Mosquée de Paris contre Houellebecq : la charge de Michel Onfray, Valeurs Actuelles, 03.01.2023

L’ACTU DU JOUR

Mosquée de Paris contre Houellebecq : la charge de Michel Onfray

« Les propos incriminés procèdent d’une citation et plus précisément d’une citation sortie de son contexte avec une subtilisation d’une partie de la phrase sans aucun signe typographique la signalant. […] C’est dire si cette phrase ne saurait être incriminée telle quelle à Michel Houellebecq ! » Michel Onfray dénonce une déformation des propos de l’écrivain par le recteur de la mosquée de Paris, le chef religieux ayant décidé de porter plainte pour “provocation à la haine contre les musulmans” contre Houellebecq à la suite de ses propos publiés dans la revue Front populaire.
Michel Onfray continue : « Chacun convient qu’avec l’orthographe, la grammaire, la syntaxe, la ponctuation, on peut tout dire et tout faire dire. Jadis, à l’école primaire, on nous apprenait la différence entre : “le maître, dit l’élève, est un âne” et “le maître dit : l’élève est un âne”. Où l’on voit qu’une virgule peut envoyer un homme à la guillotine. Ajoutons à cela que cette phrase est la retranscription d’un dialogue, que cet échange a duré six heures, que nous avons pris le parti de ne rien corriger d’autre que ce qui était grammaticalement fautif, et ce afin d’éviter une réécriture totale de l’entretien. C’est de l’oral écrit dont nous avons souhaité qu’il ne soit pas de l’oral réécrit. Comme dans une conversation, une certaine imprécision s’ensuit, c’est inévitable. »
Enfin, sur le fond, il déclare comprendre « qu’une partie de musulmans puisse être blessée si elle n’a pas le souhait de dialoguer, d’échanger, de débattre [...] et qu’elle préfère juger, sinon condamner ». Le directeur de Front populaire voit dans cette plainte une atteinte à la liberté d’expression et déplore la judiciarisation de notre société : « Je crois aux débats intellectuels, même vifs, mais pas aux prétoires où les arguties des avocats ne se soucient guère de vérité, de justesse et de justice. » Il espère que cet événement ne se reproduira pas : « Le temps de l’Inquisition est derrière nous, veillons à ce qu’il ne redevienne pas d’actualité. »