ceux qui veulent mettre fin à la libre circulation des personnes. Les Suisses sont-ils xénophobes parce qu'ils ont gardé le contrôle de leur politique d'immigration vis-à-vis du monde, hors Union Européenne? Les Européens sont-ils xénophobes parce qu'ils ont gardé le contrôle de leur politique d'immigration vis-à-vis du monde à l'exception de la Suisse? Ce prêchi-prêcha nous demande d'admettre sans rire que le monde entier est xénophobe, sauf les Etats membres de l'UE les uns par rapport aux autres, et les Suisses par rapport aux Européens. Nous voilà bien avancés.
La Suisse est à ma connaissance le seul Etat du monde hors Union Européenne à avoir renoncé à toute politique d'immigration vis-à-vis des Etats qui l'entourent (les Etats-Unis, le Mexique et le Canada ont un système de régulation évolutif par métiers très différent d'une libre circulaton des personnes). Plus de dix ans aprés le début de l'application progressive de la libre circulation avec l'Europe, il faut simplement reconnaître que l'expérience n'est pas concluante. Ce n’est pas la faute des étrangers, c’est la faute des Suisses. Ils se sont trompés. La prévisibilité s'est avérée nulle, ce qui laisse penser qu'elle peut le rester, et il n'est pas souhaitable que la Suisse serve de laboratoire dans un domaine aussi aléatoire, sensible et risqué.
L'initiative de l'UDC demande simplement que l'on introduise un système de contingents, et que l'on reconnaisse le principe de préférence nationale. Si l'initiative passait, la Suisse ne serait nullement livrée à l'UDC. Ce sont le gouvernement et le parlement qui décideraient du genre de contingents évolutifs à adopter dans l'intérêt de l'économie, de la portée et de l'application du principe de préférence nationale. Ils pourraient s'inspirer librement des nombreux systèmes simples et efficaces dans le monde. L'UDC n'est de loin pas majoritaire dans ces respectables institutions. Dans le débat qui a lieu actuellement, il est souvent décourageant de mesurer à quel point les politiciens manquent de confiance en eux s'agissant de résoudre un problème complètement à leur portée.
François Schaller, 27 janvier 2014
Rédacteur en chef de L’Agefi
Blog : http://economieetmigration.com
L’initiative traite les naturalisés de gens à part, c’est une discrimination claire venant d’un parti d’extrême droite du centre.
En plus le taux d’étranger est stable depuis 20 ans et même d’émigration de suisse est constant.
Monsieur de Rougemont, vous êtes impressionant de culture et arguments. On entend de partout que sans immigrés, notre système socio-médical serait en faillite. Pourriez vous nous indiquer la relation entre le nombre d’étrangers hopitalisés et les autres patients ces dernier dix ans. La même chose pour le nombre des employés non Suisse
dans le monde socio-médical. C’est juste pour essayer de comprendre car je ne sais pas tout mais j’aimerais comprendre, j’ai l’impression qu’on nous roule dans farine et en plus cela fer avancier le schmilblic.
@Michel de Rougemont, les indicateurs clés pour définir la population maximale sur un espace donné sont l’autonomie alimentaire et l’autonomie énergétique. En ce qui concerne l’autonomie alimentaire, nous sommes seulement à 55% et nous perdons chaque jour de la surface agricole (grapillés par les logements et les industries afin de suivre l’augmentation de la population). En ce qui concerne l’autonomie énergétique, nous n’y sommes pas non plus et les centrales nucléaires sont en fin de vie… Donc nous pouvons déjà affirmer la certitude que nous sommes trop nombreux pour les capacités du territoire.
@Alain Favre
Si je ne sait pas quelque chose je le dis. Et il est vrai que je ne sais pas quelle quantité d’étrangers ou quelle population totale le territoire et la population suisse peuvent accommoder. Je doute que quiconque le sache car vous dites “c’est assez” mais d’autre le disaient aussi lorsqu’il y en avait bien moins. C’est donc d’un sentiment dont il s’agit et le mien est, tout naturellement, différent du vôtre. Il n’y pas de vérité vraie dans ce domaine.
Ce qui m’intrigue c’est que les partisans de l’initiative refusent d’indiquer dans quel secteurs il désirent imposer des restrictions car c’est bien de cela dont le vote est l’objet car c’est à cela que servent des contingents.
On commence à tourner en rond, on verra le résultat au soir du 9 février.
M. de Rougemont, Normandy vous a répondu d’une manière concise et argumentée, je n’y reviendrai pas, si ce n’est pour la question posée précédemment :”Vous en voulez encore combien ?”
Vous répondez :”Je n’en sais strictement rien”.
