Burkini : une proposition de loi pour l’interdire sur toutes les plages françaises

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L’été 2023 n’échappe pas au feuilleton des tenues islamiques sur les plages. Le 1er août, le maire RN de Fréjus, David Rachline, a pris un arrêté municipal interdisant le port de tenues couvrantes et amples sur les plages de sa commune. Pour appuyer son décret, l’édile invoque la « sécurité des baigneurs », selon lui menacée par le maillot de bain cinq pièces. L’interdiction exposait les récalcitrants à une amende de 135 euros, et ce, jusqu’au 17 septembre 2023. La ligue des droits de l’homme, qui veille au grain, conteste cette décision en déposant un référé liberté qui a eu raison de l’initiative. L’arrêté a été cassé par le tribunal administratif de Toulon, trois jours seulement après son entrée en vigueur. 

C’est une scène en trois temps qui se répète tous les ans. Fréjus n’en est d’ailleurs pas le seul théâtre. Dans les Alpes-Maritimes, Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule a ouvert le bal 2023 dès le 7 juillet dernier. Chaque année depuis 2012, le document encadre la tenue de baignade. Il anticipe, à l’approche de l’été, un arrêté similaire pour sa ville pendant la période estivale. Mais c’est sans compter sur l’intervention de la même Ligue des droits de l’Homme, qui en appelle à la justice.

Dans un premier temps, l’arrêt de Sébastien Leroy est confirmé par le tribunal administratif qui rejette le 7 juillet recours de la Ligue des Droits de l’homme datant de début juin. Pour le juge des référés, cette décision avait la double vertu de « prévenir les « troubles à l’ordre public sans porter atteinte grave et manifestement illégale aux libertés », dans un contexte actuel de « cohabitation particulièrement tendue interreligieuse et intercommunautaire. »

A chacun ses « Droits de l’Homme » ?

De son côté, Sébastien Leroy fustige le comportement « de cette ligue » qu’il estime « de plus en plus déconnectée » des principes de la déclaration universelle. « Par essence, les « Droits de l’Homme » se conjuguent assez mal avec l’islam radical », dénonçait-il alors.

Coup de théâtre quelques semaines plus tard, puisque le l’arrêt était finalement annulé par le conseil d’Etat le 17 juillet dernier. « La République vient, à nouveau, de céder face au communautarisme et à l’Islamiste » dénonçait alors Sébastien Leroy.

La ville voisine de Cannes avait été la première à soumettre l’accès des plages à une réglementation, en s’appuyant sur la possibilité de troubles à l’ordre public. « Des altercations entre plusieurs femmes habillées (…) et des baigneurs avaient appuyé la légitimité de l’arrêté. »

La justice peut-elle changer de camp ?

Des arrêtés municipaux identiques se succèdent et reviennent chaque été. A Nice, Cannes, Villeneuve Loubet, au Cap d’Ail, les tentatives des premiers édiles sont toujours restées vaines. Si bien que jamais, la laïcité ne parvient à s’imposer.

Si tous ces arrêtés évoquent des questions de sécurité et d’hygiène, c’est bien que ce sont là les seules compétences des maires. Le principe de laïcité, pour sa part, ne concerne pas les bâtiments et équipements communaux. Le maillot islamiste est interdit dans le règlement intérieur de certaines piscines municipales pour des raisons d’hygiène, au même titre que la combinaison de plongée par exemple.

En 2016 déjà, plusieurs maires de la Côte-d’Azur réclamaient une loi après avoir vu le conseil d’Etat contredire leurs arrêtés municipaux. Pour mettre un terme à cette situation et au « cas par cas », Alexandra Martin, députée LR des Alpes Maritimes, a déposé une proposition de loi visant à interdire le port du maillot islamiste sur les plages de l’Hexagone.

Le texte destiné à « essayer de faire avancer les choses » a été corédigé avec Sébastien Leroy, « pour répondre à son appel au législateur » explique Alexandra Martin. Il vise à combler un vide juridique qui induit une ambiguïté autour de la laïcité, sur un point précis. Pour Sébastien Leroy, « il est temps que les valeurs de la République soient défendues par le législateur autrement que par de vains discours.» 

Le burkini contre la République 

Selon elle, les « différentes approches de laïcité » donnent lieu à des débats et des contradictions autour de la réglementation. Aussi la liberté de pratiquer sa religion est-elle invoquée à gauche pour légitimer le port du maillot de bain inspiré du voile islamique.

Le conseil d’Etat estimait d’ailleurs que l’arrêté de Mandelieu-La-Napoule portait atteinte à « la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ». Pourtant « le burkini n’est pas un habit religieux, mais un outil politique de prosélytisme de l’islamisme radical », conteste la députée.

Même son de cloche dans le Var, où la députée RN de Fréjus, Julie Lechantreux, admet « ne pas bien comprendre la décision » du tribunal administratif de Toulon. L’élue du Rassemblement National, salue « des arrêtés de bon sens » à Mandelieu et Fréjus face aux « revendications religieuses ». Sur ce point, les deux partis s’accordent. A Fréjus comme à Mandelieu, les maires LR et RN accusent un coup porté à la laïcité.

De l’émancipation des femmes

Le burkini semble anachronique « à l’heure où des milliers de femmes se battent pour leur libération du voile, notamment dans des pays islamique » pour Alexandra Martin qui y voit un « signe d’asservissement de la femme. »

La parlementaire prévient, céder sur le burkini, c’est aussi fermer les yeux face à un « islam radical » qu’on laisse progresser, et dont l’influence se renforce. Un processus qui affermit son emprise sur les femmes. En 2016, à Marseille, une association « socioculturelle, sportive et d’entraide pour femmes » des quartiers nord interdisait le bikini, et invitait les femmes à venir en burkini pour une sortie piscine.

Julie Lechantreux rappelle qu’ « aujourd’hui, certaines femmes sont regardées de travers pour porter le bikini ». Sur certaines plages de la cité phocéenne, il a fallu installer une application pour mettre en contact les femmes harcelées avec des médiateurs -voire la police- alertés en temps réel et dépêchés sur place. Le dispositif safer a été mis en place face au harcèlement croissant de femmes en maillot de bain. En 2021, un sondage YouGouv révélait qu’une femme sur trois a été victime de harcèlement au moins une fois sur la plage. L’an passé, deux adolescentes de 16 ans ont été insultées et visées par des pierres à la plage.

 

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