Soumis à la pression démographique et à une pénurie de soignants encore plus sévère qu’en métropole, le système de santé du 101ᵉ département français est l’objet d’un bras de fer inédit : des collectifs de Mahoraises bloquent depuis plusieurs semaines l’accès des Comoriens aux structures de soins.
Vendredi 26 mai, le soleil n’avait pas encore atteint son zénith que l’atmosphère était déjà brûlante au dispensaire de santé de Jacaranda, sur les hauteurs de Mamoudzou, la capitale économique de Mayotte. De part et d’autre de la route, deux groupes de femmes : les unes, comoriennes pour la plupart, veulent accéder à la pharmacie centrale attenante au dispensaire ; les autres, mahoraises, ne veulent pas de leur présence ici. Elles portent les mêmes boubous, parlent souvent la même langue, vivent sur la même île, mais tout les sépare.
[…] Une migrante comorienne, Kamladi (les personnes citées par leur seul prénom ont souhaité rester anonymes) se faufile discrètement, récupère les médicaments que son fils épileptique attend depuis trois jours et dont sa fille asthmatique a besoin au quotidien : « Elles ne veulent pas que je vienne parce qu’elles disent que je vole la place des Français. Mais nous ne sommes pas venus ici pour souffrir, juste pour nous soigner. »
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