C’est justement là, dans cette réponse stétéotypée que j’entends à chaque fois comme un constat désabusé, seule réponse dont je dois à chaque fois me contenter, que réside l’essentiel du problème : les immigrationnistes en veulent toujours plus, mais ne peuvent absolument pas poser une limite, par dogmatisme. Le complexe de la barque qui serait pleine mais qui ne peut pas l’être, et qui finit par couler et noyer toute l’embarcation, en suicide collectif.
Je comprends que vous soyez gêné par cette question primordial.
Je peux vous en poser une autre, tout aussi gênante : il y a actuellement de la part des belles-âmes un lavage de cerveau, une propagande éhontée quant à l’aspect économique, financier, productif, relationnel face à l’UErss, (étonnant comment les gens de gôche se montrent tolérant vis-à-vis de l’ultra-libéralisme depuis quelques mois, et aussi peu soucieux de l’environnement) etc… quant est-il de la QUALITÉ DE VIE ?
Une autre pour la route ? Pourquoi n’impose-t-on qu’aux pays occidentaux une immigration de masse. Qui parmi le Camp du Bien demande à un pays africain d’accueillir un nombre incalculable d’occidentaux ? Qui parmi nos humanistes patentés, nos droits-de-l’hommistes chevronnés, demande aux Chinois de faire venir des millions et des millions d’Africains ? Qui parmi tous ces ethno-masochistes qui s’ignorent demande au Japon de s’islamiser en accueillant toute la misère des pays musulmans ?
………. Tiens, j’entends une mouche voler !
Nous sommes en train de vivre depuis quelque temps déjà l’énorme auto-goal dont parle M. de Rougemont dans un de ses écrits. Aidé par la dénatalité dont souffre tout l’Occident, une certaine immigration a contribué à la réussite économique de la Suisse. Malgré son chômage, malgré le très mauvais état de son économie et de ses possibilités de logement, la France, avec inconscience, admet chaque année sur son territoire 200.000 immigrés légaux et env 30.000 de sans papiers (terme bizarre et sans fondement réel pour des immigrant illégaux). En Suisse la rapport entre les locaux et les immigrés est d’environ 75% à 25% (à Genève c’est beaucoup pire). Pourtant la France est mieux lotie. En Suisse 80.000 immigrés entrent chaque année. Les statistiques parlent de 11,1 % de population immigrée en France. En Suisse il y a plus que le double de ce chiffre.
Parlant du slogan de la campagne UDC: “stopper l’immigration massive”, M. de Rougement pose ingénument la question: stopper où, qui, quoi?
Je lui répond: stopper l’insécurité galopante dans nos villes, dont la plupart des responsables sont des immigrés, stopper la di(sso)lution de notre civilisation, ainsi que celle de la mentalité suisse, la crise du logement, entre autres.
« il ne s’agit pas pour les initiants de réguler mais de stopper ». Vous faites semblant ou vous n’avez vraiment pas lu le texte de l’initiative ? Si l’affiche parle bien de « stop » – on est évidemment là dans le marketing politique, dois-je le préciser ? – l’initiative elle-même s’intitule « Contre l’immigration de masse » et il n’y est nulle part question de stopper quoi que ce soit. Vous devriez ouvrir l’enveloppe pour le vote par correspondance que vous avez sans doute déjà reçue. Mais vous préférez apparemment une pinte de manipulation supplémentaire à l’objectivité. C’est votre droit et ça ne changera rien.
« je répète ma question: stopper où, qui, quoi? » Puisqu’il ne s’agit pas de « stopper », cette question est sans pertinence voire, ici encore, malhonnête. Quant à l’application de contingents, elle serait bien sûr modulée dans l’espace et dans le temps, comme elle le fut, et permettra d’abord de protéger les indigènes contre le dumping salarial, contre les excès et contre les abus (voir le Tessin et autres régions frontalières, p.ex.) que permet l’absence de toute autre loi que celle du plus fort, en l’occurrence dans ce jeu-là celle de l’employeur qui se soucie comme d’un guigne des conséquences sociales durables (licenciement de résidents, regroupement familial, prises en charge sociales par la communauté, infrastructures à adapter etc.) qu’engendre la satisfaction de ses intérêts immédiats (que vous nommez « besoins » de l’économie). L’illusion n’est pas, comme vous le prétendez tout-à-fait gratuitement, dans la nostalgie d’un passé fantasmé et de droits acquis une fois pour toutes (lesquels, au fait ?), mais dans la croyance que les flux se tariront forcément lorsque l’activité économique ralentira :
– Ça ne dépend pas de ceux qui les ont engagés mais des immigrés eux-mêmes
– Si l’activité baisse en Suisse, elle n’augmentera pas dans leurs pays d’origine ni chez nos voisins
– Le niveau de la protection sociale incite plutôt à s’y incruster qu’à quitter notre pays
– Pourquoi, même si leurs besoins quantitatifs diminuent, les employeurs se priveraient-ils de recruter dans un bassin de main-d’œuvre bon marché quasi illimité : les surcoûts induits sont collectifs et ne leur sont donc pas imputés.
