La pensée de Thomas Sowell à travers « Ever Wonder Why ? »

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Thomas Sowell, économiste et penseur influent, est reconnu pour ses critiques incisives des politiques publiques et des dynamiques sociales de son époque. Nos nombreux billets sur l’auteur peuvent témoigner de la pensée prolifique dont il aura nourri ses contemporains.

À travers ses ouvrages, il aborde plusieurs thèmes clés, notamment la concurrence entre les groupes, les échecs de la discrimination positive, et le rôle des tiers-parties dans la formation des politiques publiques. Nous avons décidé de laisser aux lecteurs l’opportunité de découvrir sa pensée.

La concurrence entre groupes et les modes de vie

Sowell aborde la question de la concurrence entre groupes et de la mobilité sociale avec une perspective nuancée, souvent en contraste avec les récits dominants. Il remet en question la notion selon laquelle les barrières de classe seraient les principales responsables de l’immobilité sociale. Selon lui, la capacité de réussir est largement influencée par les attitudes, les compétences et les valeurs individuelles plutôt que par des obstacles structurels inévitables.

Il observe que, même s’ils arrivent souvent avec peu de ressources financières, les immigrants réussissent fréquemment à progresser dans l’échelle sociale en raison de leurs valeurs de travail, d’éducation et de persévérance. Il cite l’exemple des immigrants qui, malgré des débuts modestes, parviennent à atteindre des positions élevées grâce à leur éthique de travail et à leur détermination. Cela suggère que les obstacles économiques ne sont pas insurmontables et que les réussites individuelles peuvent souvent dépasser les attentes des obstacles perçus :

« Si notre société est une société de classes qui refuse l’accès à la mobilité ascendante à ceux qui sont au bas de l’échelle, comment se fait-il que les immigrants puissent arriver ici au bas de l’échelle et s’élever ensuite jusqu’au sommet de l’échelle ? »

Sowell critique également l’impact de l’État-providence et du multiculturalisme sur la mobilité sociale. Il soutient qu’en renforçant la dépendance et en valorisant des identités culturelles distinctes sans encourager l’intégration ou le développement personnel, ces systèmes peuvent en réalité freiner la capacité des individus à progresser. En effet, il estime que ces politiques réduisent les incitations à adopter les comportements et les attitudes qui sont souvent associés à la réussite économique :

« L’État-providence et le multiculturalisme réduisent tous deux les incitations des pauvres à adopter de nouveaux modes de vie qui les aideraient à s’élever dans l’échelle économique. »

En définitive, Sowell argumente que les véritables obstacles à la mobilité sociale sont souvent liés à des facteurs culturels et comportementaux, plus qu’à des barrières systématiques ou structurelles.

 

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Les échecs de la discrimination positive

Sowell aborde la discrimination positive avec une critique sévère, soulignant ses effets indésirables et ses échecs à résoudre les inégalités qu’elle prétend combattre. Il argumente que la discrimination positive, bien qu’intentionnée pour aider les groupes marginalisés, peut avoir des conséquences contre-productives. En imposant des normes réduites ou des quotas, ces politiques peuvent créer des stigmates, diminuer les attentes et encourager une dépendance qui nuit à l’autonomisation réelle des individus.

Il remet en question la validité de créer des exceptions aux normes rigoureuses dans les institutions éducatives et professionnelles, notant que cela peut engendrer une perception de moindre compétence et alimenter des stéréotypes négatifs :

« Après m’être opposé à la thèse de l’infériorité raciale dans divers écrits au fil des ans, j’ai, dans mon propre enseignement, imposé aux étudiants noirs les mêmes normes qu’aux étudiants blancs, bien que tous les étudiants noirs n’apprécient pas ce type d’égalité. »

Sowell suggère que la discrimination positive peut également masquer des inégalités sous-jacentes et limiter les opportunités pour ceux qui, malgré leurs efforts, ne bénéficient pas de telles mesures. Il voit dans ces politiques une manifestation du « double standard » qui, loin de résoudre les problèmes, peut en réalité perpétuer les inégalités en créant des attentes inégales :

« Beaucoup de ceux qui prônent le double standard pour les Noirs semblent convaincus que les Noirs ne peuvent pas atteindre ce que les Blancs ont atteint. C’est une partie de l’horrible secret qui se cache derrière la discrimination positive. »

Sowell plaide pour une approche basée sur la méritocratie et l’effort individuel, plutôt que sur des ajustements arbitraires qui peuvent nuire à la qualité et à l’intégrité des institutions.

