Les pièges de la laïcité et, plus généralement, de « l’homme abstrait »
Louis Jämes: L'importance, la place de nos racines:
« Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir. C’est une illusion dangereuse de croire qu’il y ait même là une possibilité. L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde. L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien, c’est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner, il faut posséder et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l’âme humaine, il n’y en a pas de plus vital que le passé. »
L’Enracinement, le livre de Simone Weil publié par Camus après-guerre
« La patrie, loin d’être un absolu fantasmé, est une chose temporelle et terrestre, un moyen parmi d’autres (le syndicat, la corporation, la région) qui permet d’atteindre ce « besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine » qu’est l’enracinement. »
Simone Weil, prophète pour notre temps Eugénie Bastié - 9 février 2014
Pour faire d'un potentiel Mowgli un être humain adulte complet et sain, appartenant à une famille, une civilisation, un pays particulier, toutes sortes « d'ingrédients » sont nécessaires. L’enracinement en fait partie contrairement aux délires des intellectuels prônant l'avènement d'un homme abstrait universel. Un tel personnage n'a jamais existé et n'existera jamais, si ce n'est sous une forme d'ébauche ratée – et toujours en péril – comme un clone d'un citoyen de Corée du Nord.
Mais actuellement, en Occident, il y a péril en la demeure à ce sujet car quasiment tout homme cultivé occidental se dira partisan de la laïcité, d'un état laïque.
Mais cela va-t-il vraiment de soi ?
N'y a-t-il pas là un piège mortel pour la survivance de la civilisation phare de l'humanité, à savoir la civilisation judéo-gréco-romano-chrétienne ?
La réponse est OUI, le concept de laïcité est assimilable à de véritables sables mouvants dont il est impossible de s'extraire si on s'y engage.
En effet, « Il n'y a point d'homme dans le monde. J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes; je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être Persan; mais quant à l'homme je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie; s'il existe c'est bien à mon insu. » Considérations sur la France (1796) de Joseph de Maistre.
Ainsi, la laïcité est par essence un concept abstrait, inconsistant ne comportant rien d'humain. Tout humain, quel qu'il soit, a des croyances. D'ailleurs, les ennemis de la civilisation phare susmentionnée en sont conscients et utilisent ce concept pour acculer cette merveilleuse civilisation à sa perte.
Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de pays laïque, c'est un véritable nègre blanc.
Au nom du concept de la laïcité, les ennemis de la société occidentale vont sommer sans arrêt cette société de faire disparaître les signes chrétiens de l'espace public [à moins d'autoriser en contrepartie ceux des autres religions], ce combat est sans fin et perdu d'avance.
Pourquoi en va-t-il ainsi ?
Tout simplement parce qu'un homme abstrait, désincarné, n'a jamais existé et n'existera jamais n'en déplaise aux idéologues mondialistes et consorts.
« À Rome fais comme les Romains »
Littéralement : « Si tu es à Rome, vis comme les Romains ; si tu es ailleurs, vis comme on y vit. Cette citation fait référence au voyage de saint Augustin à Rome, où, comme il décrit dans la lettre 54 à Januarius, il s'est accoutumé aux usages.
https://fr.wiktionary.org/wiki/%C3%A0_Rome,_fais_comme_les_Romains
Tout être humain est un être incarné résultant de siècles et de siècles de turpitudes diverses,
Benjamin Disraeli (1804-1881, homme politique et auteur britannique) avait ironisé à ce sujet au Parlement anglais: « oui, je suis un juif et quand les ancêtres du très honorable gentleman étaient des sauvages brutaux dans une île inconnue, les miens étaient prêtres dans le temple de Salomon. »
Dans un tout autre contexte, Oriana Fallaci avait trouvé une formule très parlante permettant de relier son propre enracinement à son incroyance religieuse.
Elle s'était définie comme étant une athée chrétienne.
Par là, elle voulait dire qu'elle était athée (elle ne croyait pas en l'existence d'un dieu quel qu'il soit) mais se ressentait – viscéralement, intellectuellement, existentiellement – comme une personne issue de la civilisation chrétienne, engendrée, façonnée par elle.
Le corollaire de tout cela est simple, en prônant la laïcité, la civilisation phare de l'humanité, jette le bébé avec l'eau du bain, elle se tire une balle dans le pied, dans le cœur.
Ses ennemis – musulmans et gauchistes avant tout – approuvent et surenchérissent. Si les signes chrétiens sont tolérés alors les signes de l'islam doivent l'être aussi.
Que faut-il faire pour s'extraire de cette impasse existentielle ?
Il n'y a qu'une et une seule manière de s'en sortir, il faut revendiquer haut et fort une laïcité chrétienne, à l'exclusion de toute autre forme de laïcité.
Cette laïcité chrétienne, interdirait TOUT signe religieux non chrétien dans l'espace public et au contraire, favoriserait, promouvrait TOUT signe religieux chrétien dans l'espace public.
Au diable, tous les cris d'orfraies des ONG, des cours des droits de l'homme.
Comme nous l'avons vu, sur toute la planète, depuis la nuit des temps, la chimère d'un pays laïque n'a jamais vu le jour. Par conséquent, ici et maintenant, chez nous, nous nous trouvons dans un pays, une contrée, qui, après des péripéties innombrables, s'est constitué en tant que pays de culture chrétienne, c'est ainsi, un point c'est tout. Tout comme la Mecque appartient à un pays, une contrée de culture musulmane.
Toute personne qui ne reconnaît pas cette évidence et ne s'y soumet pas n'a rien à faire ici et devrait être expulsée sans délai.
G. K. Chesterton explique magistralement cet aspect incontournable de la condition humaine :
« On pourrait définir la tradition comme une extension du droit de vote au passé. Elle consiste à accorder le droit de suffrage à la plus obscure de toutes les classes, celle de nos ancêtres. C'est la démocratie des morts. La tradition refuse de se soumettre à la petite oligarchie arrogante de ceux qui ne font que se trouver par hasard sur terre. »
Et vous, qu'en pensez vous ?