« j’abhorre les contingents: ce sont des mesures de régulation top-down de la vie sociale et économique d’un pays ». La remarque est absurde et fausse. Absurde, parce que toute loi est évidemment « top-down », même le Code des Obligations. Fausse, parce que les nuisances engendrées par l’absence de règles et de limites est « bottom-up », les cas sociaux individuels et familiaux étant reportés sur l’Etat. Il a le droit et le devoir de se protéger lui-même et de protéger ses citoyens, au besoin contre les dérives d’acteurs économiques. Je suis profondément libéral, pas anarchiste.
« Y-a-t-il une limite à ne pas dépasser? Je n’en sais strictement rien. Mais je constate que ce n’est pas la question du 9 février. » Bien sûr que si, c’est la question ! Comment peut-on être tordu au point de le contester parce que la mesure soumise au vote modifierait la Constitution ? Que vous jugiez cette mesure comme inadéquate voire contreproductive, c’est votre droit le plus légitime. Mais prétendre qu’en fin de compte elle ne concerne pas l’encadrement de l’immigration et ses limitations (différenciées), dépasse les bornes de la mauvaise foi !
Étonnamment l’image de tête de cet article a changé. La première version reprenait l’affiche de campagne avec le slogan “Stopper l’immigration massive”. Donc, sans fantasmagorie de ma part, il ne s’agit pas pour les initiants de réguler mais de stopper.
Alors je répète ma question: stopper où, qui, quoi?
– Si c’est rien, nulle part, alors l’initiative ne sert à rien.
– Si c’est à quelque part cela devra avoir des conséquences négatives pour les secteurs et populations concernées. Ou alors on s’illusionne que ce qui est une fois acquis l’est pour toujours.
Et quant à dire que l’on vivait aussi bien dans des temps antérieurs … jusqu’où retourner?
Et oui, j’abhorre les contingents: ce sont des mesures de régulation top-down de la vie sociale et économique d’un pays. Qui va les fixer, comment, avec quelles priorités, seront-ils sans effet sur le travail au noir, qui sera corrompu pour en accorder plus ici que là, que négocier concrètement avec l’UE ? Aucune indication à ce sujet par aucun des partisans de l’initiative, c’est assez bizarre.
Y-a-t-il une limite à ne pas dépasser? Je n’en sais strictement rien. Mais je constate que ce n’est pas la question du 9 février: on nous demande de dire oui ou non à un texte constitutionnel, et celui-ci ne me semble pas adéquat, encore moins l’initiative Ecopop qui va suivre d’ailleurs.
Dans l'”argumentaire” de Michel de Rougemont, je ne vois pas de démonstration, serait-ce par l’absurde. Je ne peux même pas qualifier ses “arguments” de respectables…puisqu’il n’en a pas, la foi immigrationniste n’en constituant pas un. Les contingents qu’il abhorre tant s’appliquaient pourtant sans nuire au PIB de la Suisse, avant sa reddition sans condition devant les pressions (voire les chantages) de l’UE. Les questions qu’il pose à propos du “ciblage” avaient alors leurs réponses, dans le respect de la liberté d’entreprendre. D’ailleurs la plupart des Etats souverains à économie de marché (et pas les moins dynamiques) posent des règles à l’immigration et la filtrent sans conséquences négatives pour eux, au contraire.
La santé économique du pays ne doit rien à la libre-circulation et elle ne souffrira pas de sa régulation. Même les chiffres dont se sert M. de Rougemont pour s’arc-bouter contre l’initiative le démontrent, si on n’en déforme pas la signification. Par contre, pour se donner l’illusion de servir les intérêts matériels immédiats de la Suisse, on n’a pas scrupule à baliser l’autoroute conduisant, à travers une immigration débridée et la surpopulation qu’elle induit, à la dégradation des conditions de vie, des rapport sociaux, de la cohésion nationale, du niveau d’instruction, à la paupérisation de couches entières de la population, à la perte de repères culturels et identitaires, à des conflits qu’aucun consensus ne pourra éviter et, finalement, au déséquilibre puis au risque de désintégration d’un pays à l’alchimie déjà délicate. Tout ça sans contribution réelle (c.-à-d. hors effet de la productivité et de l’inflation) à la croissance du PIB par habitant, ni à la sauvegarde de la protection sociale.