 

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Le rôle des tiers-parties dans les politiques publiques

Un autre thème central dans les écrits de Sowell est le rôle des tiers-parties dans la formulation des politiques publiques. Il critique la tendance des politiques gouvernementales à être influencées par des « fouineurs » ou des intervenants qui imposent des réglementations et des décisions sans en assumer les coûts ou les conséquences réelles :

« L’attrait fatal du gouvernement est qu’il permet à des fouineurs d’imposer des décisions à d’autres sans en payer eux-mêmes le prix. »

Sowell soutient que cette dynamique conduit souvent à des politiques inefficaces, car ceux qui créent et imposent des réglementations n’en supportent pas directement les conséquences négatives. Cette absence de responsabilité personnelle engendre des décisions qui peuvent être coûteuses et nuisibles pour les personnes directement affectées par ces politiques :

« La vie de millions de personnes est détériorée d’innombrables façons, afin qu’une poignée relative de fouineurs puisse se sentir importante et supérieure. Les prix artificiellement élevés des terrains dans les endroits où les fouineurs règnent politiquement, basés sur des restrictions d’utilisation des terrains, font du coût du logement un fardeau écrasant pour les personnes aux revenus moyens. »

Sowell critique également le fait que les interventions gouvernementales sont souvent motivées par des intérêts politiques ou idéologiques plutôt que par des considérations pratiques et économiques, ce qui peut mener à des résultats désastreux pour les citoyens ordinaires.

 

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L’impact des croyances et des idéologies

Enfin, Sowell met en lumière comment les croyances et les idéologies peuvent influencer négativement les politiques publiques, souvent en étouffant les faits et en favorisant l’ignorance. Il affirme que les politiques basées sur des croyances idéologiques plutôt que sur des preuves tangibles peuvent avoir des effets dévastateurs :

« Nous avons atteint le point dangereux où l’ignorance peut faire taire la connaissance et où les faits sont étouffés par les croyances. »

Sowell critique les idéologies qui privilégient les sentiments et les croyances personnelles sur les données objectives, ce qui peut conduire à des politiques mal informées et contre-productives. Selon lui, cette tendance à ignorer les faits au profit des convictions idéologiques crée des obstacles à des solutions efficaces et éclairées aux problèmes sociaux et économiques. Lorsque les décideurs politiques s’en remettent à des croyances idéologiques plutôt qu’à des analyses fondées sur des preuves, ils risquent de concevoir des politiques qui sont non seulement inefficaces, mais qui peuvent également aggraver les problèmes qu’elles sont censées résoudre.

Un exemple frappant de cette dynamique est la manière dont certaines politiques sociales sont élaborées. Souvent, des programmes sociaux sont créés sous l’impulsion d’une vision idéalisée du monde, où les intentions sont nobles mais les conséquences sont ignorées ou mal comprises. Par exemple, Sowell critique les politiques de redistribution qui, bien qu’elles soient motivées par un désir de justice sociale, peuvent en réalité créer des dépendances et décourager l’initiative individuelle. Il soutient que ces politiques, basées sur des idéaux égalitaires, échouent à reconnaître les dynamiques économiques complexes qui sous-tendent la création de richesse et la mobilité sociale.

« L’esclavage était une activité laide et sale, mais des personnes de pratiquement toutes les races, couleurs et croyances l’ont pratiqué sur tous les continents habités. Et ceux qu’elles réduisaient en esclavage étaient également de pratiquement toutes les races, couleurs et croyances. »

Cette citation illustre une autre facette de la critique de Sowell : l’interprétation historique biaisée par l’idéologie. Il met en lumière la manière dont l’histoire peut être déformée pour servir des agendas idéologiques contemporains. Par exemple, il critique le mouvement des réparations pour l’esclavage, qui, selon lui, repose sur une vision simpliste et réductrice de l’histoire. Il rappelle que l’esclavage n’était pas une pratique unique aux Européens ou aux Américains, mais un phénomène mondial impliquant de nombreuses cultures et peuples. En se concentrant uniquement sur l’esclavage des Noirs par les Blancs, les partisans des réparations occultent des aspects essentiels de l’histoire et créent un narratif qui, selon lui, ne sert qu’à diviser davantage les sociétés contemporaines.

Sowell soutient également que cette tendance à privilégier les croyances idéologiques sur les faits empiriques conduit à une polarisation croissante de la société. Les débats publics deviennent de plus en plus enracinés dans des positions idéologiques rigides, rendant difficiles tout compromis ou toute solution pragmatique. Dans ce contexte, les politiques publiques deviennent des outils pour imposer des visions du monde plutôt que pour résoudre des problèmes réels. Cette polarisation est aggravée par le fait que les opinions dissidentes sont souvent marginalisées ou disqualifiées comme étant moralement inférieures, ce qui limite la diversité des idées et la possibilité de débats constructifs :

« Les personnes qui ne se donnent pas la peine de s’intéresser aux deux faces des problèmes ne devraient pas se donner la peine de voter. »

Ainsi, Thomas Sowell critique une approche unidimensionnelle des problèmes complexes, où les solutions sont souvent simplifiées à l’extrême pour correspondre à des préjugés idéologiques. Pour Sowell, une telle approche est non seulement irresponsable, mais aussi dangereuse, car elle peut conduire à des politiques qui nuisent aux individus qu’elles sont censées aider.

Conclusion

À travers ses écrits, Thomas Sowell offre une critique approfondie et souvent controversée des politiques publiques et des dynamiques sociales contemporaines. En abordant la concurrence entre groupes, les échecs de la discrimination positive, le rôle des tiers-parties et l’impact des croyances idéologiques, Sowell invite à une réflexion critique sur les mécanismes qui sous-tendent les décisions politiques et économiques. Son travail nous rappelle l’importance d’une analyse rationnelle, factuelle et sans préjugés dans la formulation des politiques publiques et la prise de décision économique.

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