L’Esprit d’un homme, de Jon Ferguson

Francis Richard
Resp. Ressources humaines
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Nous devrions remercier ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. Ils sont comme de petits moteurs qui nous permettent de voler et de s'éloigner de plus en plus haut.

C'est une des pensées que Jon Ferguson propose en dessert d'un livre philosophique, à déguster comme un menu, écrit en quatre jours, grâce au miracle de l'informatique, par un homme qui ne se dit pas philosophe:

Pour ce faire, j'ai parcouru toutes mes chroniques et choisi des passages...

 

Pour dire vrai, il n'y a pas de ma part de désaccord avec tout ce que dit cet auteur de ma génération. Commençons par quelques points d'accord avec lui et donc quelques citations:

  • Je ne comprends pas pourquoi les Russes sont les seuls à être montrés du doigt, sanctionnés et boycottés. (2022)
  • Pourquoi en 2023 parle-t-on encore de "race"? La réponse est simple: parce que nous sommes une espèce primitive, simpliste et stupide.
  • Le coronavirus veut notre mort. Le médiavirus veut faire de nous tous des crétins. (30 mars 2020)
  • La liberté totale est un mythe.
  • [L'homme] fait partie de la nature, une partie étrange et mystérieuse comme toutes les autres créatures.

(L'homme toutefois se distingue de toutes les autres créatures par sa créativité, son inventivité.)

 

Citons quelques points de désaccord qui révèlent L'Esprit d'un homme davantage que de longs développements, même si j'ai bien conscience que toute citation brève est réductrice:

  • Je crois que l'existence n'a pas de sens intrinsèque.
  • Il n'y a pas de cause première. Il n'y a pas de dieu. Il n'y a pas de libre arbitre.

(Malgré les obstacles qu'il a rencontrés dans la manifestation des libertés, l'Occident a créé vraisemblablement la civilisation la plus libre de toutes celles qui ont existé et c'est l'attachement de ces peuples occidentaux à leur libre arbitre et à leurs libertés qui ont permis l'essor exceptionnel de ce continent, qui a ensuite bénéficié au monde entier. Jean-Philippe Delsol, dans Civilisation et libre arbitre.)

  • Je crois qu'aucun être humain [...] n'est libre de faire autre chose que ce qu'il fait. L'existence est juste ce qu'elle est... ni libre ni déterminée.

(Les neurosciences nous apprennent que l'homme est à la fois libre et déterminé...)

  • Nous éliminons sans remords des centaines d'araignées et de serpents, alors pourquoi ne pas faire disparaître une personne autrement plus dangereuse qu'un reptile.

(Les neurosciences nous apprennent que le cerveau humain est apte à:

  • classer les choses comme belles ou laides,
  • distinguer le vrai du faux aussi bien dans les éléments matériels que dans la pensée,
  • discerner le bien et le mal,1

que l'être humain est donc responsable de ses actes, ce qui justifie qu'il ne soit pas éliminé comme une autre créature quand on le considère comme irrécupérable.)

 

Quand l'auteur pose la question qui suit, et qui en entraîne une autre, il lui donne une réponse implicite puisqu'il est de ceux qui ne croient pas que l'existence ait un sens et que c'est bien ainsi:

Qui serait susceptible d'"apprécier" le plus l'existence? Ceux qui croient à l'explication théologique, ceux qui croient à l'explication scientifique, ou ceux qui croient à aucune explication?

Les explications théologique et scientifique me conviennent très bien et, c'est ma seule certitude, je trouve que, toute imparfaite qu'elle est et toute cruelle qu'elle puisse être parfois, l'existence est une merveille qui m'enchante chaque jour que Dieu fait.

 

D'être en désaccord avec l'auteur ne me chagrine pas, au contraire. J'ai eu du plaisir à le lire. De plus, cela m'a aidé à comprendre pourquoi ne sont pas si nombreux que ça de nos jours ceux qui ont la vision du monde qui est mienne.

 

Francis Richard

 

1 - Voir mon article sur Ce que l'homme doit à son chromosome Y, le livre du Pr René Écochard.

 

L'Esprit d'un homme, Jon Ferguson, 272 pages, Éditions de l'Aire

 

Livres précédents chez Olivier Morattel Éditeur:

La dépression de Foster (2013)

La Bête (2015)

Les joyaux de Farley (2016)

 

Livre précédent chez Dashbook:

"2020" Réflexions (2021) (traduit de l'américain par Valérie Debieux)

 

Livre précédent chez Favre:

Mon ami Pierre (2023)

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard.

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