Je fais d’autre part le pari que les pays européens (UE comprise) en viendront bientôt à des politiques plus restrictives en matière de main-d’œuvre importée. Qu’en sera-t-il alors quand la Suisse sera seule à garder portes et fenêtres grandes ouvertes?
Je relève en passant une désinformation de plus lorsqu’on écrit qu’ « On promet donc avec le texte proposé de bloquer l’immigration. » C’est parfaitement malhonnête puisqu’il s’agit de réguler, maîtriser, contenir les flux, non de « bloquer » quoi que ce soit ni de fermer les frontières. Contrairement à ce que prêchait Goebbels, répéter un mensonge n’en fait pas une vérité !
M. de Rougemont dénonce l’absence de démonstration dans les positions de François Schaller. Sans doute ignore-t-il le sens du mot et prend-il pour telle sa profession de foi.
Monsieur de Rougemont, il n’y a rien à restreindre, et c’est là où se situe votre problème idéologique. À vous écouter, lorsque la Suisse comptait moins de 4 millions d’habitants, on vivait dans un bas Etat du Tiers-Monde !? Vous êtes dans une logique de cercle vicieux.
Mais vous ne répondez pas à ma question essentielle, je sais que cela est gênant pour de nombreux internationalistes du Camp du Bien, mais jamais personne n’a encore réussi à y répondre de façon pertinente, précise, intelligente et convaincante :”Vous en voulez encore combien ?”
Monsieur de Rougemont, il n’y a rien à restreindre, et c’est là que se situe votre problème idéologique. À vous écouter, lorsque la Suisse comptait moins de 4 millions d’habitants, on vivait dans un bas Etat du Tiers-Monde !? Vous êtes dans une logique de cercle vicieux.
Mais vous ne répondez pas à ma question essentielle, je sais que cela est gênant pour de nombreux internationalistes du Camp du Bien, mais jamais personne n’a encore réussi à y rèpondre de façon pertinente, précise, intelligente et convaincante :”Vous en voulez encore combien ?”
Moi je vais voter oui à l’initiative et je n’ai pas besoin qu’on me démontre le pourquoi du comment pour prendre ma décision, même si l’immigration apporterait de la richesse, même si il fallait brider l’économie, même si il fallait passer pour un facho ma décision serait la même, je vais voter oui et j’en assumerais les conséquences.
@Alain Favre
Dites simplement quels secteurs devront à votre avis être restreints, et aussi pourquoi ceux-ci plutôt que d’autres.
Monsieur de Rougemont, vos élucubrations se tortillent dans tous les sens et ne démontrent rien par l’absurde, elles le sont, tout simplement. La vieille histoire du serpent qui se mange la queue.
Il n’y a qu’une seule question très précise à vous poser : vous en voulez encore combien ?
Tout le reste n’est que littérature !
Dans l’argumentaire de M. Schaller je ne vois pas de démonstration, serais-ce par l’absurde. Ses arguments sont respectables, sans plus. D’autres le sont aussi.
Sur l’affiche reproduite ci-dessus on peut lire: “Stopper l’immigration massive”. On promet donc avec le texte proposé de bloquer l’immigration qui est considérée comme massive, restant à voir ce qui distingue la masse excessive de la quantité acceptable.
Si la satisfaction des besoins économiques ne fait pas partie de l’effet anxiogène de masse alors il faudra attribuer tous les contingents requis et l’immigration continuera le cours qu’elle a sans l’initiative (récent exemple: baisse du solde net d’immigration de 103’363 au pic de 2008 à 51’190 en 2012, une baisse de 50% sans qu’il y ait eu des contingents pour les Européens). Mais cette fois ce serait avec un processus d’attribution de contingents, système absurde où la magouille est reine et les petits caporaux sont des rois corrompus.
Si, selon ce que la propagande des initiants implique, l’économie doit être bridée pour que l’effet de masse ne soit plus ressenti alors il faudra décider quelle part restreindre : tout à la tondeuse? Ou alors avec ciblage, mais avec quelle cible: agriculture, soins à la personnes, construction, tourisme, santé, R&D et technologies? Quelle réponse à cette question?
On retomberait dans la magouille des quotas avec en sus le dressage des uns contre les autres entre les différentes branches d’activités. Il faudrait se mettre à planifier l’économie, vieux rêve socialo-marxiste, et ça venant de l’UDC, quelle ironie!
L’initiative ne permet pas de voir si le problème allégué sera résolu.
L’accepter risque fort d’être un énorme auto-goal.