Décarboner la France nécessiterait d'y consacrer 66 milliards d'euros par an, soit 44% de déficit supplémentaire, selon le rapport Pisani-Ferry - Mahfouz commandé par le président de la République et qui lui a été remis en mai 2023.
Pour quel bénéfice?
La France est responsable de seulement 0,8% des émissions mondiales. [...] Selon les chiffres du GIEC, le "bénéfice" de sa décarbonation serait ainsi d'éviter un "réchauffement" annuel de la Terre de
0,007°C x 0,8% = 0,00056°C
Le livre de François Gervais pourrait s'arrêter là, mais ce physicien éminent, qui, entre autres titres, est expert reviewer pour les rapports AR5 et AR6 du GIEC, entend remettre en cause quelques autres idées reçues. Exemples:
- Il n'y a pas de consensus scientifique: la dispersion des modèles de climat sur lesquels se base le GIEC atteint une fourchette d'incertitude de 500%.
- La fraction de CO2 d'origine anthropique est de l'ordre de seulement 5% dans l'atmosphère.
- Le modeste "réchauffement" depuis le début du XXIe siècle est en fait imputable à la modification de la couverture nuageuse... et non pas au CO2.
Le scientifique souligne le glissement sémantique de la doxa: on est passé du réchauffement climatique au changement climatique1, puis de celui-ci au dérèglement climatique, expression qui, sans le refus du Sénat, aurait figuré dans la Constitution...
Il a beau jeu de dire:
Bien pratique pour dire tout et son contraire apparaît ce concept de dérèglement puisque, comme ironisait Gustave Flaubert, il se doit d'être exceptionnel, sans qu'il soit besoin de préciser selon quelle règle.
Il cite un article de Richard Lindzen publié sur Net Zero Watch avec John Christy:
Faire la moyenne du Mont Everest et de la mer Morte n'a aucun sens. On fait la moyenne de ce qu'on appelle l'anomalie de température, celle des écarts par rapport à une moyenne sur 30 ans. Elle montre une augmentation d'un peu plus de 1°C sur 175 ans. Les bureaucrates internationaux nous disent que si elle atteint 1,5°C nous sommes condamnés [...]. Les affirmations visent seulement à effrayer le public et à l'amener à adopter des politiques absurdes. Je ne comprends toujours pas pourquoi le public devrait avoir peur d'un réchauffement inférieur au changement de température que nous ressentons quotidiennement entre le petit déjeuner et le déjeuner...
Le rôle du CO2, qu'il soit d'origine anthropique ou naturelle, est modeste, + 0,4°C en 175 ans (comme le montre l'analyse du spectre infrarouge de l'atmosphère), sur un réchauffement total de +1°C. Quel en est donc le moteur principal? Sans surprise (sauf pour les bureaucrates internationaux), le soleil.
Quelles sont les conséquences de l'inculture scientifique? Exemples:
- La limitation de l'élevage bovin, parce que sont confondus potentiel de réchauffement et effet de serre du méthane dont les évolutions sont inverses, hyperbolique et logarithmique.
- L'écoanxiété entretenue par la peur:
- du CO2 d'origine anthropique dans l'atmosphère, présenté comme le seul responsable du modeste réchauffement actuel et qui devrait, selon des scénarios catastrophistes, démentis par les observations, augmenter considérablement;
- de la pollution atmosphérique, alors que l'air est bien plus pur dans les grandes villes européennes que dans les années 1950;
- de l'élévation du niveau des mers, qui, mesurée par les marégraphes, est de l'ordre du mm par an;
- de l'augmentation des catastrophes naturelles, démentie par les faits et par les... assureurs.
La peur du CO2 se justifie d'autant moins que, comme le rappelle François Gervais, le carbone n'est pas un polluant mais un fertilisant:
Combiné principalement à l'hydrogène, à l'oxygène et à l'azote, le carbone forme les molécules sans lesquelles aucune vie humaine, animale ou végétale ne saurait exister.
Il précise plus loin:
Un tiers de nos émissions, soit 12GTCO2 / 36GTCO2, enrichissent la biomasse végétale.
La biomasse supplémentaire (7% par décennie), qui en résulte, ne peut qu'être favorable à la biodiversité.
Alors? Il n'y a pas de véritable crise climatique. Aussi faut-il revenir au climat réel, aux plus de 4000 travaux publiés dans des revues internationales à comité de lecture, ignorés par les rapports du GIEC parce que contraires à son alarmisme et à son climat virtuel.
Il faut revenir à la science dont les vertus cardinales se déclinent en scepticisme et en innovation.
François Gervais indique des pistes pour produire de l'énergie pilotable (au contraire des intermittentes, dont le bilan écologique est contestable) sans laquelle pauvreté, faim et maladies ne peuvent être combattues et sans laquelle il n'y a pas de prospérité:
- ne pas s'interdire l'usage d'énergies fossiles dont l'impact sur le climat est minime, sans oublier que pétrole et gaz ne sont pas seulement consumés mais transformés;
- construire des réacteurs nucléaires de quatrième génération;
- explorer la voie de fusion nucléaire.
Comme Richard Lindzen et William Happer titrent leur texte publié sur le site CO2 Coalition: Les politiques zéro carbone auront un effet insignifiant sur la température mais des effets désastreux sur les populations dans le monde.
Francis Richard
1 - Le climat change, comme il a toujours changé.
Il n'y a pas d'apocalypse climatique, François Gervais, 192 pages, L'Artilleur
Livres précédents:
L'innocence du carbone, 320 pages, Albin Michel (2015)
L'urgence climatique est un leurre, 304 pages, L'Artilleur (2019)
Impasses climatiques, 304 pages, L'Artilleur (2022)
Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard.
Et vous, qu'en pensez vous ?