Narcotrafic dans le Rhône : « Les juges pour enfants sont aujourd’hui débordés. Les adolescents entre 12 et 17 ans occupent une bonne part de leur activité »

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De plus en plus de mineurs sont impliqués dans le trafic de stupéfiants. Questions à Thomas Bujon, maître de conférences en sociologie à l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne, rattaché au laboratoire Triangle de Lyon, et auteur d’ Une affaire de stups (L’Harmattan, 2022) sur le démantèlement d’un trafic de drogue dans un ensemble HLM lyonnais à la fin des années 1990.

Comment expliquer le basculement d’enfants de plus en plus jeunes ?

« Tout le monde s’accorde sur un rajeunissement des acteurs, lié à l’expansion et à l’atomisation des points de deal, qui nécessitent toujours plus de résultats, donc toujours plus de main-d’œuvre. Au début des années 2000, les mineurs ne participaient pas directement. Les petits étaient déjà impliqués en faisant des courses pour les guetteurs ; progressivement, on a vu se mettre en place des techniques pour les enrôler dans le fonctionnement de certains points. Les gérants y sont déjà jeunes, dans l’adolescence. Quand ils sont en manque de main-d’œuvre, ils en cherchent une immédiate, plus jeune encore. Les juges pour enfants sont aujourd’hui débordés par le narcotrafic. Les adolescents entre 12 et 17 ans occupent une bonne part de leur activité. »

Comment sont-ils embrigadés ?

« La méthode la plus évidente, c’est le billet pour des petites missions à la frontière du deal : avertir, aller chercher un sandwich pour le guetteur. Il y a aussi un développement de moyens plus contraignants : confisquer un téléphone à un enfant en échange d’un service. La menace physique aussi, tout simplement. Par ailleurs, sur TikTok, il suffit de taper « charbonneur » pour trouver un ensemble d’offres attirantes proposant de guetter une journée. Ils deviennent autant victimes qu’acteurs. Il y a quelque chose de l’ordre du trafic d’être humain. »

Quel est leur profil ?

« À Villeurbanne, lors d’une descente récente, la majorité des interpellés étaient des résidents de la commune, sinon de l’Est lyonnais. Il peut encore y avoir un ancrage de ces jeunes. Mais sur d’autres points, on va voir des adolescents en perdition, souvent fugueurs, qui vont accepter de charbonner via Telegram aux quatre coins de la France.  […]

Le Progrès

 

Extrait de: Source et auteur

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